Instruction concernant la propagation, la culture en grand et la conservation des pommes de terre/Première partie - Chapitre I

Société royale et centrale d’agriculture
Madame Huzard (née Vallat la Chapelle) (p. 5-38).
Première partie


INSTRUCTION
Concernant la propagation, la culture en grand, et la conservation des pommes de terre, ainsi que l’emploi de leurs produits, considérés comme alimentaires, et comme pouvant être utilement appliqués à l’économie rurale, domestique et industrielle. — Commissaires, MM. Tessier, Silvestre, Labbé, Vilmorin, Sageret, Lasteyrie, Darblay, Dailly fils, Huzard fils, et Challan, rapporteur.




PREMIÈRE PARTIE.




CHAPITRE PREMIER.

PROPAGATION ET CULTURE.


§ 1er. Combien il importe de propager en France la culture en grand des pommes de terre.


Si l’on appelle spécialement l’attention sur la nécessité d’introduire, autant que possible, les pommes de terre dans la grande culture, Ce n’est pas que l’on ne reconnaisse l’utilité de la culture faite à bras ; mais comme les soins que cette dernière exige rentrent dans la pratique commune du jardinage, on a pensé qu’il était inutile de répéter des détails connus, en se réservant d’en indiquer l’usage lorsqu’ils pourront contribuer au perfectionnement de l’une ou de l’autre manière de cultiver.

On entend par grande culture celle qui, tirant des animaux et des instrumens aratoires des services plus accélérés et m’oins coûteux, peut satisfaire abondamment aux besoins d’une grande population.

Or si, en dirigeant une exploitation rurale, le propriétaire parvient à placer dans ses assolemens la culture des pommes de terre, qui s’accommodent de presque tous les sols et améliorent même les terrains siliceux, naturellement peu fertiles[1], il nettoiera pour plusieurs années les champs que des plantes parasites dévorent, détruira le chiendent qui abonde dans les vieilles luzernes, ameublira les autres terres, et favorisera partout le succès des récoltes ultérieures les grains ; résultats heureux qui s’obtiendront d’autant plus facilement, que la plantation des tubercules se fait après toutes les semences, et que leur récolte est la dernière de toutes les moissons.

Cependant, on ne peut dissimuler que cette opinion, favorable à l’intercalation des pommes de terre dans les assolemens, a trouvé des contradicteurs : ceux-ci ont prétendu que le blé succédait désavantageusement à une récolte de pommes de terre ; mais Duhamel et Parmentier, loin d’admettre cette assertion, l’ont combattue victorieusement, et leur avis a depuis été confirmé par les expériences personnelles de M. Yvart et par celles d’un grand nombre de cultivateurs distingués, dont il a visité les domaines au nord et au midi de la France, ainsi que dans les environs de Paris. D’ailleurs, les craintes manifestées par quelques personnes ne paraissent fondées que sur la difficulté de pouvoir, à temps, disposer le sol à recevoir la semence des blés d’hiver, lorsque les pommes de terre qui occupent le champ n’auraient été enlevées que tardivement, soit à cause de la mauvaise saison, soit pour tout autre motif. Mais cette contrariété n’est point résultante de la détérioration du sol ; par conséquent elle ne détruit point les bénéfices des sarclages, ni des autres façons que la terre a reçues avant et pendant le séjour des pommes de terre.

Aux autorités que l’on vient de citer, on pourrait ajouter les nombreux exemples consignés dans les rapports faits à la Société, en 1818 et en 1824, sur le concours relatif à la culture des pommes de terre, et sur leur introduction dans les assolemens, lesquels ont démontré l’erreur de l’imputation qui leur était faite, à l’égard des blés de toute saison ; et si tous ces témoignages étaient insuffisans, on pourrait, pour lever les doutes, consulter les ouvrages agronomiques, qui, en présentant différens cours d’assolemens plus ou moins prolongés, ont placé, dans la série des plantes qui y sont admissibles, les pommes de terre à différentes époques, et les ont souvent proposées avant la semence des blés mêmes, sur un seul labour[2].

Cependant, on s’abstiendra de désigner positivement l’ordre des alternats ; c’est au cultivateur lui-même qu’il convient de faire l’application des conseils qui lui sont donnés ; car, mieux que personne, il peut juger des convenances locales. Ce qui ne peut être négligé par la Commission, c'est la comparaison des produits que l'on peut obtenir par la culture des pommes de terre et par celle des blés.

En présentant ce travail, on doit prévenir que si les bases en sont exactes, les évaluations, en définitive, ne peuvent être qu'approximatives, attendu que les renseignemens ont été fournis à différentes époques, et sont extraits de relevés statistiques recueillis dans plusieurs lieux. D'après ces indications, il paraît que l'on pourrait évaluer le produit moyen d'un hectare en pommes de terre à soixante-dix hectolitres[3], et celui d'un hectare en froment à douze. On voit ensuite que des expériences faites par la Société royale de médecine ont constaté que quarante-cinq kilogrammes de pommes de terre, équivalent comme nourriture, à quinze à seize kilogrammes de pain.

