L’Encyclopédie/1re édition/BLATTA BYZANTINA

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 279).
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* BLATTA BYZANTINA, (Hist. nat. Conchyliolog.) c’est le nom qu’on donne au couvercle d’une coquille oblongue, dont la substance ressemble assez à de la corne : on l’appelle blatta, à cause de sa ressemblance avec la teigne ou la motte dite blatta & Bysantina, parce qu’elle vient de Constantinople appellée autrefois Byzance. On dit que prise intérieurement, elle purge & divise les humeurs ; & extérieurement, que si on la brûle l’odeur en est bonne pour les étouffemens de la matrice. Il y a eu de grandes disputes entre les Naturalistes pour savoir ce que ce pouvoit être que cette coquille. Quelques-uns ont cru que c’étoit le couvercle du purpura murex ; d’autres l’ont confondu avec la coquille qu’on appelloit autrefois unguis odoratus, qui étoit connue à Dioscoride sous le nom de πωμακογχυλίος. On en apportoit de son tems la meilleure espece de la mer Rouge, & celle qui étoit moindre, d’Assyrie. Voici ce qu’il en dit : In lacubus nardiferis Indiæ reperitur ; quapropter, & conchyliis nardum depascentibus aromaticus evadit ; colligitur verò, postquam œstivis caloribus lacus inaruerint. Il conclut ensuite qu’en brûlant ce coquillage, il produit les mêmes effets que le purpura & le buccinum : & en parlant du nard, il dit que cet arbrisseau naît près du Gange, c’est-à-dire dans des lacs formés par les débordemens de ce fleuve ; ce qui prouve que c’étoit un coquillage d’eau douce.

Le savant Lyster ptétend que la blatta byzantina, connue aujourd’hui, n’est point la même chose que l’unguis odoratus des anciens, dont l’usage s’est perdu parmi nous. Il se fonde sur ce que cette coquille n’a point les qualités de l’unguis odoratus, & qu’on n’y trouve point du tout l’odeur aromatique qu’on lui attribuoit ; il conjecture plûtôt que ce pourroit être la même chose que le petoncle qui se trouve dans la Tamise & dans d’autres rivieres, qui est ordinairement de la grandeur & de l’épaisseur de l’ongle du pouce. En effet il pouvoit avoir, à cause de son odeur aromatique, des vertus que nous ne trouvons ni dans ce qu’on appelle blatta byzantina, ni dans nos coquilles de riviere.