Grands névropathes (Cabanès)/Tome 3/10

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NICOLAS GOGOL

« Malheur, dit l’Écriture, aux peuples qui lapident leurs prophètes ! » À quelle nation autant qu’à la Russie pourrait s’appliquer cette parole, devant le spectacle qu’elle nous a offert d’un bouleversement sans précédent dans les annales du monde !

Que de grands noms, dans le passé, s’inscrivent au martyrologe de ce peuple !

C’est Griboiédov, massacré par la populace de Téhéran, où il remplissait les fonctions de ministre plénipotentiaire ; c’est Wenevitinov, mort à vingt-deux ans, « abreuvé d’outrages par la société » ; c’est Dostoïevsky, envoyé au bagne sibérien, et qui y resta les deux tiers de son existence… À Nicolas Gogol le destin n’a pas réservé un meilleur lot.

Mort précocement, à peine âgé de quarante-trois ans, sa fin n’a été que l’aboutissant logique d’une névrose, dont nous aurons à fixer les étapes douloureuses en nous appuyant à la fois sur l’histoire de sa vie et l’étude parallèle de son œuvre. Non point que celle-ci reflète, comme par exemple celle de Dostoïevsky, un tempérament qui la marque à son empreinte ; nous y pourrons, néanmoins, déceler quelques indices qui nous permettront de la ranger dans ce qu’on a justement appelé la littérature pathologique.

Disons tout d’abord que Gogol fut, avant tout, un peintre de mœurs ; c’est, comme l’ont souligné la plupart de ses biographes, « le portrait exact et frappant de la Russie qu’on trouvera dans celles de ses œuvres qu’il n’a pu détruire avec lui… On tomberait dans une grave erreur, on n’élèverait point Gogol à sa véritable place, si l’on se bornait à le traiter en écrivain de fantaisie, en humoriste à la manière de Swift ou de Sterne. Ce serait ne voir qu’un seul côté de son talent, le plus petit, et se préoccuper seulement de la forme de ses écrits ; ce serait surtout ne pas comprendre sa haute signification historique[1] ».

Gogol est unanimement reconnu comme le créateur du roman russe ; titre de gloire suffisant pour justifier l’intérêt que lui ont témoigné et la critique française et celle de son propre pays.



MÉRIMÉE
(Gravure de la collection de l’auteur)

C’est Mérimée qui a révélé à la France le nom de Gogol, jusqu’à lui resté à peu près inconnu ; mais l’auteur de Carmen n’avait d’autre dessein que de nous faire connaître une rareté littéraire. Aujourd’hui nous exigeons davantage, et notre curiosité s’attache autant qu’à l’homme à la race dont il est issu.

L’écrivain, consacré par les suffrages de ses compatriotes, nous apparaît, pour employer le langage magnificent de M. de Vogüé, « comme un gardien à qui tout un peuple a confié son âme pour un moment[2] ». C’est le secret de l’âme russe que nous chercherons à travers celui qui s’est efforcé à l’exprimer, à nous en communiquer les moindres vibrations.

Chez Gogol se retrouvent les qualités et les défauts de la nation à laquelle il appartient : « Mélange contradictoire de tristesse et de gaieté, de mélancolie et d’enjouement ; d’idéalisme s’exagérant jusqu’à la fantaisie et même au fantastique, mais aussi de réalisme retombant jusqu’à la grossièreté vulgaire et même à la trivialité[3]. »

Si le fond du caractère russe est la mélancolie, allant parfois jusqu’à un pessimisme confinant à la désespérance, le milieu suffit à l’expliquer : « La plaine monotone où il passe sa vie ; le climat rigoureux qui l’oblige, pendant les deux tiers de l’année, à suspendre toute vie active au dehors ; le sentiment religieux développé par cette vie difficile et isolée ; les maux d’une organisation sociale souvent défectueuse[4]. »