Or, un kilogramme de blé fournit ordinairement un kilogramme de pain, d'où il suit que le kilogramme de froment contient autant de substance nutritive que trois kilogrammes de pommes de terre. Enfin, on sait que l’hectolitre de froment et l’hectolitre de pommes de terre sont en général du même poids, c’est à dire que chacun d’eux pèse environ soixante-quinze kilogrammes[4].

Ainsi, en partant des plus basses données, un hectare de pommes de terre donnerait près de deux fois autant de substance alimentaire qu’un hectare de blé, peut-être donnerait-il plus dans le nord et un peu moins dans le midi.

Il est donc de l’intérêt des cultivateurs de récolter le plus possible ce qu’ils doivent beaucoup consommer, afin d’épargner les frais de transport des objets qu’ils sont obligés d’aller chercher, et, sous ce point de vue, comme les pommes de terre remplissent de grands vides dans la nourriture des hommes et des animaux, il n’y a nul doute que d’en cultiver beaucoup, c’est se préparer des ressources pour les temps difficiles et augmenter ses moyens de spéculation dans des temps plus heureux. Cependant, en invoquant le souvenir des services que la pomme de terre a rendus, nous ne remonterons point au delà de 1785, époque à, laquelle des calamités de toute nature justifièrent la sagesse des prévisions de Parmentier et de ses amis.

Les circonstances qui depuis accompagnèrent l’intempérie de 1816 ne sont point encore effacées de la mémoire, et les couleurs sombres qui obscurcirent les commencemens de 1817 ont aussi fourni des preuves que l’on ne pourra récuser. Présentement même, si les inquiétudes qu’a fait concevoir une récolte médiocre en blé se modèrent, ne doit-on pas reconnaître que c’est l’abondante récolte des pommes de terre qui a permis d’attendre l’efficacité des mesures prises par la sollicitude paternelle du Roi et l’activité de son Gouvernement ? Concourir à cette œuvre bienfaisante, pour le présent et pour l’avenir, est un devoir que les propriétaires et les cultivateurs de toutes les classes s’empresseront sans doute de remplir.

§ 2. Comment, en intéressant les particuliers aux travaux qui ont la culture des pommes de terre pour objet, peut-on influer sur la multiplication et la propagation des bonnes espèces ?

Accoutumer le pauvre au travail, et le familiariser avec les bonnes pratiques, voilà la véritable bienfaisance dont il profite, ainsi que la société en général ; mais pour que le pauvre accepte le bienfait, il faut qu’il en sente les bons effets, et rien ne peut mieux le convaincre que de le faire entrer dans le partage proportionnel des profits. Ce rapport s’établira naturellement par des associations ou par des conventions entre les propriétaires, les colons et les ouvriers, dans lesquelles tous les intérêts seraient ménagés. Cette pensée n’est pas neuve ; mais l’on espère que quelques exemples couronnés du succès démontreront la possibilité de l’étendre : aussi les essais qui en sont l’application seront offerts non comme des règles invariables, mais seulement comme de simples modèles susceptibles d’être imités ou modifiés suivant les localités et les circonstances[5]. § 3. Choix, des terrains qui conviennent à la culture des pommes de terre, de leur préparation, ainsi que de la manière de planter et de cultiver ces tubercules.

Presque tous les terrains conviennent à la

pomme de terre, pourvu qu’ils soient peu compactes, pas trop humides, médiocrement fumés et assez profonds.

Le sol dans lequel il n’y aurait rien à désirer serait celui qui serait composé de sable et de terre végétale, dans des proportions telles que ce mélange humecté ne fût jamais ni trop liant ni boueux, afin de céder aisément à l’écartement que les tubercules exigent pour grossir et se multiplier.

La culture des pommes de terre peut cependant encore avoir lieu dans des champs qui ne possèdent que faiblement quelques uns de ces

élémens ; mais la qualité et la quantité des produits se ressentent de la différence, selon que le terrain se rapproche ou s’éloigne des conditions énoncées.

Toutefois, les terres trop fortes peuvent être allégées par l’addition de terres sablonneuses : celles qui sont très légères seront améliorées par de la marne ou des argiles.

Tous les fumiers peuvent servir, et ils ont une influence prononcée sur les cultures présentes et sur les subséquentes.

Les plus actifs doivent être répandus à la superficie, les autres au fond du labour ; le fumier doit être d’autant plus long et moins consommé que la terre est plus tenace et plus humide [6], il Faut qu’il soit plus court et plus réduit lorsqu’elle est plus meuble et plus aride.

On peut suppléer aux fumiers par des engrais végétaux, essentiellement convenables aux terrains siliceux, et par les composts, qui y sont également bons.

