L’Encyclopédie/1re édition/CONTINENT

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CONTINENT, s. m. (Géog.) terre ferme, grande étendue de pays, qui n’est m coupée ni environnée par les mers. Continent est opposé à île. Voyez Terre, Océan.

On tient que la Sicile a été autrefois détachée du continent de l’Italie : hæc loca, dit Virgile, vi quondam & vasta convulsa ruina dissiluisse ferunt, cum protinus utraque tellus una foret ; & vraissemblablement l’Angleterre faisoit autrefois partie du continent de France. Voyez la dissertation de M. Desmarêts sur ce sujet, 1753.

La preuve s’en tire, dit M. de Buffon, des lits de terre & de pierre, qui sont les mêmes des deux côtés du pas de Calais, & du peu de profondeur de ce détroit. On peut ajoûter, dit M. Ray, qu’il y avoit autrefois des loups, & même des ours, dans cette île ; & il n’est pas à présumer qu’ils y soient venus à la nage, ou qu’on les y ait transportés.

Les habitans de Ceylan disent que leur île a été séparée de la presqu’ile de l’Inde par une irruption de l’Océan. Les Malabares assûrent que les Maldives faisoient autrefois partie du continent de l’Inde. Une preuve que les Maldives formoient autrefois un continent, ce sont les cocotiers qui sont au fond de la mer. Voyez hist. nat. tome I. art. 19. pag. 586. & seq. Voyez Terraqué & Terre, &c.

On divise ordinairement la terre en deux grands continents connus, l’ancien & le nouveau : l’ancien comprend l’Europe, l’Asie, & l’Afrique ; le nouveau comprend les deux Amériques, septentrionale & méridionale.

On a appellé l’ancien continent, le continent supérieur, parce que, selon l’opinion du vulgaire, il occupe la partie supérieure du globe. V. Antipodes.

On n’est pas encore certain si plusieurs terres connues sont des îles ou des continens.

Quelques auteurs prétendent que les deux grands continens n’en forment qu’un seul, s’imaginant que les parties septentrionales de l’ancien continent sont jointes à celles de l’Amérique septentrionale.

On suppose un troisieme continent vers le midi, que l’on peut appeller le continent antarctique méridional à notre égard, & que l’on nomme terre australe, terre inconnue, terre Magellanique, & de Quir.

Terre australe, parce qu’elle est située vers le midi à notre égard ; inconnue, du peu de connoissance que nous en avons ; Magellanique, de Magellan le premier Européen qui en ait approché, & qui ait donné occasion dans la suite d’en avoir plus de connoissance ; terre de Quir, de Fernand de Quir le premier qui l’a découverte, & nous en a donné une connoissance plus certaine.

L’on pourra faire un quatrieme continent des terres arctiques, si elles sont contiguës entr’elles, & qu’elles fassent un corps séparé de l’Amérique ; & ce continent sera appellé septentrional ou arctique, de sa situation. Introd. à la Géog. par Sanson. (O)