L’Encyclopédie/1re édition/CHANCELAGUA

* CHANCELAGUA, s. f. (Bot. exot.) plante de la nouvelle Espagne ; elle croît en abondance aux environs de Panama ; son goût est amer, comme celui de la centaurée ; & son infusion a l’odeur aromatique du baume du Pérou. Voilà tout ce qu’on trouve de sa description dans les Mémoires de l’académie, ann. 1707, pag. 52. Et cela ne suffit pas. Quant à ses propriétés, on lui attribue celle de faciliter la transpiration, de soulager dans la pleurésie, les catharres, les rhûmatismes, les fievres malignes, la goutte humorale, mais non crétacée, &c. La saignée doit en précéder l’usage, & elle ne doit être prise que sur le déclin de la fievre. Sa dose est au moins d’un gros, & peut aller à deux. On fait bouillir une tasse d’eau, & on y jette la plante coupée en morceaux ; on couvre le vaisseau, & on laisse l’infusion se faire pendant un demi quart-d’heure ; on fait prendre ensuite en une seule fois l’infusion au malade, la plus chaude qu’il se peut. Quand le malade a pris ce remede, on le couvre bien, & on le fait suer. Les Indiens qui connoissoient, dit-on, les vertus de cette plante, en ont fait long-tems un secret aux Européens : il paroît que ceux-ci n’ont pas tiré grand avantage de l’indiscrétion des premiers, & que la prédiction que l’usage de la chancelagua deviendroit un jour aussi général que celui du quinquina, est encore à s’accomplir ; surquoi M. de Fontenelle observe, que la Medecine paroît un peu trop en garde contre les nouveautés : à quoi l’on peut ajoûter qu’elle n’en est pas plus à blâmer, puisqu’elle ne peut guere faire ses expériences qu’aux dépens de la vie des hommes.