Mais il est un autre élément à ne pas négliger, si l’on veut pénétrer plus avant dans la psychologie de Gogol : il convient de ne pas oublier que Gogol n’est pas un Grand-Russien de Moscou, mais un Petit-Russien de l’Ukraine. C’est pour tout dire un méridional, « à l’esprit vif, imagé, porté à la satire ou simplement à la gaieté, sans arrière-pensée ». Son ironie, son humour, son ton d’esprit, à la fois persifleur et sentimental, ce sont traits qui lui viennent de son pays d’origine. Si parfois il apparaît triste, le rire ne tarde pas à fuser à travers les larmes ; mais sous le sarcasme de la raillerie se laisse deviner l’immense pitié pour les souffrants, le sentiment de charité et d’amour pour les humbles[5], qui seront mis plus tard en un relief plus accusé par Dostoïevsky.



UN TRAÎNEAU DANS L’UKRAINE
d’après une peinture de Chelmonski
(Extrait du Magasin pittoresque)

Tenant compte sans toutefois les exagérer des théories de Taine sur la formation physiologique du talent et du génie, nous devons, également, rechercher chez Gogol l’influence du climat.

Pour l’homme de la steppe, cette vue d’horizon sans limites, cet espace que parcourt le regard sans en apercevoir les bornes, l’inclinent au rêve, au repliement sur soi et bientôt à l’amer désenchantement ; mais l’habitant du Midi ne ressent cette impression que dans les rares journées où le ciel se dépouille de sa clémence : on compte dans les sphères méridionales les journées sombres où le soleil est avare de ses rayons. Les Veillées de l’Ukraine, où Gogol a placé les souvenirs de son enfance, dont il nous dépeint la vie de village en Petite-Russie, réjouissent le lecteur plutôt qu’elles ne l’attristent ; c’est que le pays ukrainien est beaucoup moins monotone que les vastes plaines de la Russie du Nord : « On y trouve des prairies qui ondulent, des vallées qui s’enfoncent mystérieusement ; et le steppe cosaque lui-même est loin d’être un désert stérile et sans ornements[6]. »

La famille de Gogol compte dans ses ascendants de ces Cosaques zaporogues, « recrutés parmi des brigands et des serfs fugitifs, toujours en guerre contre tous, sans autres lois que celle du sabre ». Ses instincts errants, son goût de l’aventure et du merveilleux, le romancier, selon toute vraisemblance, les a pris, pour la grande part, à cette source. C’est le sang des Cosaques, de l’aventurier errant, qui s’atteste chez lui, par un brusque retour d’atavisme, un jour où ayant reçu de sa mère une somme destinée à libérer la maison paternelle d’une hypothèque, le jeune Nicolas se jette sur un bateau en partance, pour fuir n’importe où, devant lui, sans but déterminé. Le précoce vagabond descendit à la première escale, erra dans la ville jusqu’à épuisement du contenu de sa bourse et, guéri momentanément de ce court accès d’humeur voyageuse, reprit, un peu désabusé, le chemin de Pétersbourg. Plus tard, nous aurons à noter d’autres fugues, plus lointaines, qui nous permettront de le ranger dans la catégorie de ceux que les spécialistes sont décrits sous l’étiquette de dromomanes ; mais avant d’arriver là, nous allons poursuivre l’étude bio-psychologique de ce personnage complexe ; aussi bien y serons-nous aidé par les nombreux travaux d’exégèse qui lui ont été consacrés.

Nikolaï Vassiliévitch Gogol naquit dans un bourg du gouvernement de Poltava ; sa famille descendait d’un fameux ataman ou hetman d’un corps de Cosaques, Ostap Gogol[7].



