Journal (Eugène Delacroix)/15 février 1847

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 266-267).

15 février. — Levé en mauvaise disposition, je me suis mis à reprendre l’ébauche du Christ au tombeau[1]. L’attrait que j’y ai trouvé a vaincu le malaise, mais je l’ai payé par une courbature le soir et le lendemain. Mon ébauche est très bien, elle a perdu de son mystère ; c’est l’inconvénient de l’ébauche méthodique. Avec un bon dessin pour les lignes de la composition et la place des figures, on peut supprimer l’esquisse, qui devient presque un double emploi. Elle se fait sur le tableau même, au moyen du vague où on laisse les détails. Le ton local du Christ est terre d’ombre naturelle, jaune de Naples et blanc ; là-dessus, quelques tons de noir et blanc glissés çà et là, les ombres avec un ton chaud.

Le ton local des nuances de la Vierge : un gris légèrement roussâtre, les clairs avec jaune de Naples et noir.

— Essayé Foscari, sur la toile de 80… Décidément, cela est trop noyé. J’essayerai sur toile de 60.

  1. Toile de 1m,60 × 1m,30, datée de 1848, exposée au Salon la même aunée et à l’Exposition universelle de 1855. Ce tableau fut peint à l’origine pour le comte de Geloës, qui l’acheta 2,000 francs. Vente Faure, 1873 : 60,000 francs. Une variante du même tableau fut vendue à la vente Laurent Richard, 1873 : 29,100 francs. (Voir Catalogue Robaut, no 1034 et 1035.)