Enfin la différence des proportions qui existent entre les parties aqueuses ou sèches des tubercules, selon qu’ils ont végété dans un terrain sec, humide ou très humide, fait connaître que la portion solide, par conséquent la portion nutritive, est toujours plus considérable dans la pomme de terre venue en terrain sec que dans un terrain mouillé [7] : observation qui doit engager à l’assainir, en établissant des pentes et des écoulemens, au moyen de fossés ou en traçant des sillons profonds, ou des planches relevées, ou enfin des rigoles souterraines [8]. Le succès de la culture des pommes de

terre est comme celui de toutes les bonne » cultures ; il dépend des préparations que l’on donne à la terre avant de lui confier le plant, et des soins que l’on continue pour le maintenir meuble pendant toute la durée de son accroissement. Cette culture s’exécute à bras ou à la charrue.

La première méthode produit davantage, présente des fruits plus beaux, plus nombreux ; mais elle est plus coûteuse.

La seconde est préférée lorsque l’on veut accélérer l’ouvrage et couvrir de grandes surfaces.

Ainsi, le choix de l’une ou l’autre pratique est subordonné aux moyens du cultivateur et au but qu’il se propose. Au reste, elles ont toutes les deux des procédés communs, sauf quelques nuances, qui résultent souvent de la différence des instrumens employés. Quelquefois, deux labours suffisent : le premier très profond, avant l’hiver ; le second, avant la plantation. Toutefois, on ne peut guère fixer le nombre des labours ni l’époque à laquelle il convient de les faire, et, comme l’a très bien dit notre collègue Yvart, donnez tous les labours nécessaires pour mettre votre terre en état, et l’ameublir suffisamment, en suivant les indications de la nature. Néanmoins, pour ne rien laisser à désirer, on va donner un aperçu des pratiques suivies en Flandre et en Angleterre.

En Flandre, on donne successivement deux légers labours, afin d’ameublir et d’aérer la terre ; un troisième sert quelquefois à ouvrir en même temps les tranchées destinées à recevoir les tubercules et à les recouvrir [9].

Mais si le sol est trop compacte, il faut quatre labours, et l’abondance de la récolte indemnisera des frais de cette dernière façon.

Lorsque le terrain est préparé, on ouvre un sillon à la charrue, et des femmes ou des enfans, qui suivent le laboureur, déposent à la main les pommes de terre à (vingt-sept centimètres) neuf ou dix pouces environ de distance. Le trait de charrue donné immédiatement après le premier sert à recouvrir les tubercules et ne reçoit pas de plant ; c’est celui que l’on trace ensuite qui est planté, opération que l’on continue de la même manière jusqu’à la fin du champ.

Chaque coup de charrue ayant au moins quatorze pouces (trente-sept centimètres) de large, les rangées de pommes de terre se trouveront à vingt-huit pouces (soixante-quinze centimètres) au moins les unes des autres. On passe ensuite la herse et le rouleau, ce que l’on recommence trois ou quatre jours après, et deux fois encore avant que les pousses paraissent, afin que la terre soit bien divisée et débarrassée des mauvaises herbes.

Lorsque le plus grand nombre des jeunes pousses sont sorties de terre d’environ quatre à cinq pouces (treize centimètres), on donne, en passant entre les lignes, un léger labour, soit à l’aide d’une charrue à deux déversoirs, soit à la houe, et en même temps on opère un butage, qui rechausse et fortifie la racine de la plante [10].

Si le champ se recouvre encore d’herbes parasites, on les détruira par un sarclage ordinaire, que l’on répétera suivant que l’herbe repoussera plus ou moins vite, et l’on ne s’en dispensera que lorsque les plantes ombrageront suffisamment la superficie du sol ; on ne donne ordinairement que deux butages, avant que les tiges aient acquis tout leur développement.

Au mode de plantation qui vient d’être indiqué on en substitue quelquefois un autre lorsque l’humidité du sol ou quelques autres circonstances contrarient le cultivateur : il diffère peu du précédent.

Après deux ou trois labours préparatoires, on trace, à deux pieds de la lisière du champ, le premier sillon, qui doit recevoir des tubercules ; deux autres sillons sont encore tracés pour la même destination, et en même temps pour couvrir les sillons qui précèdent, et le quatrième n’est utile que pour recouvrir le troisième. A quatre pieds de celui-ci (un mètre vingt-neuf centimètres), on ouvre de nouveau un sillon, et on continue ainsi la planche, comme la précédente, jusqu’à ce que tout le champ soit plantée Les façons données à l’aide de la herse et du rouleau, ainsi que celle du sarclage, ont lieu comme dans les autres méthodes ; mais les butages se font d’une autre manière.

Dès que la plante a acquis la moitié de son élévation, on commence à la buter, et on renouvelle ce travail, à des intervalles plus ou moins rapprochés, suivant le besoin, jusqu’à ce que la fleur soit passée. Voici comment il s’exécute.

Le sol entre les bandes plantées étant fort ameubli par l’action de la charrue, de la herse et du rouleau, il suffit, au premier butage, de relever la terre à la pelle en jetant la marne de chaque côté sur les bandes. Au second butage, on doit également labourer, herser et rouler les vides ; mais si le sol est trop aride et ne favorise pas la végétation des mauvaises herbes, on peut se borner à une simple surcharge à mesure qu’ils se forment dans la.terre amoncelée : autrement on exposerait les tubercules à recevoir, à chaque butage, les impressions immédiates et trop vives de la chaleur, qui les dessécherait.

