Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 32

Charpentier (p. 162-173).
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XXXII

De 1823 à 1829 paraît, sous le titre de : les Trente-six Vues de Fougakou (Fouzi-yama), une série d’impressions célèbres, qui dans le principe ne devait compter que 36 planches, et dont le nombre a été porté à 46 planches.

Cette série en largeur, aux couleurs un peu crues, mais ambitieuses de se rapprocher des colorations de la nature, sous tous les aspects de la lumière, est l’album inspirateur du paysage des impressionnistes de l’heure présente.

1. Yéjiri (de la province de Sourouga).
Un coup de vent.


2. Ohno-shindén (de la province de Sourouga).
Transport de fagots par des bœufs.


3. Champs de thé de Katakoura (de la province de Sourouga).
Un homme ferrant un cheval.


4. Foujimi-no-hara (de la province d’Owari).
Un Japonais agenouillé dans le cercle d’une immense cuve qu’il assemble, et où l’on voit dans le fond le Fouzi-yama.


5. Un matin de neige à Ko-ishikawa (à Yédo).
Femme, indiquant d’un kiosque, le Fouzi-yama.


6. Todo-no-Oura.
Des tori-i dans l’eau, au bas desquels sont des pêcheurs de coquillages.


7. L’autre côté du Fouji, vu de Minobougawa (nom de rivière).
Chevaux au bord de la rivière.


8. Beau temps par un vent du Sud (daté 1825).
Le Fouzi-yama, en la coloration rouge d’une brique, avec quelques lézardes de neige à l’extrémité de son pic, et se détachant sur un ciel d’un bleu intense, tout rayé de nuages blancs stratifiés, qui donnent au ciel le caractère d’une plage, dont la mer vient de se retirer. Une impression de la plus grande originalité, et où l’artiste japonais a
la bravoure de rendre l’effet qu’il a vu, dans toute sa vérité invraisemblable.


9. Orage au pied de la montagne.
Le Fouzi-yama, vu tout pourpre, à la clarté d’un éclair.


10. Ascension des hommes.
Montée de Japonais, par des échelles, à la caverne de Fouzi-yama, déjà toute pleine de pèlerins.


11. Naroumi de la province de Kazousa.
Grand bateau couvert de nattes.


12. Oushibori de la province de Hitati.
Aménagement d’un grand bateau japonais, dont on ne voit que la moitié.


13. Le lac de Souwa, de la province de Shinano.
Une hutte sous un arbre.


14. Dans la montagne de la province de Tôtômi.
Des scieurs de bois débitant une énorme solive, s’élevant dans le ciel, portée sur quatre poutres. Une des planches les plus harmoniques, aux colorations simplement vertes et bleues, sur le jaune du papier, avec quelques rehauts d’encre de Chine.


15. La roue hydraulique de Ondén.
Une femme, un baquet sous le bras, une autre en train de laver, dans la chute d’eau un panier rempli d’herbages.


16. Inoumé-tôghé de la province de Kahi.
Le Fouzi-yama, d’un rouge brun à la base, d’un bleu d’outremer au milieu, puis blanc de neige, au sommet.


17. La surface de l’eau de Sansaka de la province de Kahi.
Le Fouzi-yama jaune d’ocre, reflété dans le bleu de la rivière.


18. La passe de Mishima de la province de Kahi.
Un gigantesque cèdre, dont trois hommes sont en train de mesurer le tronc de leurs bras étendus. Encore une de ces harmonieuses planches, faites de colorations bleues et vertes sur papier jaune : au fond les colorations de nos grisailles amoureuses du xviiie siècle.


19. L’Aube de Isawa de la province de Kahi.
Au-dessus de toits de chaume d’habitations de paysans, le Fouzi-yama tout noir, sauf l’extrémité du pic.


