Histoire de Miss Clarisse Harlove/Lettre 368

Traduction par Abbé Prévost.
Boulé (IIp. 543-544).


Miss Charlotte Montaigu à M Belford.

au château de M, 15 septembre.

Monsieur,

une attaque de goutte ôtant à milord le pouvoir de se servir de sa plume, il m’ordonne de vous informer qu’avant l’arrivée de votre lettre, M Lovelace se disposait à passer dans les pays étrangers. Nous nous efforcerons, par les motifs que vous nous representez, de lui faire hâter son voyage.

Vous auriez peine à vous imaginer combien nous sommes pénétrés de la mort de Miss Harlove. Depuis cette fatale nouvelle, mes deux tantes n’ont pas eu un moment de repos et de santé. Nous nous étions proposé, avec complaisance, de cultiver sa connaissance et son amitié après le départ de M Lovelace ; et nous nous serions soumises à toutes les conditions qu’elle aurait voulu nous imposer. La bonté qui l’a fait penser à nous dans ses dernières dispositions, renouvelle nos regrets pour cette irréparable perte ; mais elle ne saurait les augmenter. Nous ne cesserons jamais de porter les chers gages de son souvenir, s’ils résistent au pouvoir des années, comme nous pouvons l’assurer de notre reconnaissance et de tous nos autres sentimens.

Tout le monde se promet ici que vous n’épargnerez rien pour arrêter les suites de ce malheureux événement. Je suis, monsieur, votre, etc.