GOGOL

Son grand-père, ancien attaché à la chancellerie des Cosaques Zaporogues, amusa son enfance avec les histoires vécues par ces héros quasi légendaires, dont l’enthousiasmaient les extraordinaires équipées. « Mon grand-père, dira-t-il plus tard, savait très bien conter. Quand il parlait, je n’aurais pas bougé de toute la journée. Mais ces longs récits, dans lesquels il nous dépeignait le bon vieux temps, les expéditions des Zaporogues, des Polonais, les exploits de Podkova, de Sahaïdatchni, étaient loin de nous intéresser aussi vivement que certains vieux contes qui nous faisaient frissonner et dresser les cheveux sur la tête. Quelquefois j’avais si peur que la nuit je ne rêvais que de choses horribles[8]… »

Le père de Gogol, avec non moins de verve, narrait les exploits de ses rudes ancêtres : il savait, en outre, agrémenter ses récits d’une pointe de gaieté. Il était, d’ailleurs, pourvu d’une instruction assez solide, qu’il avait fortifiée par de nombreuses lectures. Il aimait recevoir chez lui toute la noblesse des environs, à laquelle il donnait le régal de spectacles d’amateurs, qu’il se plaisait à composer et dont il surveillait lui-même la mise en scène.

Si la première moitié de l’œuvre de Gogol n’est que « la légende de la vie de l’Ukraine », c’est que l’enfant a été bercé aux récits de l’aïeul, survivant des époques héroïques ; sa jeune imagination s’est emplie des histoires qu’il a entendues ; mais l’influence de sa mère[9] a aussi contribué à développer en lui le goût de l’étude des mœurs et des traditions populaires.

« Vous avez, écrit Gogol à sa mère, au moment où il cherche « à se documenter » auprès d’elle, vous avez l’esprit sagace, observateur, vous connaissez très bien les coutumes et les habitudes de la Petite-Russie. »

Et il demande à celle pour qui il conserva toujours une sorte de vénération, de lui donner l’explication de quelques jeux de cartes, de lui envoyer tous les renseignements qu’elle pourra lui fournir sur les coutumes locales ; de lui communiquer les mémoires que ses aïeux auraient pu laisser, soit sur leur propre famille, soit sur d’autres ; des manuscrits anciens, « du temps des hetmans, ou quelque autre chose de ce genre[10] ».

En sa qualité de Petit-Russien, Gogol s’est senti de bonne heure attiré par le surnaturel ; il l’effrayait et le charmait à la fois.

Ses premières nouvelles accusent cette tendance au fantastique, au diabolique. Satan en est, le plus souvent, le héros principal, Satan ou un de ses suppôts. Les sorcières jouent également leur rôle dans ces récits ; mais celles-ci ne se cachent pas sous les traits de bêtes immondes et répugnantes ; ce sont de gracieuses ondines aux longs cils, aux yeux clairs et perçants, aux épaules et aux jambes arrondies et fermes, ces sirènes du Nord à la voix enchanteresse, d’autant plus dangereuses qu’elles ont plus de séduction. Sorcellerie naïve peut-être, mais qui est comme « l’hommage craintif, et touchant dans ses craintes, que rendent ces âmes barbares à l’éternel pouvoir de la beauté et de l’amour[11] ».

Le conte intitulé Viy, qui a été traduit dans notre langue sous le titre : Le roi des Gnomes[12], et le roman épique Tarass Boulba, sont : le premier, une histoire de sorcellerie ; le second, une épopée russe, ou plutôt une épopée petite-russienne. Gogol y chante la lutte contre l’ennemi séculaire, les Polonais ; et ce sont les Cosaques Zaporogues, conduits par leur vieux chef Tarass Boulba, qui fournissent les héros du drame[13].

Que ce soit sous l’influence des Allemands, plus particulièrement celle d’Hoffmann, ou que Gogol ait eu une propension naturelle pour les « diableries », il est certain que le fantastique exerçait sur lui une véritable fascination ; il croyait au diable et il le redoutait. Il était un peu, selon l’amusante boutade de M. Louis Léger[14], comme ces enfants qui se font peur à eux-mêmes, par les scènes horrifiques qu’ils imaginent.

Dès le début de sa carrière d’écrivain se trahit, chez Gogol, une sorte d’anxiété qui prendra de plus en plus un caractère pathologique.

Ses premières lettres accusent un tempérament inquiet, original, ombrageux. Dans sa correspondance avec ses parents, il se montre accablé de tristesse : « Chaque jour, ses larmes coulent » ; il se plaint qu’il « souffre de la poitrine ».

