L’Anti-Justine ou les délices de l’Amour (1864)/15

Vital Puissant ? (p. 41-45).

CHAPITRE XV.

Du fouteur à la Justine.

Le moine ôta d’abord sa robe, mais nous l’avions tous vu. Il mit ensuite à l’air un vit si monstrueux, que ma fille tremblante m’étreignit dans ses bras. « Oh ! qu’il est gros, dit Vitnègre. — Il a tué deux sœurs religieuses qui avaient fait chacune deux enfants à notre prieur ; j’ai tué toutes les femmes que j’ai enconnées ; il n’y a que ma mère que je n’aie pas éculventrée, mais je n’eus pas de plaisir, la vieille garce ne saigna presque pas !… Pour ta femme, ah ! quelle rage ! mais elle est foutue ! elle sera morte avant que j’aie achevé de l’enconner, je l’enculerai expirée !… Je t’en apporte le prix, soixante mille francs en billets de la caisse !… » Vitnègre les compta, les serra… « Si je pouvais l’enconner une pauvre fois ! — Tu te fous de moi… après… après… elle sera encore chaude !… » Je frémissais, et comme j’avais deux pistolets chargés, je fus tenté de brûler la cervelle à ce monstre, mais il allait avoir la vérole !… « Voulez-vous, avant qu’elle soit abîmée, lui voir le con, sa jolie figure ?… — Non, cela m’amollirait le vit ; conduis-moi sans lumière. » Ils vinrent à tâtons.

Vitnègre précédait pour éloigner L’Enfonceur ; trouvant une femme seule et troussée, il voulut lui mettre en soupirant sa langue dans le con. Elle l’en empêchait, quand le moine faillit l’écraser en tombant sur la fille. Vitnègre fut obligé de se retirer à quatre pattes.

Le premier acte du père Fout-à-Mort, comme Vitnègre le nomma, ce fut de mordre le bout des tétons de sa monture en lui dardant son engin, qui ne pouvait entrer dans ce vaste con encore élargi par une éponge que la fille venait d’en ôter. Connillette fit un cri perçant en se sentant déchirer le con ; elle voulut se dérober en l’égratignant des deux mains. Fout-à-Mort, qui savait bien qu’elle ne pouvait s’en échapper et dont le plaisir était d’autant plus grand à tuer une femme qu’elle était plus belle et plus étroite, ne la ménagea pas ; tout en l’écartant, il lui arracha le bout des seins avec ses dents. Un profond évanouissement ou la mort fit cesser ses cris. Je me repentis de n’avoir pas tiré d’abord un coup de pistolet à bout portant dans la tête du moine, mais les voisins au bruit auraient peut-être enfoncé les portes ; ce fut ce qui me retint. Fout-à-Mort, parvenu au fond du con de la fille éculventrée, déchargea enfin, expirant et rugissant. « Fous un coup, dit-il à Vitnègre, avant que j’encule la garce. » Le scélérat vint, mais sentant un cadavre plein de sang, il se retira.

« Elle est morte ! » dit-il. Fout-à-Mort la tâta… « Non !… le cœur bat encore !… vite, que je l’encule ! » Le cul de Connillette était bien plus étroit que son con, le moine haletait ; il en vint cependant à bout, car il dit à Vitnègre : « Je n’ai fait qu’un trou des deux, » et il déchargea horriblement !…

Ma fille épouvantée m’étreignait par le milieu du corps. Vitnègre pleurait ; « Ma pauvre femme, je t’ai livrée à ton bourreau !… » — Ne te l’ai-je pas payée ? dit le moine ; elle est bien à moi, ainsi, va te recoucher, et fous tes soixante mille francs ! Tu me gênes ; pour moi, pendant qu’elle est encore chaude, je vais pour mon argent foutre cinq ou six fois le cul et le con de ma putain ! » Vitnègre alla se coucher dans un petit cabinet où il s’enferma.

Aussitôt Fout-à-Mort s’acharna inépuisablement sur la victime expirée. Enfin, épuisé, il alla chercher la lumière pour en repaître ses cruels regards !… (J’ai dit que la fille était jolie.) « Elle est belle encore, dit le monstre ; mais la figure de la putain est toute bouleversée ; elle ne se ressemble plus à elle-même. » Il lui regarda le con, en lui soulevant le cul… il la laissa retomber en éclatant de rire… « Ma foi, la gueuse n’a plus qu’un cul ou qu’un con… je ne sais lequel… Mais… est-elle bien morte ?… » Il la déshabilla, l’emporta nue dans l’autre pièce, la mit sur une grande table, alla prendre un vaste saladier, tira un bistouri… (Nous le voyions par la cloison vitrée.) « Décharnons-la. » Il lui creva la partie charnue des seins, la motte tout entière, la chair des cuisses, lui fendit le ventre, lui arracha le cœur, les poumons, le foie, la matrice, la retourna, lui enleva la chair des fesses, lui coupa les pieds chaussés, qu’il mit dans une poche, les mains, qu’il serra dans l’autre, la retourna encore, lui coupa la langue, la tête, ôta la chair des bras ; il vint ensuite chercher sa chemise et un drap de lit en disant : « Voilà un bon régal pour mes moines et pour moi. » Le terrible anthropophage mit le saladier dans la chemise, ensevelit le corps dans le drap, fit lever Vitnègre pour le conduire, puis il lui dit de publier le lendemain que sa femme se mourait, de la mettre le soir dans une bière, et que lui, moine, se chargeait de la faire enterrer. Et après lui avoir recommandé de bien effacer au grand jour toutes les traces du sang, il sortit vers les trois heures du matin, emportant son saladier de chair humaine. Vitnègre pleura d’abord, mais nous ayant entendus remuer pour sortir, le lâche eut une frayeur si grande, qu’il alla s’enclore dans son petit cabinet.

Nous sortîmes donc tout à notre aise ; comme nous traversions la petite cour, nous entendîmes les voisins qui disaient fort bas : « Il ne l’a pas tuée, voilà qu’on l’emmène. » Nous nous mîmes à fuir par de petites rues dès que nous fûmes dehors, de peur d’être suivis, et bien à propos ; nous entendîmes courir, mais on ne prenait pas notre chemin. Je ramenai ma fille à sa pension, laissant là Timon pour observer et lui promettant de revenir dans une demi-heure.

« Voilà donc, me dit-elle, quel serait mon sort à présent, si en vous accordant mes faveurs je n’avais pas reculé votre départ… Ô mon cher papa, tout mon corps est à vous pour en faire ce que vous voudrez. » Je lui demandai sa bouche, elle me darda sa langue, et nous arrivâmes. Je lui dis de se coucher. « Non, non, et mes malles, mes bijoux, si nous pouvions les avoir ?… »

J’admirai sa présence d’esprit ; il était près de cinq heures ; je courus rejoindre Timon, qui se promenait devant la porte. « Rien encore », me dit-il ; un instant après nous vîmes sortir Vitnègre : Timon le suivit et j’allai chercher ma fille, sa présence nous étant devenue nécessaire ; d’officieux voisins nous arrêtèrent ; à mon retour avec ma fille et deux crocheteurs, je retrouvai Timon, qui nous dit que Vitnègre avait passé le boulevard ; ma fille ouvrit. Nous chargeâmes quatre malles préparées, mais cachées ; nous sortîmes sans être vus et allâmes chez mes affidés. Ce fut alors que ma Conquette fut tranquille ; elle se coucha et nous allâmes reposer chacun chez nous, Timon et moi.