L’Encyclopédie/1re édition/AIDE

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AIDE signifie assistance, secours qu’on prête à quelqu’un. Il signifie aussi quelquefois la personne même qui prête ce secours ou cette assistance ; ainsi dans ce dernier sens, on dit aide de camp. Voyez Aide de camp. Aide-major. Voyez Aide-major.

Aide se dit aussi en général de quiconque est adjoint à un autre en second pour l’aider au besoin ; ainsi l’on dit en ce sens aide des cérémonies, d’un officier qui assiste le grand-maître, & tient sa place s’il est absent. On appelle aussi aides les garçons qu’un Chirurgien mene avec lui pour lui prêter la main dans quelque opération de conséquence. On appelle aide de cuisine un cuisinier en second, ou un garçon qui sert à la cuisine.

Aide, en Droit Canon, ou Eglise succursale, est une Eglise bâtie pour la commodité des paroissiens, quand l’Eglise paroissiale est trop éloignée, ou trop petite pour les contenir tous.

Aide, dans les anciennes coûtumes, signifie un subside en argent, que les vassaux ou censitaires étoient obligés de payer à leur Seigneur en certaines occasions particulieres.

Aide differe de taxe en ce que la taxe s’impose dans quelque besoin extraordinaire & pressant ; au lieu que l’aide n’est exigible qu’autant qu’elle est établie par la coûtume, & dans le cas marqué par la coûtume ; de cette espece sont les aides de relief & de chevel. Voyez aide-relief & aide-chevel.

On payoit une aide au Seigneur quand il vouloit acheter une terre. Mais il n’en pouvoit exiger une semblable qu’une fois en sa vie.

Ces aides, dans l’origine, étoient libres & volontaires ; c’est pourquoi on les appelloit droits de complaisance.

Il paroît que les Seigneurs ont imposé cette marque de servitude sur leurs vassaux, à l’exemple des Patrons de l’ancienne Rome, qui recevoient des présens de leurs cliens & de leurs affranchis, en certaines occasions, comme pour doter leurs filles, ou en certains jours solemnels comme le jour de leur naissance. Voyez Patron & Client. (G)

Aide, en terme de Jurisprudence féodale, sont des secours auxquels les vassaux, soit gentilshommes ou roturiers, sont tenus envers leur Seigneur dans quelques occasions particulieres, comme lorsqu’il marie sa fille ou fait recevoir son fils chevalier, ou qu’il est prisonnier de guerre ; ce qui fait trois sortes d’aides, l’aide de mariage, l’aide de chevalerie, & l’aide de rançon. On appelle d’un nom commun ces trois sortes d’aides, aide-chevel, quia capitali domino debentur.

L’aide de rançon s’appelloit aussi aides loyaux, parce qu’elle étoit dûe indispensablement. On appella aussi aides loyaux, sous Louis VII. une contribution qui fut imposée sur tous les sujets sans distinction, pour le voyage d’outre-mer ou la croisade ; & on appelloit ainsi en général toutes celles qui étoient dûes en vertu d’une loi.

On appelloit au contraire aides libres ou gracieuses, celles qui étoient offertes volontairement par les sujets ou vassaux.

L’aide chevel est le double des devoirs que le sujet doit ordinairement chaque année, pourvû qu’ils n’excedent pas ving-cinq sous. Si le sujet ne doit point de devoirs, il payera seulement vingt-cinq sous. Le Seigneur ne peut exiger cette aide qu’une fois en sa vie pour chaque cas.

Aides raisonnables étoient celles que les vassaux étoient obligés de fournir au Seigneur dans de certaines nécessités imprévûes, & pour raison desquelles on les taxoit au prorata de leurs facultés ; telles étoient par exemple, en particulier, celles qu’on appelloit aides de l’ost & de chevauchée, qui étoient des subsides dûs au Seigneur pour l’aider à subvenir aux frais d’une guerre, comme qui diroit de nos jours, le dixieme denier du revenu des biens.

Aide-relief est un droit dû en certaines Provinces par les vassaux aux héritiers de leur Seigneur immédiat, pour lui fournir la somme dont ils ont besoin pour payer le relief du fief qui leur échet par la mort de leur parent.

On trouve aussi dans l’Histoire ecclésiastique des aides levées par des Evêques dans des occasions qui les obligeoient à des dépenses extraordinaires, comme lors de leur sacre ou joyeux avenement, lorsqu’ils reçoivent les Rois chez eux ; lorsqu’ils partoient pour un Concile, ou qu’ils alloient à la cour du Pape.

Ces aides s’appelloient autrement coûtumes episcopales ou synodales, ou denier de Pâque.

Les Archidiacres en levoient aussi chacun dans leur Archidiaconé.

Il est encore d’usage & d’obligation de leur payer un droit lorsqu’ils font leur visite, droit qui leur est dû par toutes les Eglises paroissiales, même celles qui sont desservies par des Religieux.

