Hier après dîner, trois heures environ

Hier après dîner, trois heures environ
Les Œuvres de Jean Godard, volume 5, tome 1Pierre Landry (p. 187).
XCI

Hyer aprez diſner troys heures enuiron
Ie ſurpris en dormant dans ſa chambre m’amie,
La perleuſe fueur de ſa face endormie
Alloit le long du ſein roulante en ſon giron.
Cupidon l’eſuentoit auec ſon aileron :
Son ſein & ſa poitrine estoit nue à demie.
Tellement qu’on voyoit ſur ſa glace affermię
Ainſi qu’on mont de lait ſon tettin ferme & rond.
Les Zephyrs eſuentoyent ſes cheveux par ondees :
Les Amours volletoyent ſur ſes leures bordees
De roſe, & toutesfois de peur de l’eſueiller,
Ie n’oſay pas baiſer ſon teint de lis & fraiſe :
Car fi au doux ſommeil elle trouuoit de l’aiſe
Et moy encore plus à la voir ſommeiller.


Français modernisé[1]


Hier après dîner, trois heures environ,
Je surpris en dormant dans sa chambre m’amie.
La perleuse sueur de sa face endormie
Allait le long du sein roulante en son giron.

Cupidon l’éventait avec son aileron,
Son sein et sa poitrine était nue à demie,
Tellement qu’on voyait sur sa glace affermie
Ainsi qu’un mont de lait son tétin ferme et rond.

Les Zéphyrs éventaient ses cheveux par ondées.
Les amours voletaient sur ses lèvres bordées
De rose, et toutefois de peur de l’éveiller,

Je n’osai pas baiser son teint de lys et fraise,
Car si au doux sommeil elle trouvait de l’aise,
Et moi encore plus à la voir sommeiller.

  1. Ne figure pas dans l’ouvrage original