Par cette méthode, on peut élever les butages assez haut sans beaucoup de frais, et creuser en même temps entre les bandes des rigoles larges, qui sèchent les terres humides et facilitent l’écoulement des eaux pluviales.

Il est encore une manière de cultiver les pommes de terre dite en carrée qui s’est introduite avec succès en-France ; elle est fort en usage en Allemagne.. La préparation : des. terres, est semblable à celles qui sont connues, et quand elle est achevée, on trace les sillons avec la charrue, à deux pieds (soixante-quatre centimètres) les uns des autres, dans le même sens que la pièce de terre, puis on les croise à la même distance perpendiculairement aux premiers [11]. C'est dans la section des deux lignes que se place la pomme de terre, et la terre des derniers rayons sert à les recouvrir, de sorte que, lorsque la plantation sera poussée, elle aura l’aspect d’un quinconce [12].

Le premier binage se fait dans le sens des premiers sillons, après que les tiges se sont élevées de quatre à six pouces (dix à seize centimètres), et il se donne à la charrue en évitant de couvrir le plant de terre ; car ce manque de précaution nui rait à la végétation. Quinze jours ou trois semaines après ce premier binage, on en donne un second en faisant passer la charrue dans le sens opposé ; enfin, peu de jours avant la floraison, on fait un troisième binage, mais dans le sens des premiers sillons.

Les Allemands, pour pratiquer la culture en carré, se servent d’une charrue attelé et de deux bœufs ou de deux chevaux, quelquefois conduits par un enfant ; au reste, le mode du

labour et le nombre des animaux de l’attelage doivent varier selon que le terrain est plus ou moins facile à travailler.

On doute cependant que l’on puisse se servir d’une charrue à double versoir pour aligner dans les deux sens : c’est ce qui résulte du journal d’un voyage agronomique fait en Allemagne par MM. Bella et Desjobert [13]. Ils ont observé « que la pomme de terre est presque la seule plante sarclée en usage dans le pays dont elle occupe presque la cinquième partie du terrain ; que, par de forts hersages au moment où la pomme de terre lève, on peut se dispenser de se servir de la houe à cheval ; on se contente de buter deux fois. Cependant, quelques propriétaires font labourer dans les intervalles des lignes, en enlevant une bande de terre à deux ou trois pouces des plantes, et ramenant ainsi des deux côtés la terre au milieu de l’intervalle ; après quoi, le butoir rend la terre aux pommes de terre dans un état meuble et mélangé ; que M. Thaër plante les pommes de terre en carrés et les bute dans les deux sens ; que sa méthode diffère de celle de M. Fellenberg, qui fait planter au cordeau, et qui, après avoir préparé et hersé le terrain, fait passer le rayonneur, espacé de trente ou trente-six » pouces (quatre-vingt-un à quatre-vingt-dix » sept centimètres) dans les travers du champ, et place la pomme de terre dans le sillon après » la charrue dans l’endroit d’intersection des deux lignes. »

« M. Thaër croit, comme ces Messieurs, que l’opération de la houe à cheval devient super flue, parce qu’au moment de la sortie des pommes de terre, il fait passer l’extirpateur à pieds plats, à huit pouces de base (vingt et un centimètres), et à un pouce et demi ou deux pouces (cinq centimètres)de profondeur : cette opération est faite deux fois. Cette culture, qui, dans les terrains de sable, est de cinquante à soixante milliers pesant par hectare, quoique très avantageuse, laisse encore à désirer sous le » rapport de la propreté. »

Les différences qui existent entre les méthodes de culture qui viennent d’être rapportées, et celles que M. Huzard fils a remarquées en Angleterre et en Irlande, méritent d’être connues ; on croit donc faire une chose utile que d’extraire la description qu’il en a donnée [14]. « La culture des pommes de terre s’y fait en grand et. toujours en rayons. Quand elle commence une rotation, elle exige que la terre soit bien nettoyée et fumée ; mais dans son cours, elle demande moins de préparations, quelquefois même elle ne reçoit aucun engrais ou très peu.

» Après avoir ouvert les sillons à la charrue, des femmes, qui la suivent immédiatement, distribuent le fumier dans les rayons et posent sur le fumier les pommes de terre entières ou coupées, à quatre, six ou huit pouces (dix, seize, vingt et un centimètres), puis on les recouvre, et dans le cours de la végétation, les façons sont suivies dans l’ordre et à la manière ordinaires.

» Quant à la culture irlandaise, elle est singulière ; cependant, malgré la grande perte de terrain qu’elle paraît occasioner, elle donne autant de produit et souvent bien davantage que les autres méthodes, et est également adoptée pour la grande et la petite culture.

» On défonce d’abord grossièrement le sol avec une charrue, une pioche ou une bêche suivant les moyens ou l’idée du cultivateur ; on le divise ensuite par bandes ou planches de cinq à six pieds (deux mètres) de largeur, entre lesquelles on laisse un espace de deux pieds et demi (quatre-vingts centimètres).

