L’Abécédaire du petit naturaliste/Panthère


Anonyme
Saintin, Libraire-Commissionnaire (p. 33-35).


PANTHÈRE.


L’œil inquiet et farouche de cet animal annonce la férocité de son caractère. Habitant des climats brûlans de l’Afrique et de l’Asie, les forêts les plus épaisses lui servent de repaire. Il n’en sort que pour rôder autour des habitations isolées et sur les bords des fleuves, et dévorer les animaux domestiques et autres, qui vont avec sécurité se désaltérer. La Panthère est agile, ses mouvemens sont brusques. Elle grimpe facilement aux arbres. Les chats sauvages n’échappent pas à son appétit vorace. Ses dents fortes et aiguës, et ses ongles tranchans, sont les armes offensives dont elle se sert pour déchirer cruellement sa proie. Ses cris imitent la voix d’un dogue furieux. Cet animal ne se jette sur l’homme que dans un accès de colère ; mais cette fierté sauvage et sanguinaire cède quelquefois, et jusqu’à un certain point, à l’adresse humaine. Les habitans de la Barbarie viennent à bout de dompter la Panthère, de la dresser, de s’en servir au lieu du chien pour aller à la chasse. Enfermée dans une cage de fer, et traînée sur une charrette, on ne lui donne la liberté qu’à la vue du gibier. Elle s’élance avec impétuosité, se jette en trois ou quatre sauts sur la bête, la terrasse et l’étrangle. La honte d’avoir manqué son coup la rend si furieuse, qu’elle attaquerait son maître, si celui-ci n’avait la précaution de lui lâcher, soit un agneau, soit un chevreuil, ou de lui jeter des morceaux de viande dont il a fait provision pour opposer à sa rage. Les voyageurs, les Nègres et les Indiens mangent volontiers la chair de la Panthère. Sa belle fourrure est très-estimée.