Hymne intime (Guaita)

Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 91-92).


Hymne intime


Dans l’appel de la cloche au matin, le dimanche ;
Dans l’angélus lointain du soir ;
Dans le port des enfants de chœur en robe blanche,
Qui vont, balançant l’encensoir ;
Dans l’ample voix de l’orgue, et dans l’apothéose
Du clocher sur le couchant d’or ;
Dans l’énervant parfum de l’encens ; dans la pose
D'un vieux prêtre au chevet d’un mort ;

Dans la procession où la foule massée
Va, lente, et psalmodie en chœur ;
— Dans tout cela, je sens s’abîmer ma pensée
Tout attendrie à contre-cœur :
Et, frissonnant plus fort de mon trouble mystique,
Je me demande avec émoi
D’où sort l’involontaire et superbe cantique
Qui vibre et chante au fond de moi !


Juillet 1884.