Lorsque son père meurt, il en est moralement très affecté ; il écrit à sa mère qu’il a « complètement changé », « qu’il ne s’appartient plus, fuyant d’une place à l’autre », sans pouvoir se consoler ni s’occuper de rien. Il « compte les minutes », demande à tous les commissionnaires s’il n’y a pas de lettres pour lui, mais reçoit toujours la même réponse : Non ! et il revient dans sa modeste chambre qui lui est « devenue odieuse ». C’est, d’après quelqu’un[15] qui paraît l’avoir bien jugé, « une nature complexe, nerveuse, dont les dispositions changent très souvent, avec une tendance naturelle à la mélancolie ; une nature très fière et cachée, qui a une haute opinion d’elle-même, et la conviction qu’un jour viendra où elle saura justifier cette opinion ».

Marquons, au passage, un trait qui n’est pas négligeable pour éclairer la psychologie du personnage : Gogol n’a jamais connu l’amour ! La femme ne joue qu’un rôle secondaire dans son œuvre, elle n’en a joué aucun dans sa vie. Est-ce timidité, est-ce orgueil ? Cet éloignement du sexe peut-il s’expliquer par une conformation physiologique d’une nature spéciale ? On comprendra notre réserve et notre hésitation à nous prononcer, à défaut de confidences que l’intéressé ni ses proches n’ont jugé à propos de nous livrer.

On a reproché à Gogol de n’avoir pas su peindre la femme, d’en avoir tracé des portraits de pure fantaisie ; ou, lorsqu’il a tâché de les faire ressemblants, d’avoir témoigné pour elles d’une telle aversion, d’un tel parti-pris, qu’ils n’offrent aucun caractère de vérité, ni même de vraisemblance. Peut-être serait-il plus exact de dire qu’il a connu la femme et qu’il l’a dépeinte à sa manière, en satiriste, ne la traitant pas avec plus d’indulgence qu’il n’en a exercé à l’égard du sexe fort.

Lorsqu’il sera parvenu à échapper à la « contagion byronienne », lorsqu’il aura délibérément renoncé aux procédés de l’école romantique, sa misogynie se donnera libre cours ; et l’on croira entendre l’écho lointain du misogyne de génie, dont il ne fit pas oublier toutefois les éloquentes apostrophes.

« Les femmes, dira le petit-fils spirituel de Jean-Jacques, sont des êtres à part, tout à fait à part. Allez donc essayer de saisir, d’expliquer, d’examiner à la loupe le quart de ce qui passe d’idées sur leur front en un quart d’heure : je le donne aux plus habiles[16]. »

Ailleurs il confesse qu’il a « une peur effroyable de parler des dames[17] ».

« Leurs yeux seuls sont déjà un domaine tel que si une fois vous y pénétrez par un endroit ouvert devant vous, c’en est fait de vous : il n’y a pas de crochet assez fort qui puisse vous retirer de là[18]. »

Ainsi se trouve expliquée l’exclamation du personnage de la Foire de Sorotchinetz :

« Seigneur Dieu, pourquoi une pareille plaie sur nous autres pécheurs ? Il y avait déjà assez de vilaines choses dans ce monde, et tu nous a encore encombrés de femmes[19] ! »

Il fut, du reste, toujours gauche avec elles. « Le hohol, c’est-à-dire Gogol, — Mme Smirnova avait l’habitude de désigner chaque familier de son salon d’un surnom pittoresque ; or, hohol était des mieux imaginés, puisque le mot peut se traduire littéralement par la « huppe », à cause du toupet de cheveux qui caractérise les Cosaques et que portait Nicolas : — le hohol… m’a paru gauche, timide et triste », tel nous le présente la grande dame qui avait su réunir autour d’elle une société d’élite et qui a mérité d’être appelée la Notre-Dame de Bon-Secours de la littérature russe en détresse. Pouchkine, seul, était arrivé à apprivoiser le hohol récalcitrant ; il avait tant taquiné Gogol sur sa sauvagerie et sa timidité, qu’il avait fini par lui donner plus de hardiesse, plus de confiance en soi.