20. L’intérieur du flot en face de Kanagawa (à Tôkaïdô).
Planche, qui devrait s’appeler la Vague, et qui en est comme le dessin, un peu divinisé par un peintre, sous la terreur religieuse de la mer redoutable entourant de toute part sa patrie : dessin qui vous donne le coléreux de sa montée dans le ciel, l’azur profond de l’intérieur transparent de sa courbe, le déchirement de sa crête, qui s’éparpille en une pluie de gouttelettes, ayant la forme de griffes d’animaux.


21. Hodogaya sur le Tôkaïdô.
Le passage d’un pont de bateaux par des piétons et un Japonais à cheval, par un temps de neige.


22. Yoshida sur le Tôkaïdô.
Maison de thé, où hommes et femmes prennent du thé, fument, se reposent sur le banc intérieur de la maison, d’où par une grande baie on aperçoit le Fouzi-yama. Dans un coin un voyageur ramollit sa chaussure, à coups de maillet.


23. Kanaya sur le Tôkaïdô.
Norimon porté dans l’eau.


24. Plage de Tago près de Yéjiri sur le Tôkaïdô.
Une barque, au-dessus le Fouzi-yama, tout bleu.


25. Yénoshima de la province de Sagami.
Maison rustique dans une île.


26. Nakabara de la province de Sagami.
Porteurs près d’un petit monument bouddhique.


27. Shitiri-ga-hama de la province de Sagami.
Un bouquet d’arbres bleuâtres.


28. Le lac de Hakoné de la province de Sagami.
Paysage montant au-dessus de sommets d’arbres au bas de la planche.


29. Minesawa de la province de Sagami.
Assemblée de grues.


30. Tatékawa de Honjô (à Yédo).
Le quartier des chantiers de bois à Yédo, avec d’un côté ses piles de bois, et de l’autre ses assemblages de planches debout.


31. Le pont Mannén-bashi de Foukagawa (à Yédo).
Un bateau à l’avant.


32. La pagode des 500 Rakan (à Yédo).
Sur la terrasse de la pagode.


33. Le pin de Aoyama (à Yédo).
Pin à l’étendue des branches couvrant un terrain immense, branches que soutient une forêt de tuteurs.


34. Kajika-sawa de la province de Kahi.
Homme retirant, du haut d’un rocher, un filet jeté dans un lac.


35. Mégouro inférieur (à Yédo).
Faubourg de Yédo, où se fabriquent les meules pour écraser le riz.


36. Sénjû (un faubourg de Yédo).
Homme préparant pour un cheval la sandale de paille, employée avant l’adoption du ferrage.


37. Vue du Fouji à travers la ville des fleurs (Yoshiwara) du côté de Sénjû.
Une marche de porteurs de fusils dans des gaines rouges.


38. Tsoukouda-zima (une île à l’embouchure de la Soumida).
Barque chargée de ballots de coton.


39. Tamagawa (nom de rivière) de la province de Mousashi.
Petite barque sur cette belle et claire rivière, alimentant Yédo d’eau potable.


40. Fouzi vu de Shinagawa à travers Gotényama (à Yédo).
Montée de gens dans le paysage ; à droite collation sur un tapis.


41. Le pont Nihonbashi de Yédo.
La perspective des entrepôts.


42. Les magasins de Mitsui de Yédo.
Magasins d’objets de luxe.


43. Sourougadaï de Yédo.
Colline au centre de Yédo, porteurs gravissant un chemin.


44. Le temple bouddhique Hongwanji d’Asakousa de Yédo.
Le fronton de la toiture d’un des plus grands temples bouddhiques.


45. Le soir du pont Riôgokou, vu du quai des Écuries.
Une barque, où un homme laisse flotter un linge dans l’eau.


46. Le village de Sékiya, au bord de la Soumida.
Trois cavaliers galopant sur la route.


À cette série des Trente-six Vues du Fouzi, se joignent comme impressions de la même facture, la série des Cascades et la série des Ponts.

