Hymnes profanes/V/Mélopée
Mélopée
Seul toujours ! et bercé par le bruissement
Du feuillage froissé par un souffle de vent
Qui passe aérien et doux comme un murmure
Ensommeillé de la nature.
Les calices brillants d’or, de soie ou de moire
Entr’ouverts tout à l’heure au chaud soleil d’été
Se sont clos doucement quand avec la nuit noire
Apparut le disque argenté,
Et poursuivant sa course autour de l’horizon,
La lune radieuse aux tapis de gazon
Jette à flots ses rayons qui font de la prairie
Comme un tapis d’orfèvrerie ;
Puis sur les toits d’ardoise où les rayons ruissellent,
Là-bas dans le lointain des reflets étincellent
Qui donnent l’illusion d’un long givre idéal
Résistant même à Floréal !
Mais tandis qu’au hasard mon rêve s’évapore,
La Nuit se fait plus claire et se lève l’Aurore,
Et je fuis le soleil flambant à l’horizon
Pour m’attarder à l’ombre et pleurer ma chanson.