Pouchkine a exercé sur Gogol une véritable emprise ; c’est grâce à Pouchkine qu’il fut accueilli dans les salons, dans les revues ; c’est à Pouchkine qu’il a fait honneur de la paternité des Âmes mortes, qui a tant contribué à asseoir sa réputation.

« Pouchkine, écrit-il, m’engageait depuis longtemps à entreprendre une grande composition. Un jour, il me représenta ma faiblesse de complexion, mes infirmités qui pouvaient amener une mort prématurée : il me cita l’exemple de Cervantès, auteur de quelques nouvelles de premier ordre, mais qui n’aurait jamais occupé le rang qu’on lui accorde parmi les grands écrivains, s’il n’eût pas entrepris son Don Quichotte. Pour conclure, il me donna un sujet de son invention, d’où il comptait tirer un poème, et qu’il n’eût jamais donné, ajoute-t-il, à un autre qu’à moi : c’était le sujet des Âmes mortes : l’idée première du Reviseur m’était aussi venue de lui[20]. »

Jusque-là Gogol ne s’était fait connaître que par des études de courte haleine. Le Portrait est l’histoire d’un jeune peintre, réduit à la misère, qui, tout à coup, découvre un sac d’argent caché derrière le cadre d’un tableau, acquis d’occasion. C’était le portrait d’un vieillard « au visage bronzé, amaigri, aux pommettes saillantes : les traits de la figure semblaient avoir été dessinés lors d’une contraction nerveuse… Il paraissait n’avoir pas été complètement achevé, mais la force du pinceau était frappante.



POUCHKINE
dans un groupe de poètes russes
d’après la Revue encyclopédique (1899)

« Ce qu’il y avait de plus extraordinaire, c’était les yeux. Ils regardaient dans le portrait lui-même, détruisant ainsi son harmonie par leur force étrange. C’étaient des yeux vivants, des yeux humains. On eût dit qu’ils avaient été enlevés à un homme encore en vie, pour être posés dans ce tableau. Ce n’était plus ce sentiment de jouissance profonde qui enveloppe l’âme entière, lorsqu’on contemple l’œuvre d’un peintre, quelqu’effrayant qu’en soit le sujet. C’était un sentiment maladif, irritant. »

Aussitôt en possession du « magot » si opportunément découvert, l’artiste n’a qu’une hâte, c’est de mener l’existence luxueuse qu’il a rêvée depuis tant d’années ! En même temps que la fortune, il lui est venu un désir de gloire ou, à son défaut, de notoriété, qui en est la menue monnaie. Toutes ses ambitions seront satisfaites, mais il aura bientôt du remords d’avoir quitté l’art pour le métier.

Les succès des autres l’irritent, l’exaspèrent. Puis il lui semble que les yeux étranges du vieillard ne le perdent pas de vue, lui adressant comme un muet reproche d’avoir renoncé au labeur qui fait la dignité, l’honneur de l’existence. Il voit partout ces yeux le poursuivre, même pendant le sommeil, et il finit par devenir fou.

Dans le Manteau, c’est d’un vieux petit employé qu’il s’agit ; attaché à son administration depuis si longtemps, que « tous les directeurs et chefs de service qui se sont succédé l’ont vu toujours à la même place, dans la même situation, appliqué au même travail, avec le même titre, en sorte qu’on pouvait croire qu’il était venu au monde avec son front chauve et son petit uniforme ». Nulle part on n’eût pu rencontrer employé plus appliqué à sa tâche que le pauvre Akakii.

« Il travaillait non seulement avec zèle, mais avec amour… La joie qu’il éprouvait à copier se reflétait sur son visage. Il y avait certains caractères qu’il se plaisait surtout à tracer. Quand il en venait à ce détail favori de calligraphie, on le voyait sourire, cligner des yeux, pincer des lèvres, de telle sorte que ceux qui le connaissaient pouvaient lire sur sa physionomie la lettre qu’il dessinait. »

Tout à sa manie, rien ne l’attirait dans le monde ; ni bals, ni concerts, ni théâtres, ne le tentaient. « Après s’être délecté à écrire, il se couchait en pensant aux joies du lendemain, aux belles copies que le bon Dieu allait lui confier. »

Mais où est-il question de manteau ? Pourquoi un pareil titre ? Nous y arrivons.