» On brise alors les mottes de terre sur les grands espaces, et quand il s’y trouve quelques inégalités, on prend pour les remplir de la terre sur les petits intervalles, de manière que bientôt le champ offre l’aspect d’une suite de planches de cinq ou de six pieds, séparées par des fossés de deux pieds et demi. On porte alors le fumier et ou l’étend sur les planches ; après quoi, on place dessus les pommes de terre entières ou coupées sur le fumier, que l’on recouvre d’une couche de terre de deux pouces environ d’épaisseur ; quelques uns placent les tubercules à des distances égales, mais d’autres semblent les avoir jetés au hasard : dans cette opération, qui se fait à la bêche, les planches s’élèvent au moins de deux pouces (cinq centimètres), et les fosses qui fournissent la terre s’abaissent de quatre (dix centimètres).

» La première façon que l’on donne après la levée des plants est un sarclage avec le sarcloir à main.

» La seconde est un sarclage et un butage en même temps, c’est encore la terre du fossé qui sert à couvrir les jeunes plants d’une couche épaisse d’un pouce et demi à deux pouces (cinq centimètres) ; ce qui creuse encore les fosses et augmente la hauteur des planches.

» La troisième est la même opération, faite à une époque plus avancée de la croissance ; les fosses ont alors acquis de dix-huit pouces à deux pieds de profondeur (quarante — huit à soixante-quatre centimètres). » Les hommes qui travaillent à ces trois opérations ne marchent point sur les planches, mais seulement dans les fosses, d’où, avec une bêche, ils coupent d’abord toutes les plantes inutiles, et recouvrent ensuite de terre la surface de la planche, en prenant garde de couvrir les plantes qui ne sont pas encore assez hautes.

» Malgré cette perte énorme de terrain, les récoltes que l’on a par cette culture sont en général plus abondantes que celles obtenues de toute autre manière ; et plusieurs cultivateurs irlandais instruits, qui ont essayé la culture en rayons, sont revenus à la culture qu’ils désignent par le nom de lits ou de couches.

» Leur avantage n’est pas douteux dans les terrains humides, et il en est un grand nombre en Irlande qui ne doivent qu’à cette méthode le peu de fertilité dont ils jouissent : on y voit beaucoup de terrains tourbeux nourrir leurs malheureux ouvriers en leur fournissant d’abord leur principal aliment, ensuite de quoi élever des cochons et nourrir des vaches ; enfin, ce genre de culture rend ces terrains propres à quelques récoltes d’avoine et même de blé dans les parties les moins mauvaises. » Les fossés qui ont été pratiqués pour la préparation du champ et approfondis pendant le cours de la végétation se comblent en partie par l’arrachement des tubercules et par la préparation de la terre, que l’on forme en dos d’âne pour recevoir la céréale qui suit.

» Le fond de l’espace du sillon qui reste et ou il vient peu de plantes fournit un passage aux ouvriers, qui sarclent les blés à deux époques différentes de leur croissance avec un petit sarcloir à main. Enfin, lorsque, après une certaine rotation de récoltes, le tour des pommes de terre revient, quelques cultivateurs placent le milieu des nouvelles planches là où étaient les anciens fossés. »

§ 4. Époques auxquelles il convient de planter.

Peut-être déjà, en lisant les documens qui précèdent, s’est-on demandé pourquoi on n’a pas déterminé d’abord les époques auxquelles on doit confier les tubercules à la terre, pour obtenir une plus prompte et plus certaine végétation.

Mais si l’on considère que les jeunes tiges herbacées de la pomme de terre redoutent les gelées printanières, et que ce fléau ralentit la végétation et diminue souvent les produits ; que, de plus, dans les terrains siliceux, crétacés, naturellement arides, il convient de combiner la plantation avec l’époque de la formation des tubercules, pour que celle-ci ne coïncide pas avec des chaleurs qui leur seraient funestes ; on conviendra que la variation des saisons doit influer sur le choix du moment où l’on entreprendra les travaux, et qu’il a fallu aussi, avant tout, connaître l’étendue et la durée de ces travaux pour prendre une détermination, laquelle aussi est subordonnée au calcul des chances et des avantages qui résultent des produits précoces ou des ressources que l’on obtient par des plantations tardives [15].

Les observations que des cultivateurs éclairés auront faites annuellement dans les contrées où sont situées leurs exploitations seront donc les meilleurs guides que l’on puisse consulter.

Sous le climat de Paris, la plantation des pommes de terre a ordinairement lieu vers les quinze derniers jours de mars, ou dans les premiers jours d’avril, suivant le terrain et la température. Cette époque n’est pas tellement de rigueur, qu’on ne puisse l’avancer ou la retarder ; mais si l’on veut anticiper, il ne faut plus avoir de gelées à redouter, et il semble que le retard expose à moins d’inconvéniens ; on en a la preuve dans la plantation mémorable qui fut effectuée en 1785, plaines des Sablons et de Grenelle, au 15 mai, et qui réussit complétement, encore qu’elle ait eu lieu sans engrais dans un sol dont la stérilité était notoire, et que l’atmosphère ait refusé, pendant un mois et cinq jours, toute espèce d’arrosement.

