L’Encyclopédie/1re édition/LASER

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LASER, (Bot. mod.) V. Laserpitium. Ce genre de plante ombellifere est appellé laserpitium par les Botanistes, & c’est d’une plante semblable qu’on tire en Perse l’assa fœtida des boutiques. Tournefort compte quatorze especes de laser, & Boërhaave seize. Nous décrirons dans ce nombre celle de Marseille, qui est la plus commune : on l’appelle laserpitium gallicum massiliense.

Elle pousse une tige haute ressemblant à celle de la péruse, cannelée, noueuse & fongueuse ; ses feuilles sont disposées en aîles fermes, charnues, roides, divisées & subdivisées en lobes, garnies par derriere de quelques poils rudes ; ses sommets soutiennent de grandes ombelles de fleurs disposées en rose, & composées de cinq pétales faits en cœur, & arrangés circulairement autour du calice. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des graines assez grandes, bossues, jaunâtres, odorantes, jointes deux à deux, & garnies chacune de quatre aîles feuillues ; sa racine est longue, d’un gris cendré en-dehors, blanche en-dedans, molle, grasse, succulente & odorante. Cette plante croît en Provence, comme aux environs de Marseille ; sa racine passe pour atténuante & résolutive, mais elle est de peu d’usage. (D. J.)

Laser, (Bot. anc.) la plante de Cirene, de Perse, de Médie & d’Arménie, que les Grecs nommoient silphium, & les Latins laserpitium, répandoit de sa tige & de sa racine un suc précieux appellé ὠπος par excellence, c’est-à-dire le suc des sucs, ou simplement ὠπος σιλφίου, le suc du silphium ; & les Latins donnerent à ce suc le nom de laser. M. Geoffroy paroît convaincu que le silphium, le laser, le suc cyréniaque, le suc de Médie, le suc d’Arménie, le suc de Perse des anciens, & l’assa fœtida des modernes, ne font point des sucs de différens genres, ou du-moins qu’il y a peu de différence entr’eux. Voyez là-dessus Assa fœtida & Silphium. (D. J.)

Laser, (Mat. med.) L’opinion commune où l’on est que les mêmes choses qui nous paroissent aujourd’hui agréables ou desagréables au goût ou à l’odorat, doivent avoir toûjours fait le même effet sur tous les autres hommes, est cause qu’on a cru dans ces derniers siecles avoir perdu le silphium ou le laser, drogue qui entroit dans plusieurs compositions medicinales des anciens, & même dans plusieurs de leurs ragoûts. On sait qu’il y avoit anciennement de deux sortes de laser, l’un qui croissoit en Cyrene, qui étoit le plus cher & de la meilleur odeur ; l’autre qui venoit de Syrie ou de Perse, qui étoit le moins estimé & d’une odeur plus puante. On ne trouvoit déjà plus du premier du tems de Pline, qui tâche de rendre raison du manquement de cette drogue ; mais on avoit abondamment du second, & les Medecins ne faisoient pas difficulté de s’en servir au défaut de l’autre. Presque tous ceux qui ont écrit de la matiere médicinale depuis un siecle ou deux, ont soutenu qu’on ne connoissoit plus ni les plantes qui produisoient ce suc, ni ce suc lui-même ; cela peut être véritable à l’égard du laser de Cyrene : mais Saumaise croit que toutes les marques de celui de Syrie se rencontrent dans cette espece de gomme qu’on appelle assa fœtida, le mot assa ou asa ayant été tiré du vieux mot laser. Leclerc, Histoire de la Medecine. Voyez Assa fœtida. (m)