Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil/Huit pièces de vers adressées à de Léry



SONNETS ADRESSÉS A LÉRY
________


A IEAN DE LERY


sur son discours de l’Histoire de l’Amerique.


J’honore cestuy-la qui au ciel me pourmeine,
Et d’icy me fait voir ces tant beaux mouvemens :
Je prise aussi celuy qui sçait des Elemens
Et la force et l’effet, et m’enseigne leur peine.
Je remerci celuy qui heureusement peine
Pour de terre tirer divers medicamens ;
Mais qui me met en un ces trois enseignemens,
Emporte, à mon advis, une louange pleine.
Tel est ce tien labeur, et encores plus beau,
DE LERY, qui nous peins un monde tout nouveau,
Et son ciel, et son eau, et sa terre, et ses fruits ;
Qui sans mouiller le pied nous traverses l’Afrique,
Qui sans naufrage et peur nous rends en l’Amerique
Dessous le gouvernail de ta plume conduits.

L. Daneau. 1577.

 

________


P. MELET A M. DE LERY,


son singulier amy.


Icy (mon de Lery) ta plume as couronnée
A descrire les moeurs, les polices et loix,

 
Les sauvages façons des peuples et des Roys
Du pays incognu à ce grand Ptolomée.
Nous faisant veoir de quoy celle terre est ornée,
Les animaux divers errants parmy les boys,
Les combats tres-cruels, et les braves harnois
De ceste nation brusquement façonnée ;
Nous peignant ton retour du ciel Ameriquain,
Où tu te vis pressé d’une tres-aspre faim.
Mais telle faim, helas, ne fit si dure guerre,
Ni la faim de Juda, ni celle d’Israel,
Où la mere commit l’acte enorme et cruel,
Que celle qu’as ailleurs escrite de Sancerre.

 

________



SONET A IEAN DE LERY
sur son Histoire de l’Amerique.


 
Malheur est bon (dit-on) à quelque chose,
Et des forfaits naissent les bonnes Loix.
De ce, Lery, l’on voit à ceste fois
Preuve certaine en ton Histoire enclose :
Fureur, mensonge et la guerre dispose
Villegagnon, Thevet, et le François,
A retarder de ta plume la voix,
Et les discours tant beaux qu’elle propose.
Mais ton labeur, d’un courage indomté,
Tous ces efforts enfin a surmonté ;
Et mieux paré devant tous il se range.
Comme cieux, terre, hommes et faits divers
Tu nous faits voir, ainsi par l’univers
Vole ton livre, et vive ta louange.

 

________


SONET


Sur l’Histoire du voyage de l’Amerique
Par B.A.M.


Tes honnestes labeurs, qui repos gracieux
Donnent aux bons esprits (LERY, tu me peux croire),
Ne cessent d’assembler ès thresors de memoire
Une riche moisson d’usufruit precieux.
Mais comme le malade en degoust vicieux
Trouve le doux amer, et sucre ne peut boire,
Ainsi ne faut douter que ta gentille Histoire
Ne rencontre quelque oeil louche et malicieux.
Or say tu que je crain ? Que tu as osé mordre
Ce benoist sainct Thevet, lumiere de son ordre,
Cest autre sainct François à flater et mentir,
Et à calomnier, devote conscience.
N’as tu peu (De LERY) l’Alcorane science
Lire devotement, y croire et consentir ?

________


EIS AEPAION


(texte en caractères grecs, en attente)

Is. Cas.
________


AD IOANNEM LERIUM
Americanas Historiae scriptorem.


Ignotas quondam & nostro procul orbe remotas
Gentes monstrosa barbarieque feras ,
Stridentesque sonos linguae, ventresque nefandos,
Humanis saturos carnibus, ecce, refert.
Credo eqaidetn, Leraee ; doces nam visa : sed, euge,
Te dignum nodum undice solve precor.
Talia, dic, portenta hominum, tam rara benigni
Temperiés cœli num generare queat ?
Et quos inculta mites créât arbore fruAus,
Mite solum indomita fertilitate nitens ?
Horrida monstra hominum,quaeris, num gignat amœna
Temperies cœli, fertilitasque soli ?
Gignit. Sed causas doceant qui femina rerum,
Quique arcano tenent interiora viri.
Num maiora vides hominum portenta creari,
Quae cœlum multo initias atque solum ?
Testis culta novem studiis Europa sororum,
Quae toto princeps erigit orbe caput.
Hic quam horrenda vigent pudeat memorare, libellis
Ut possit nostris maior adesse fides.

I. I. B.
_________



In Historiam Americanam
AB lOANNE LERIO CONSCRIPTAM.


Immanes mores tu qui audis, & essera monstra,
Quae fert terra orbis nomine dicta novi :

Miraris pedus plus quam gestare ferinum,
Humanos vultus, oraque sueta polo.
Primorum sunt haec noxae monimenta parentum,
Infecit tristi quae genus omne malo :
Hic veri quondam simulachrum numinis, amens,
In saevas meruit degenerasse feras.
Sunt quibus indulsit cœli clementia larga,
Unde foret cultu mitius ingenium.
Cultior hic mores, ni vitae temperet usus,
Omnes consimilis barbaries teneat.

St. T.


IN lOANNEM LERIUM
Ejusque de Americana peregrinatione historiam.


Tanta novi, Lerœe, refers miracula mundi,
Tamque novas rerum, tamque hominum facies,
Ut cupiam lustrare oculis iam singula, ni me
Terreat unda furens, barbariesque virum.
Atqui tolle moras, cupidum perque omnia deduc :
Nobis Oceano sat via tuta patet.
Tuto inter fœvos, humanaque viscera flammis
Torrentes, fast est vivere Lœstrigonas.
Oceanum rabie superat gens galla furentem,
Et superat fœvos barbara Lœstrigonas.

G. M. N.