L’Encyclopédie/1re édition/DIACONAT

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DIACONAT, sub. m. (Hist. & Hiérach. ecclés.) est l’ordre ou l’office de celui qui est diacre. Voyez Diacre & Diaconesse.

Les protestans prétendent que dans son origine le diaconat n’étoit qu’un ministere extérieur, qui se bornoit à servir aux tables dans les agapes ; & à avoir soin des veuves, des pauvres, & des distributions des aumônes. Quelques catholiques, comme Durand, Cajetan, &c. ont soûtenu que ce n’étoit pas un sacrement. Le plus grand nombre des théologiens soûtient le sentiment contraire.

Voici les principales cérémonies qu’on observe en conférant le diaconat. D’abord l’archidiacre présente à l’évêque celui qui doit être ordonné, disant que l’Église le demande pour la charge du diaconat : Sçavez-vous qu’il en soit digne, dit l’évêque ? je le sai & le témoigne, dit l’archidiacre, autant que la foiblesse humaine permet de le connoître. L’évêque en remercie Dieu ; puis s’adressant au clergé & au peuple, il dit : Nous élisons avec l’aide de Dieu, ce présent soûdiacre pour l’ordre du diaconat : si quelqu’un a quelque chose contre lui, qu’il s’avance hardiment pour l’amour de Dieu, & qu’il le dise ; mais qu’il se souvienne de sa condition. Ensuite il s’arrête quelque tems. Cet avertissement marque l’ancienne discipline de consulter le clergé & le peuple pour les ordinations. Car encore que l’évêque ait tout le pouvoir d’ordonner, & que le choix ou le consentement des laïques ne soit pas nécessaire sous peine de nullité ; il est néanmoins très-utile pour s’assûrer du mérite des ordinans. On y pourvoit aujourd’hui par les publications qui se font au prône, & par les informations & les examens qui précedent l’ordination : mais il a été fort saintement institué de présenter encore dans l’action même les ordinans à la face de toute l’Église, pour s’assûrer que personne ne leur peut faire aucun reproche. L’évêque adressant ensuite la parole à l’ordinant, lui dit : Vous devez penser combien est grand le degré où vous montez dans l’Église : un diacre doit servir à l’autel, baptiser, & prêcher. Les diacres sont à la place des anciens lévites ; ils sont la tribu & l’héritage du Seigneur : ils doivent garder & porter le tabernacle, c’est-à-dire défendre l’Église contre ses ennemis invisibles, & l’orner par leurs prédications & par leur exemple. Ils sont obligés à une grande pureté, comme étant ministres avec les prêtres, coopérateurs du corps & du sang de notre Seigneur, & chargés d’annoncer l’évangile. L’évêque ayant fait quelques prieres sur l’ordinant, dit entr’autres choses : nous autres hommes nous avons examiné sa vie autant qu’il nous a été possible : vous, Seigneur, qui voyez le secret des cœurs, vous pouvez le purifier & lui donner ce qui lui manque. L’évêque met alors la main sur la tête de l’ordinant, en disant : recevez le S. Esprit pour avoir la force de résister au diable & à ses tentations. Il lui donne ensuite l’étole, la dalmatique, & enfin le livre des évangiles. Quelques-uns ont crû que la porrection de ces instrumens, comme parlent les Théologiens, étoient la matiere du sacrement conferé dans le diaconat ; mais la plûpart des Théologiens pensent que l’imposition des mains est sa matiere, & que la priere, accipe Spiritum sanctum, &c. ou les prieres jointes à l’imposition des mains, en est la forme. Voyez Sacrement, Forme, Matiere, &c. Pontific. rom. de ordinat. diacon. Fleury, instit. au droit ecclésiastiq. tom. I. part. I. chapit. viij. p. 79. & suiv. (G)