§ 5. De la petite culture considérée comme industrie.

Les notions qui précèdent, et qui ont principalement la grande culture pour objet, s’appliquent aussi à la petite culture, qui, elle-même, n’est pas étrangère aux campagnes, au milieu desquelles elle offre souvent des produits abondans et d’excellente qualité.

Elle s’exécute à bras ; dans son travail, la charrue est remplacée par la pioche, et la houe même par la bêche ; elle devient une industrie intéressante dans les environs des grandes villes, et sur tout dans les environs de Paris, dont le terrain est léger, sec et hâtif ; elle doit donc trouver place dans cette Instruction.

Au commencement de mars, on plante au pied de quelque abri, formé par des côtes, ou sur une plate-bande au midi, ou dans toute autre position, pourvu qu’elle soit bien abritée ; on choisit une variété hâtive, telle que la truffe d’août, et on la dépose dans des fosses bien fumées ; on recouvre chaque pied de litière, pour hâter la germination. Après la sortie des pousses, on a soin de les garantir contre les gelées qui pourraient survenir ; enfin, on sarcle, on bine et on bute comme dans la culture ordinaire.

Dès le courant de mai, on trouve au pied des plantes de petits tubercules passablement formés, que l’on détache successivement pour la vente, sans détruire le pied, que l’on regarnit et que l’on rechausse à chaque cueillette. On conçoit que cette méthode ne peut être pratiquée généralement par la grande culture ; mais on peut profiter de cette indication pour tâcher d’obtenir quelques récoltes hâtives, afin d’attendre celles qui le seraient moins, et ainsi remédier au défaut de légumes potagers que l’on éprouve au temps de la moisson, pendant lequel on a le plus d’ouvriers à nourrir. Il semble qu’il ne faudrait, pour cela, que choisir un terrain en bonne exposition, le fumer davantage et planter, quinze jours ou trois semaines plus tôt [16], des espèces hâtives, telles que la truffe d’août, la schaw ou chave, et on obtiendrait des pommes de terre mangeables en juillet, quelquefois même à la fin de juin, selon la température de l’année.

§ 6. Des Récoltes.

Les précautions à prendre pour récolter les pommes de terre, loin d’être indifférentes, sont, au contraire, très essentielles, si l’on veut assurer la conservation des produits. La plupart des pommes de terre ne s’arrachent qu’en octobre et quelquefois plus tard> mais les hâtives doivent être arrachées les premières au fur et à mesure qu’elles mûrissent, afin d’éviter les repousses, que l’on doit craindre, surtout si la saison est humide [17]. Quelles que soient les pommes de terre que l’on recueille, il faut choisir un temps sec, et redouter les gelées prématurées, dont on doit les garantir lorsqu’elles sont sorties de terre.

On se sert, pour les arracher, d’une simple charrue, qui lève et retourne la terre entre les rayons ; par ce moyen, on peut déchausser un arpent et demi par jour : six enfans bien dirigés enlèveront à mesure les tubercules qui en proviennent, et les porteront, dépouillés de filamens et de chevelu, et à l’aide de paniers, au tas commun, où se fera le triage des grosses et des petites, même de celles qui seront entamées, parce que ces dernières devront être mises de côté pour être consommées d’abord.

D’autres, pour ouvrir la terre, se servent de bêches pleines ; mais elles exposent à couper les tubercules : aussi on préfère des fourches ou des houes fourchues. Quel que soit l’instrument dont on se serve, il faut enlever chaque pied avec le plus de terre possible, afin de mettre à la fois la plus grande partie des tubercules à découvert en retournant la motte ; après quoi, des enfans les ramassent.

Dans les terres légères, la récolte pourra souvent être faite en saisissant simplement la tige ; puis la tirant à soi, on enlève les racines en paquet, on les secoue, et les tubercules s’en détachent[18]. Lorsque les pommes de terre seront en tas, on devra encore s’assurer si aucunes ne sont pas tachées, pourries ou meurtries, et les mettre à part, ainsi que celles qui auraient des dispositions à germer ; car elles s’échaufferaient dans la masse et seraient dans le cas de la corrompre. Après avoir ainsi séparé les tubercules que l’on destine à une longue conservation, on doit, si le temps le permet et si l’on n’a point de gelée à craindre, les laisser se ressuyer sur le champ dont ils proviennent, sinon ils devront être transportés sous un hangar ou sur l’aire d’une grange et exposés à un courant d’air : à cet effet, on les étale et on les remue à plusieurs reprises, afin qu’elles se débarrassent de leur humidité surabondante et que la terre s’en détache.

Ces opérations, comme on l’a déjà observé, doivent être faites avec précaution, afin d’éviter les chocs et les froissemens, et en temps sec, parce que ce temps contribue à détacher promptement la terre qui enveloppe les tubercules et qu’en outre il facilite la marche des ouvriers et des voitures sur les terres remuées, par conséquent disposées A devenir fangeuses.

