L’Anti-Justine ou les délices de l’Amour (1864)/00-3

Vital Puissant ? (p. vii-viii).

PRÉFACE.



Personne n’a été plus indigné que moi des sales ouvrages de l’infâme marquis de Sades, c’est-à-dire de Justine, Aline, le Boudoir, la Théorie du Libertinage, que je lis dans ma prison. Ce scélérat ne présente les délices de l’amour, pour les hommes, qu’accompagnés de tourments, de la mort même, pour les femmes !

Mon but est de faire un livre plus savoureux que les siens et que les épouses pourront faire lire à leurs maris pour être mieux servies ; un livre où les sens parleront au cœur, où le libertinage n’a rien de cruel pour le sexe des grâces et lui rendra plutôt la vie que de lui causer la mort ; où l’amour, ramené à la nature, exempt de scrupules et de préjugés, ne présente que des images riantes et voluptueuses. On adorera les femmes en le lisant, on les chérira en les enconnant. Mais l’on abhorrera davantage le vivo dissequens, le même qui fut tiré de la Bastille avec une longue barbe blanche le 14 juillet 1789. Puisse l’ouvrage enchanteur que je publie faire tomber les siens !

Mauvais livre fait dans de bonnes vues. Moi, Jean-Pierre Linguet, maintenant détenu à la Conciergerie, déclare que je n’ai composé cet ouvrage, tout savoureux qu’il est, que dans des vues utiles. L’inceste, par exemple, ne s’y trouve que pour équivaloir au goût corrompu des libertins les affreuses cruautés par lesquelles de Sades les stimule.

Floréal, an II.