Aide, adj. pris subst. en Cuisine, est un domestique subordonné au Cuisinier, & destiné à l’aider.

Aide se joint aussi à plusieurs mots avec lesquels il ne fait proprement qu’un seul nom substantif.

Aides, en terme de finance, signifie les impôts qui se levent, à quelque titre que ce soit, par le Souverain sur les denrées & les marchandises qui se vendent dans le Royaume. Ce droit répond à ce que les Romains appelloient vectigal, à vehendo ; parce qu’il se levoit, comme parmi nous, à titre de péage, d’entrée ou de sortie sur les marchandises qui étoient transportées d’un lieu à un autre. Le vectigal étoit opposé à tributum, lequel se levoit par têtes sur les personnes, comme parmi nous les aides sont opposées à la taille ou capitation, qui sont aussi des taxes personnelles.

On a appellé les aides de ce nom, parce que c’étoit originairement des subsides volontaires & passagers, que les sujets fournissoient au Prince dans des besoins pressans, & sans tirer à conséquence pour la suite. Mais enfin elles ont été converties en impositions obligatoires & perpétuelles.

On croit que ces aides furent établies sous le regne de Charles V. vers l’an 1270, & qu’elles n’étoient qu’à raison d’un sou pour livre du prix des denrées. Les besoins de l’Etat les ont fait monter successivement à des droits beaucoup plus forts. (H)

La Cour des Aides est une Cour Souveraine établie en plusieurs Provinces du Royaume pour connoître de ces sortes d’impositions & de toutes les matieres qui y ont rapport : elle connoît, par exemple, des prétendus titres de noblesse, à l’effet de décharger ceux qui les alleguent des impositions roturieres, s’ils sont véritablement nobles, ou de les y soûmettre s’ils ne le sont pas.

Dans plusieurs Provinces, telles que la Provence, la Bourgogne & le Languedoc, la Cour des Aides est unie à la Chambre des Comptes.

Il y a en France douze Cours des Aides, comme douze Parlemens ; savoir, à Paris, à Roüen, à Nantes, à Bourdeaux, à Pau, à Montpellier, à Montauban, à Grenoble, à Aix, à Dijon, à Châlons & à Metz.

Avant l’érection des Cours des Aides, il y avoit des Généraux des aides pour la perception & la régie des droits, & une autre sorte de Généraux pour le jugement des contestations en cette matiere ; & ce furent ces Généraux des aides, sur le fait de la Justice, qui réunis en corps par François premier, commencerent à former un tribunal en matiere d’aides, qu’on appella par cette raison la Cour des Aides.

Aides, s. f. (Manége.) se dit des secours & des soûtiens que le cavalier tire des effets modérés de la bride, de l’éperon, du caveçon, de la gaule, du son de la voix, du mouvement des jambes, des cuisses, & du talon, pour faire manier un cheval comme il lui plaît. On emploie les aides pour prévenir les châtimens qu’il faut souvent employer pour dresser un cheval. Il y a aussi les aides secretes du corps du cavalier ; elles doivent être fort douces. Ainsi on dit : ce cheval connoît les aides, obéit, répond aux aides, prend les aides avec beaucoup de facilité & de vigueur. On dit aussi : ce cavalier donne les aides extrèmement fines, pour exprimer qu’il manie le cheval à propos, & lui fait marquer avec justesse ses tems & ses mouvemens. Lorsqu’un cheval n’obéit pas aux aides du gras des jambes, on fait venir l’éperon au secours, en pinçant de l’un ou des deux. Si l’on ne se sert pas avec discrétion des aides du caveçon, elles deviennent un châtiment qui rebute peu à peu le cheval sauteur, qui va haut & juste en ses sauts & sans aucune aide. Voyez Sauteur. Un cheval qui a les aides bien fines se brouille ou s’empêche de bien manier, pour peu qu’on serre trop les cuisses, ou qu’on laisse échapper les jambes.

Aides du dedans, aides du dehors : façons de parler relatives au côté sur lequel le cheval manie sur les voltes, ou travaille le long d’une muraille ou d’une haie. Les aides dont on se sert pour faire aller un cheval par airs, & celles dont on se sert pour le faire aller sur le terrein, sont fort différentes. Il y a trois aides distinguées qui se font ayant les rênes du dedans du caveçon à la main. La premiere est de mettre l’épaule de dehors du cheval en dedans ; la seconde est de lui mettre aussi l’épaule de dedans en dedans ; & la troisieme est de lui arrêter les épaules. On dit : répondre, obéir aux aides ; tenir dans la sujétion des aides. Voyez RÉpondre, ObÉir & Sujétion, (V)

Aides, s. f. pl. (Architect.) piece où les aides de cuisine & d’office font leur service ; c’est proprement la décharge des cuisines, où l’on épluche, lave & prépare tout ce qui se sert sur la table, après avoir été ordonné par le maître d’hôtel. Ces aides doivent être voisines des cuisines, avoir des tables, une cheminée, des fourneaux & de l’eau abondamment. (P)