CHAPITRE IV

La race Hindoue à la Guyane. — Paresse du Noir de Cayenne. — L’Engagé Hindou. — Caractères anthropologiques de l’Hindou. — Organe génital de cette race. — Comparaison de l’organe génital du Nègre avec celui de l’Hindou. — Les quatre sortes de tempérament de la femme Hindoue. — Manque de moralité de la race Hindoue. — Perversions de l’amour.



Paresse du Noir de Cayenne. — Le Noir de Cayenne, en général, répugne aux travaux pénibles de l’agriculture. Celui qui est possesseur d’un lopin de terre y plante quelques bananiers, un peu de manioc et quelques pieds de tabac et de piment. Le poisson de limon forme la base de sa nourriture ; le tafia coûte soixante centimes le litre, au détail. Le Noir a donc peu de besoins, et s’il travaille, ce n’est qu’au placer aurifère, où il gagne des sommes considérables payées en pépites d’or, sans compter celles qu’il dérobe. Il n’est pas rare de voir un Noir descendre à Cayenne avec plusieurs milliers de francs, où il achète d’abord un complet noir avec gibus et cravate blanche, comme un parfait notaire. Il fait la noce tant qu’il a quelques sous, pour reprendre ensuite son travail au placer.

L’engagé Hindou. — Pour cultiver les grandes propriétés, on a eu recours à des engagés Hindous, recrutés avec l’assentiment du Gouvernement Anglais. Pour une faible somme journalière, la nourriture, le costume et le logement, l’Hindou doit cinq ans de travail. En pratique, il est plus malheureux qu’un esclave à vie, car son maître cherche à en tirer le plus de travail possible, sans s’occuper de savoir si, au bout de ce temps, les forces du malheureux ne seront pas épuisées. Mais passons. Je constate seulement que le recrutement de ces Hindous est déplorable. On va chercher l’engagé dans la lie des grandes villes de Calcutta ou de Bénarès : c’est assez dire qu’il est à peu près impropre à la culture pénible des champs. Autant j’avais trouvé, en Cochinchine, le Malabar robuste et sain, autant je trouvai la race du coolie engagé chétive et malsaine, car les maladies syphilitiques sont très communes parmi ces exilés volontaires.

J’ai pu étudier cette race de près, ayant obtenu de l’Administration de la Colonie un engagé pour un emploi de boy. J’eus la chance de mettre la main sur un garçon de dix-huit ans, aux traits de formes presque Caucasiques, actif et intelligent, parlant un peu l’Anglais, qui apprit vite le Français et qui me servit d’interprète auprès de ma clientèle Hindoue : clientèle gratuite, et pour cause. C’est ce qui m’a permis de faire de curieuses observations sur ces malheureux déclassés, généralement de la caste des parias, car ce sont à peu près les seuls qui consentent à s’expatrier et à quitter le sol où reposent les ancêtres.

Caractères anthropologiques de l’Hindou. — Anatomiquement, l’Hindou m’a paru se rapprocher de l’Européen affiné et rabougri des grandes capitales. Ses traits sont réguliers, le nez droit, les yeux horizontaux bien ouverts, les lèvres minces, les pieds et les mains petits et bien faits. La chevelure longue et lisse tombe souvent jusqu’à la chute des reins. Cependant, la peau est presque aussi foncée que celle d’un Nègre, mais non terreuse comme celle-ci ; elle a souvent des reflets de bronze antique. Le sein de la femme est loin d’être piriforme comme celui de la Négresse ; sans avoir la forme hémisphérique de celui des Blanches, il est plutôt ogival, mais petit chez la jeune fille, et ferme. Chez la femme, il grossit beaucoup, sans tomber comme le sein de la Négresse.

L’organe génital de cette race. — Les Kama Sutra[1] divisent les hommes en trois classes, d’après les dimensions de leur lingam : les lièvres, les taureaux et les étalons. Par rapport au Nègre, type de l’étalon dans la race humaine, l’Hindou est un lièvre, un peu plus fort cependant que l’Annamite qui m’a paru occuper le dernier rang dans l’échelle des grosseurs des organes. Le pénis de l’Hindou est généralement recouvert du prépuce à l’état normal et en érection chez le garçon impubère. Il décalotte en érection seulement chez le pubère de seize à dix-huit ans (âge moyen), grâce probablement aux manœuvres de masturbation. La peau de la verge et du scrotum est d’un beau noir, ou chocolat foncé, comme chez le Capre, mais, détail à signaler, la muqueuse du gland de l’Hindou n’est jamais noire. Elle est d’un rouge plus ou moins assombri, presque vif chez les déclassés des castes supérieures dont la peau est plus claire que celle des parias. Dans l’état habituel, la verge est d’une flaccidité extrême. Elle augmente beaucoup en érection, triple presque de volume et devient aussi dure que celle de l’Européen. La moyenne m’a paru de douze centimètres de long sur trois centimètres de diamètre. Beaucoup sont de huit à dix sur deux et demi. Peu de quatorze à quinze sur trois et demi, à peu près la moyenne Européenne qui paraît ici un maximum. Les testicules sont ovalaires, de la grosseur d’un œuf de pigeon.

Comparaison de l’organe génital du Nègre avec celui de l’Hindou. — À côté du Nègre de la Guyane, l’Hindou fait triste figure. La verge du premier, dans l’état de flaccidité, mesure de douze à quinze centimètres de long sur trois à quatre de diamètre. En érection, elle ne se gonfle pas proportionnellement ; elle monte seulement de seize à vingt centimètres sur quatre ou cinq de diamètre. Mais cette érection n’est jamais dure comme celle de l’Européen, du Chinois et de l’Hindou. Elle est toujours un peu molle, donnant à la main la sensation d’un tube creux de caoutchouc noir fort élastique. Le testicule du Noir est plus arrondi que celui de l’Hindou.

