L’Encyclopédie/1re édition/FAUNALES

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FAUNALES, s. f. (Littér.) en latin faunalia, fêtes de campagne que tous les villages en joie célébroient dans les prairies deux fois l’année en l’honneur du dieu Faune. Ses autels avoient acquis de la célébrité, même dès le tems d’Evandre ; on y brûloit de l’encens, on y répandoit des libations de vin, on y immoloit ordinairement pour victimes la brebis & le chevreau.

Faune étoit de ces dieux qui passoient l’hyver en un lieu, & l’été dans un autre. Les Romains croyoient qu’il venoit d’Arcadie en Italie au commencement de Février, & en conséquence on le fêtoit le 11, le 13 & le 15 de ce mois dans l’ile du Tibre. Comme on tiroit alors les troupeaux des étables, où ils avoient été enfermés pendant l’hyver, on faisoit des sacrifices à ce dieu nouvellement débarqué, pour l’intéresser à leur conservation ; & comme on pensoit qu’il s’en retournoit au 5 de Décembre, ou, suivant Struvius, le 9 de Novembre, on lui répetoit les mêmes sacrifices, pour obtenir la continuation de sa bienveillance. Les troupeaux avoient dans cette saison plus besoin que jamais de la faveur du dieu, à cause de l’approche de l’hyver, qui est toûjours fort à craindre pour le bétail né dans l’autonne. D’ailleurs, toutes les fois qu’un dieu quittoit une terre, une ville, une maison, c’étoit une coûtume de le prier de ne point laisser de marques de sa colere ou de sa haine dans les lieux qu’il abandonnoit. Voyez comme Horace se prête à toutes ces sottises populaires :

Faune, nympharum fugientum amator
Per meos fines, & aptica rura
Lenis incedas, abeasque parvis
Æquus alumnis.

« Faune, dont la tendresse cause les alarmes des timides nymphes, je vous demande la grace que vous passiez par mes terres avec un esprit de douceur, & que vous ne les quittiez point sans répandre vos bienfaits sur mes troupeaux ». C’est le commencement de l’hymne si connue au dieu Faune, qui contient les prieres du poëte, les bienfaits du dieu, & les réjoüissances du village. Rien de plus délicat que cette ode, de l’aveu des gens de goût (O de xxiij. liv. III.) : le dessein en est bien conduit, l’expression pure & legere, la versification coulante, les pensées naturelles, les images riantes & champêtres. Article de M. le Chavalier de Jaucourt.