L’Encyclopédie/1re édition/CARAIBES, ou CANNIBALES

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 669).
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CARAIBES, ou CANNIBALES, Sauvages insulaires de l’Amérique, qui possedent une partie des îles Antilles. Ils sont en général tristes, rêveurs, & paresseux, mais d’une bonne constitution, vivans communément un siecle. Ils vont nuds ; leur teint est olivâtre. Ils n’emmaillotent point leurs enfans, qui dès l’âge de 4 mois marchent à quatre pattes, & en prennent l’habitude au point de courir de cette façon quand ils sont plus âgés, aussi vîte qu’un Européen avec ses deux jambes. Ils ont plusieurs femmes qui ne sont point jalouses les unes des autres ; ce que Montagne regarde comme un miracle dans son chapitre sur ce peuple. Elles accouchent sans peine, & dès le lendemain vaquent à leurs occupations ; le mari garde le lit, & fait diete pour elles pendant plusieurs jours. Ils mangent leurs prisonniers rôtis, & en envoyent des morceaux à leurs amis. Ils croyent un premier homme nommé Longuo, qui descendit du ciel tout fait ; & les premiers habitans de la terre, suivant eux, sortirent de son énorme nombril au moyen d’une incision. Ils adorent des dieux & des diables, & croyent l’immortalité de l’ame. Quand un d’entre eux meurt, on tue son negre pour qu’il aille le servir dans l’autre monde : ils sont fort adroits à tirer de l’arc ; leurs fleches sont faites d’un bois empoisonné, taillées de façon qu’on ne les peut retirer du corps sans déchirer la plaie ; & elles sont arrosées d’un venin très-dangereux, fait avec le suc du mancenilier. Voyez Sauvages.