Une autre différence caractéristique consiste dans la sécrétion des muqueuses. Soit propreté, soit toute autre cause, le smegma sébacé est en plus petite quantité sous le prépuce, chez le Noir. Si la Négresse a peu d’écoulements vulvaires, sous ce rapport la femme Hindoue n’a rien à envier à la Congaï. C’est évidemment là un effet de race, car la nourriture de l’engagé est celle du Noir de la basse classe, sauf le riz qui remplace pour lui le manioc et la cassave.

Les Kama Sutra ne donnent pas la dimension du lingam, mais cette omission est réparée par l’Ananga-Ranga [2], composé au XVIe siècle de notre ère, tandis que l’ouvrage précédent date du Ve siècle. L’Ananga-Ranga donne, pour les dimensions du pénis de l’hommelièvre, six doigts de longueur ; pour l’homme-taureau neuf, et pour l’homme-étalon douze. Si l’on veut bien remarquer que le doigt de l’Hindou, mince et délicat, n’a pas plus d’un centimètre et demi de largeur, on trouve que ces trois dimensions correspondent à neuf, treize et dix-huit centimètres. Il résulte de mes observations personnelles, que la masse des coolies Hindous doit être rangée parmi les hommes-lièvres, sauf un petit nombre parmi les hommes-taureaux et un plus petit nombre encore parmi les hommes-étalons.

Les dimensions en profondeur du yoni (vagin) correspondent à celle des hommes de leur classe. Aucun des deux ouvrages précités n’en donne la largeur ; celle-ci dépend principalement de l’usage plus ou moins fréquent que la femme fait de son yoni. Mais, en thèse générale, la vulve et le vagin de la femme Hindoue sont bien moins largement ouverts que ceux de la Négresse, tout en restant un peu au-dessus de la Congaï.

Les quatre sortes de tempéraments de l’Hindoue. — L’Ananga-Rauga classe les femmes en quatre ordres, d’après leur tempérament. Il est intéressant de constater que cet excellent ouvrage (auquel nous renvoyons le lecteur) a devancé à son époque la science médicale de l’Europe, alors en enfance. Il faut aller jusqu’au XVIIIe siècle pour trouver une classification analogue à celle des Hindous, car les quatre ordres de femmes correspondent presque exactement à la division des quatre tempéraments Européens : nerveux, sanguin, bilieux et lymphatique. Je n’ai guère rencontré, à la Guyane, que les deux derniers ordres : la Shankhini(femme-conque), et la Hastini (femme-éléphant). Les données anatomiques de l’auteur Hindou sont très exactes. Il m’a été impossible de vérifier s’il y avait concordance dans les détails moraux.

Manque de moralité et perversions de l’amour dans la race Hindoue. — Il faut remarquer que le coolie est un paria, et le paria, dans l’Inde, n’a aucune moralité, comme Jacolliot l’a si bien fait ressortir. Mal nourrie et mal payée, cette classe de coolies engagés cherche à faire argent de tout, pour se procurer, les hommes du tafia, et les femmes des vêtements convenables et des bijoux. De là une absence complète de moralité chez ces pauvres gens. Le jeune garçon de quinze à vingt ans se livre à la pédérastie, dont les amateurs se trouvent chez les Arabes et Européens libérés du bagne. La femme fait également tous les métiers, comme la prostituée d’Europe, et n’a pas, comme la Négresse, l’horreur du vice Sodomitique. D’ailleurs, les amateurs de ce genre de volupté invoquent pour leur justification (tout comme en Cochinchine au début de l’occupation) le danger que présente le congrès ordinaire. Gonorrhée et syphilis, c’est le lot de ceux qui cultivent le coït naturel avec la femme Hindoue ; elle partage ce triste privilège avec la Congaï.

L’homme dépravé peut donc satisfaire ses passions à la Guyane. Si le coït naturel ne lui plaît pas avec la Négresse ou la femme de couleur, il a la femme Hindoue et le garçon Hindou. Mais je fais remarquer ici une différence capitale entre ce dernier et le boy Annamite. Celui-ci éprouve du plaisir à commettre l’acte antiphysique et devient actif, dès qu’on le lui demande ; au contraire, l’Hindou est passif, et rien que passif. Il ne cherche, dans aucun cas, à intervertir les rôles. D’ailleurs l’Arabe (ou le Blanc), pédéraste actif, ne le lui permettrait pas : il l’oblige à subir son approche, sans aucune compensation.

Quant aux déformations vulvaires ou anales produites par le coït dans la race Hindoue, elles ressemblent beaucoup à celles que j’ai signalées dans la race Annamite. Ce serait faire double emploi que de les relater ici, et je renvoie le lecteur à ce que j’ai dit plus haut.

J’ai constaté également que les femmes Hindoues connaissent parfaitement les recettes abortives, analogues à celles que donne l'Ananga-Ranga, et qu’elles n’hésitent jamais à y recourir pour se débarrasser d’un fruit étranger.



  1. Les Kama Sutra de Vatsyayana : Manuel d’Ërotologie Hindoue, rédigé en Sanscrit vers le cinquième siècle de l’ère Chrétienne. Traduit sur la première version Anglaise (Bénarès, 1883) par Isidore Liseux. Paris, Liseux, 1885, in-8o. — Seule traduction complète. Il a paru récemment une édition populaire de cet ouvrage, avec des notes ; mais le texte est abrégé des deux tiers.
  2. Ananga-Ranga, traité Hindou de l’amour conjugal, rédigé en Sanscrit par Tarchi-poète Kalyana Malla (XVIe siècle). Traduit sur la première version Anglaise par Isidore Liseux, Paris, Liseux, 1886, petit in-8o.