La première série intitulée : Shokokou Takimégouri, Voyage autour des cascades, publiée vers 1827, se compose de huit planches en hauteur. C’est sans doute, vu le nombre des cascades célèbres qui existent au Japon, une série qui devait être continuée.

1. Cascade Kirifouri (de la rosée tombante) dans la montagne kourokami-yama (montagne de cheveux noirs) de la province de Shimozouké.
Trois Japonais en contemplation devant la cascade.


2. Cascade de Ono sur la route de Kiso.
Cinq porteurs sur un pont.


3. Kiyotaki (cascade pure) de Kwannon de Sakanoshita, sur la route de Tôkaïdô.
Montée de gens vers un temple de Kwannon.


4. Mouma araïnotaki, cascade à Yoshino, dans la province d’Izoumi.
Cascade, où le guerrier Yoshitsouné a lavé son cheval, et où, par une allusion à ce souvenir historique, il est représenté dans cette impression un cheval rouge, qu’un homme est en train de laver.


5. Amida-ga-taki (cascade de Bouddha) au fond de la montagne de Kiso.
Trois Japonais en train de faire une collation, au bas de cette cascade, dans la chute de laquelle, le Japon voit une ressemblance avec la tête d’un Bouddha.


6. Cascade de la colline des mauves (Aoyégaoka) à Yédo.
Un homme s’épongeant le front, appuyé sur le bâton de ses paniers.


7. Cascade de Rôbén (nom d’un ancien prêtre), dans la montagne Ohyama, province de Sagami.
Gens se baignant dans la cascade.


8. Yôrô-no-taki (cascade de Yôrô) dans la province de Mino.
Un groupe de Japonais assis, se reposant au bas de la cascade.



La série des Ponts intitulée : Shokokou Meikiô Kiran, vues pittoresques des ponts de diverses provinces, et publiée de 1827 à 1830, se compose de onze planches en largeur.

1. Le pont de la Lune crachée (reflétée) dans la montagne Arashiyama de la province de Yamashiro.
Pont sur pilotis de bois.


2. Pont de bateaux de Sano, de la province de Kôzouké.
Pont sur un cours d’eau très variable, relié avec des cordages, sur lesquels sont jetées des planches.


3. Koumo-no-kakéhashi (le pont du nuage), dans la montagne Guiôdôsan à Ashikaga.
Pont reliant les deux pics d’une montagne.


4. Tsouribashi (pont suspendu) sur la frontière des deux provinces de Hida et de Yettchû.
Un pont de cordage avec un filet dessous : un vrai pont d’acrobates.


5. Kintaïbashi dans la province de Sou-wô.
Pont avec des piles en pierre et un tablier de bois.


6. Yahaghi-no-hashi de Okazaki, sur la route de Tôkaïdô.
Pont courbe en bois sur piliers très élevés : forme nécessitée par la fonte des neiges au printemps.


7. Taïko bashi (pont de tambour) du temple de Ténjin de Kameïdo à Yédo.
Pont, à la forme surélevée de terre et rondissante d’une moitié de tambour.


8. Les ponts de Tempôzan sur la rivière Kazikawa dans la province de Settsou.
Deux ponts, près de Ohsaka, reliant une petite île pittoresque à la terre ferme.


9. Temma bashi (à Ohsaka) province de Settsou.
Représentation sur ce pont de la fête des Lanternes.


10. Le pont de Foukouï de la province de Yétizén.
Un pont moitié en pierre d’un côté, moitié en bois de l’autre, séparant deux districts de la même province dont l’un était régi par un daïmio riche, l’autre par un daïmio pauvre.


11. Yatsou-hashi (le pont en 8 parties) de la province de Mikawa.
Un pont, aux compartiments zigzaguant sur un vaste marais, de la forme de ces châssis mobiles sur lesquels les enfants font avancer des soldats, un pont élevé, pour aller voir dessus, la floraison des iris du marais.