On a dit et on répète que la récolte des pommes de terre ne se fait ordinairement que lorsqu’elles sont parvenues à une parfaite maturité, si l’on n’est pas pressé par le mauvais temps ; et cette maturité s’annonce par la dessiccation des feuilles et des tiges [19].

Bien que la force de la végétation des pommes de terre soit très puissante et très active, cette plante n’en est pas moins sujette, comme les autres plantes, à des maladies.

Souvent on rencontre des plantes faibles et avortées, dont la langueur provient de la négligence apportée dans le choix des tubercules destinés à la plantation, et cette maladie est désignée sous le nom de pivre frisure ou frisolêe, parce que les feuilles des pieds qui en sont atteints paraissent frisées, sont repliées sur elles-mêmes et recoquillées : non seulement cette maladie diminue la quantité et la qualité des tubercules, mais elle les rend squirrheux[20].

M. Parmentier a aussi observé que la pomme de terre diminue de fécondité et de qualité à mesure que la même espèce occupe un même terrain pendant plusieurs années consécutives, d’où dérive la nécessité de changer de plant, même de lieu, et de régénérer les espèces ou variétés[21]. Bientôt on aura occasion de faire connaître les moyens pratiqués qui remédient à ces inconvéniens.



  1. Les terres compactes et humides y sont, il est vrai, moins propres que les autres ; mais, à leur égard, ne peut-on pas assainir le terrain par des écoulemens, ou le rendre plus léger par l’addition de terres, sableuses, etc. ?
  2. On utiliserait ainsi des champs que l’on n’aurait pas eu le temps de préparer plus tôt, et, dans ce cas, des pommes de terre hâtives seraient très convenables.
  3. Il serait plus considérable si généralement on cultivait mieux et si les espèces étaient bien choisies, puisqu'il est telle variété de pommes de terre qui, dans un sol convenable, produit jusqu'à deux cent cinquante hectolitres et plus par hectare.
  4. On ne parle point ici des produits du. maïs et du millet, ni du riz, attendu que l’évaluation du blé est plus positive et plus connue. 11 suffira de dire que le produit d’un hectare de maïs ou de millet est de près de quatorze hectolitres, et que l’on compte que l’hectolitre et demi de maïs ne contient pas plus de substance alimentaire que l’hectolitre de blé-froment. Voyez l’ouvrage de MM. Payen et Chevalier, intitulé De la Pomme de terre, de sa culture et de ses emplois, imprimé chez Auguste Barthelemy, 1826.
  5. Ils sont tirés des Mémoires de la Société royale et centrale, qui, à diverses époques, et spécialement lors des concours, a décerné des médailles à plusieurs cultivateurs qui ont donné de si bons exemples.

    1°. A Bourbon-Lancy, département de Saône-et-Loire, M. Carnat, propriétaire et négociant, a favorisé la culture des pommes de terre, qui a presque triplé dans le canton, soit en opérant pour son propre compte sur ses propriétés, soit en confiant des terres toutes préparées à des manouvriers de bonne volonté, qui les ont plantées et façonnées à moitié fruit.

    2°. Au Cap-Breton, département des Landes, le Conseil municipal a acheté des pommes de terre et les a distribuées aux habitans les plus pauvres et les plus laborieux, pour être plantées dans les terres en friche, distribution que le Conseil s’est proposé de continuer jusqu’à ce que cette culture soit parfaitement établie dans le pays.

    3°. A Quimperlé, département du Finistère, M. Maistre, outre les landes et les jachères qu’il a plantées pour lui-même en pommes de" terre, a encore fait planter, par et au profit de quatre habitans peu fortunés, quatre hectares, en leur abandonnant le produit sous la seule déduction des tubercules qu’il avait fournis pour planter, et dont il avait fait venir de Belle-Isle-en-Mer cinq chargemens, qui furent vendus par petites portions et sans bénéfice

    aux habitans des communes dans lesquelles les semailles de seigle avaient manqué.

    4°. M. Louis-Etienne Huré, propriétaire à Pont-sur-Yonne, département de l'Yonne, a, pour intéresser les pauvres à la culture des pommes de terre, fait louer, par sa mère, vingt arpens à vingt particuliers différens, à la charge, pendant trois ans de la durée du bail, de planter moitié de leur terre en pommes de terre, et l'autre en grains, afin d'en partager la récolte ; mais la disette ayant mis les fermiers dans l'impossibilité d'acheter les tubercules, il les a lui-même fournis, et la récolte a été de quinze pour un, quoique sur des terres médiocres et non fumées.

    5°. Aux environs d'Alais, département du Gard, on est très anciennement dans l'usage de donner des terres plus ou moins étendues aux pauvres laboureurs, à la condition d'y planter des pommes de terre. Dans quelques cantons, le propriétaire en fournit la moitié, ainsi que le fumier; souvent même il fait l'avance de la semence jusqu'à la récolte, et du fumier sans restitution,

    parce que plus la terre est amendée, plus la récolte des tubercules est bonne, ainsi que celle des grains que l’on y met l’année suivante. Le journalier fait tous les travaux préparatoires, laboure, plante, sarcle, bute et arrache.

