L’Encyclopédie/1re édition/DILTSIS

DILTSIS, s. m. (Hist. mod. de Turq.) noms des muets mutilés qui accompagnent ordinairement le grand-seigneur quand il va dans les divers appartemens du vieux & du nouveau serrail. Ils sont en particulier les gellaks, c’est-à-dire les bourreaux qu’il employe toutes les fois qu’il veut faire périr quelqu’un en secret, comme des freres, ou d’autres parens, des sultanes, des maîtresses, des grands officiers, &c. Alors les diltsis ont l’honneur d’être les exécuteurs privilégiés de sa politique, de sa vengeance, de sa colere, ou de sa jalousie. Ils préludent à quelque distance leur exécution par des especes d’hurlemens semblables à ceux du hibou, & s’avancent tout de suite vers le malheureux ou la malheureuse condamnée, tenant leurs cordons de soie à la main, marques funestes d’une mort aussi prompte qu’infaillible. Cet appareil simple, mais par-là encore plus sinistre ; le coup mortel imprévû qui en est l’effet ; le commencement de la nuit, tems prescrit d’ordinaire pour l’exécution ; le silence de ces demi-monstres qui en sont les bourreaux, & qui n’ont pour tout usage de la voix qu’un glapissement clair & funeste qu’ils arrachent du gosier en saisissant la victime ; tout cela, dis-je, fait dresser les cheveux, & glace le sang des personnes même qui ne connoissent ces horreurs que par récit. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.