L’Encyclopédie/1re édition/HARPASTON

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 56).
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HARPASTON, s. m. (Gymnast.) sorte de jeu de balle fort en vogue chez les anciens ; ce mot est dérivé d’ἁρπάζω, j’arrache, parce que dans ce jeu on s’arrachoit la balle les uns des autres. Cet exercice recevoit plusieurs autres noms grecs qu’il est inutile d’étaler ici ; il suffit de dire qu’il étoit très-fatiguant & très-propre à fortifier tout le corps. Athénée lui donnoit la préférence sur tous les autres jeux qui sont du ressort de la sphéristique.

Pour y joüer, dit M. Burette, on se divisoit en deux troupes qui s’éloignoient également d’une ligne nommée σκύρος, que l’on traçoit au milieu du terrein, & sur laquelle on posit une balle. On tiroit derriere chaque troupe une autre ligne qui marquoit de part & d’autre les limites du jeu : ensuite les joüeurs de chaque côté couroient vers la ligne du milieu, & chacun tâchoit de se saisir de la balle, & de la jetter au-delà de l’une des deux lignes qui marquoit le but, pendant que ceux du parti contraire faisoient tous leurs efforts pour défendre leur terrein & pour envoyer la balle vers l’autre ligne. Ces efforts opposés causoient une espece de combat sort échauffé entre les joüeurs, qui s’arrachoient la balle, qui la chassoient du pié & de la main, en faisant différentes feintes, qui se poussoient les uns les autres, & quelquefois se culbutoient. Enfin le gain de la partie étoit pour la troupe qui avoit envoyé la balle le plus grand nombre de fois dans un jeu, au-delà de cette ligne qui bornoit le terrein des antagonistes.

On voit par-là que cet exercice tenoit en quelque maniere de la course, du saut, de la lutte, & du pancrace. C’est à Pollux, dans son Onomastic. liv. IX. ch. vij. sect. 104. que nous en devons la description. (D. J.)