    6°. Plusieurs riches propriétaires sont aussi parvenus à répandre les bonnes espèces en payant les ouvriers qu’ils avaient employés trois quarts en argent et un quart en bonnes pommes de terre. C’est ainsi que M. Dumont, maire à Saint-Ouen près Pontoise, en a usé, et qu’il a rendu un grand service aux cultivateurs qui avaient travaillé pour lui, en répandant parmi eux et en multipliant les bonnes variétés, qu’ils n’eussent pas songé à se procurer.

  6. Le fumier qui n’est pas trop consommé contribue à la multiplication des tubercules : si même on plante sur un lit de fumier, et dans de fortes terres, sur de bonne litière, on aura une abondante récolte ; mais le goût des pommes de terre sera moins savoureux.

    En Flandre, la plupart des fermiers font verser à la main une petite quantité d’engrais flamand (gadoue) à chaque pied, avec la précaution de ne toucher ni les feuilles ni les tiges. Les tubercules sont moins aqueux et ont une plus forte proportion de matière

    nutritive. Au reste, ce fumier devient moins actif par son mélange avec la terre des butages.
  7. Voyez l’ouvrage de MM. Payen et Chevalier.
  8. Peut-être, pour ces dernières, pourrait-on faire usage de la charrue-taupe. Voyez les Mémoires de la Société royale et centrale d’Agriculture, année 1827, page 170, 2e. partie, où elle est décrite
  9. M. Riot, propriétaire du domaine de Montérisson, département du Loiret, que nous aurons plus d’une fois occasion de citer, munit ses planteurs de paniers ou de corbeilles garnis de sangles, dont l’une passe sur l’épaule et l’autre autour de la ceinture, et dans lesquels sont les pommes de terre à planter ; ils ont aussi chacun un tube de fer-blanc à travers duquel passent les pommes de terre à mesure qu’on les y jette à la main, après l’avoir posé au point de la raie où il doit rester ; son sommet est en entonnoir, l’ouverture de sa base est échancrée des deux côtés en bec de plume. Il est de plus monté sur un pied, qui laisse une trace servant à marquer les intervalles à observer entre les plants, qui, à ce moyen, sont toujours placés à distances égales.

    Cet instrument prévient aussi la faute que commettent souvent ceux qui cultivent en poquets, ou qui réunissent plusieurs fragmens ou plusieurs petits tubercules dans un même point pour épargner la main-d’œuvre : cela emploie plus de semence, et les racines se confondent de manière à nuire au développement des tubercules.

  10. A ce sujet, M. Yvart observe qu’il est utile, lorsque les plantes sont élevées à trente-deux ou quarante-huit centimètres et prêtes à fleurir, de substituer à la houe à cheval le butoir dont il a donné la figure dans le Cours d’Agriculture, qui, également tiré par un cheval et dirigé par un homme, jette la terre sur Les côtés et au pied des rayons*. On ne saurait, dit-il, trop répéter qu’on est récompensé de ce travail non seulement par la récolte, mais encore par le succès des récoltes postérieures, qui en deviennent plus assurées, considération de la plus haute importance.
  11. La distance de deux pieds (soixante-quatre mètres) serait sans doute suffisante si la plantation était faite sur des lignes tirées au cordeau ; mais comme cela demanderait trop de temps, il y a avantage à prendre un plus grand intervalle.
  12. On peut aussi planter par poquets au point de section, et si la fossette n’est pas assez profonde, on creusera à la pioche et on recouvrira de suite ; mais il est plus prompt de faire le tout à la charrue.
  13. Voyez Annales agricoles de Roville, années 1827 et 1828.
  14. Voyez l’ouvrage de M. Huzard fils, ayant pour titre De la Culture en rayons, Paris, 1828.
  15. Ce sont les cultures tardives qui, en hiver et à l’arrière-saison, offrent le plus de ressources, et les cultivateurs ne négligeront pas la Tardive d’Irlande et ses variétés, dont on doit l’introduction en France à la Société royale et centrale d’Agriculture.
  16. C’est à dire vers le milieu ou la fin de mars.
  17. Car les jeunes tubercules qui repoussent avant d’avoir été arrachés mollissent, et les petits rejetons ne viennent jamais en maturité.
  18. La fouille est pourtant plus certaine si on ne veut pas qu’il en reste.
  19. Cette règle est la plus sûre, car on conçoit que les époques de la plantation, la différence des saisons et l’exposition peuvent avancer ou retarder la maturité, et si on saisit ce moment favorable, on n’aura pas à craindre les inconvéniens d’un trop long séjour en terre, qui, en excitant une nouvelle végétation altérerait la qualité des tubercules.
  20. Quelquefois cette maladie est occasionnée par le ver blanc, et il n’y a pas de remède.
  21. En général on ne doit pas mettre deux années de suite des pommes de terre sur un même terrain.