Introduction à la vie dévote (Boulenger)/Première partie/14

Texte établi par Fernand Boulenger,  (p. 35-37).


CHAPITRE XIV

Méditation VI
DU JUGEMENT


Préparation

1. Mettez-vous devant Dieu.

2. Suppliez-le qu’il vous inspire.

Considérations

1. Enfin, après le temps que Dieu a marqué pour la durée de ce monde, et après une quantité de signes et présages horribles pour lesquels les hommes sécheront d’effroi et de crainte, le feu venant comme un déluge brûlera et réduira en cendre toute la face de la terre, ains qu’aucune des choses que nous voyons sur icelle en soit exempte.

2. Après ce déluge de flammes et de foudres, tous les hommes ressusciteront de la terre, excepté ceux qui sont déjà ressuscités, et à la voix de l’archange comparaîtront à la vallée de Josaphat. Mais hélas ! avec quelle différence ! car les uns y seront en corps glorieux et resplendissants, et les autres en corps hideux et horribles.

3. Considérez la majesté avec laquelle le souverain juge comparaîtra, environné de tous les anges et saints, étant devant soi sa croix plus reluisante que le soleil, enseigne de grâce pour les bons, et de rigueur pour les mauvais.

4. Ce souverain Juge, par son commandement redoutable et qui sera soudain exécuté, séparera les bons de mauvais, mettant les uns à sa droite, les autres à sa gauche ; séparation éternelle, et après laquelle jamais plus ces deux bandes ne se trouveront ensemble.

5. La séparation faite et les livres des consciences ouverts, on verra clairement la malice des mauvais et le mépris dont ils ont usé contre Dieu ; et d’ailleurs, la pénitence des bons et les effets de la grâce de Dieu qu’ils ont reçue, et rien ne sera caché. O Dieu, quelle confusion pour les uns, quelle consolation pour les autres !

6. Considérez la dernière sentence des mauvais : « Allez, maudits, au feu éternel qui est préparé au diable[1] et à ses compagnons ». Pesez ces paroles pesantes. « Allez », dit-il : c’est un mot d’abandonnement perpétuel que Dieu fait de tels malheureux, les bannissant pour jamais de sa face. Il les appelle « maudits » : o mon âme, quelle malédiction ! malédiction générale, qui comprend tous les maux ; malédiction irrévocable, qui comprend tous les temps et l’éternité. Il ajoute, « au feu éternel » : regarde, o mon cœur, cette grande éternité. O éternelle éternité des peines, que tu es effroyable !

7. Considérez la sentence contraire des bons : « Venez ! dit le Juge ; ah, c’est le mot agréable de salut, par lequel Dieu nous tire à soi et nous reçoit dans le giron de sa bonté ; « bénis de mon Père » : o chère bénédiction, qui comprend toute bénédiction ! « possédez le royaume qui vous est préparé dès la constitution du monde ». O Dieu, quelle grâce, car ce royaume n’aura jamais fin !

Affections et résolutions

1. Tremble, o mon âme, à ce souvenir. O Dieu, qui me peut assurer pour cette journée, en laquelle les colonnes du ciel trembleront de frayeur ?

2. Détestez vos péchés, qui seuls vous peuvent perdre en cette journée épouvantable.

3. Ah ! je me veux juger moi-même maintenant, afin que je ne sois pas jugée ; je veux examiner ma conscience et me condamner, m’accuser et me corriger, afin que le juge ne me condamne en ce jour redoutable : je me confesserai donc, j’accepterai les avis nécessaires, etc.

Conclusion

1. Remerciez Dieu qui vous a donné moyen de vous assurer pour ce jour-là, et le temps de faire pénitence.

2. Offrez-lui votre cœur pour la faire.

3. Priez-le qu’il vous fasse la grâce de vous en bien acquitter.

Pater noster, Ave.

Faites un bouquet.

  1. Pour le diable.