Akakii portait un pardessus usé, râpé jusqu’à la corde ; et, malgré les nombreuses pièces qu’il avait mises aux endroits déchirés, le vêtement avait besoin d’être remplacé. Mais comment se procurer la somme nécessaire pour une aussi grosse dépense ? Un de ses chefs, prenant en pitié sa détresse, lui donne à faire des rapports pour un tribunal : « il fallait changer les titres de certains actes, et, çà et là, remplacer le prénom de la première personne par celui de la troisième ; il se trouva vite fatigué de la nouvelle besogne, au point que la sueur lui ruisselait du front. Il s’écria : « Rendez-moi mes copies ! »

Dans les Mémoires d’un Fou, Gogol nous montre, avec sa minutie habituelle, les différentes phases du détraquement d’un cerveau déjà faible, qui arrive progressivement à la démence.

C’est encore dans le monde administratif qu’il choisit son héros. Le chef remarque tout de suite l’étrangeté des manières de son employé :

« Quel désordre as-tu dans la tête, mon frère ? Souvent tu te jettes à droite et à gauche, comme un homme asphyxié par la chaleur du poêle : tu embrouilles les papiers de façon que le diable lui-même ne s’y retrouverait plus ; tu mets des petites lettres en tête des autres, tu oublies d’indiquer la date et le numéro. »

Le trouble mental s’accroît, dès que l’employé a entrevu la fille de son directeur ; il en devient passionnément amoureux, mais se garde bien de lui déclarer la flamme qui le consume ; on le tient pour un être négligeable ; son chef de bureau continue à l’occuper aux besognes les plus ingrates, les plus abêtissantes.

« J’ai taillé, écrit-il sur son agenda, le 11 novembre, j’ai taillé vingt-trois plumes d’oie pour lui, et pour son… Excellence mademoiselle sa fille, quatre plumes. Il aime qu’il y ait beaucoup de plumes sur la table… »

Innocente monomanie à laquelle il se complaît et qui fait une heureuse diversion à sa chimère.

Voici qu’on annonce le prochain mariage de la jeune fille sur qui l’obscur subalterne a osé lever les yeux ! « C’est impossible… la noce n’aura pas lieu ! » On dit que le fiancé est un gentilhomme de la Chambre. « Qu’est-ce que cela fait qu’il soit gentilhomme de la Chambre ? Ce n’est rien de plus qu’une dignité… parce qu’il est gentilhomme de la Chambre il n’a pas un troisième œil au front. Son nez n’est pas d’or, mais de chair comme tout le monde. »

Après tout, sait-il lui-même qui il est ? Un petit employé ? Mais si, jusqu’alors il s’était mépris sur sa propre personnalité ? Et il se voit tout à coup général, avec « une épaulette sur l’épaule droite, une autre sur l’épaule gauche, un cordon bleu sur la poitrine ». Son imagination aidant, il franchit successivement les grades supérieurs : le voici, tour à tour, général-gouverneur, intendant ou « quelque chose de ce genre », conseiller titulaire.



LE TROSKI, voiture russe du XIXe siècle
d’après le Magasin pittoresque

Il en arrive enfin à se figurer qu’il est… roi d’Espagne ! Dès ce jour, il s’incarne dans ce nouveau rôle ; il est mûr pour le cabanon.

L’Histoire d’un Fou est « tout à la fois, comme l’a, en quelques phrases concrètes, exposé Mérimée, une satire contre la société, un conte sentimental et une étude médico-légale sur les phénomènes que présente une tête humaine qui se détraque ».

Le sujet n’est peut-être pas très heureusement choisi ; car, ainsi que l’observe l’auteur de Carmen, « la folie est un de ces malheurs qui touchent, mais qui dégoûtent. Sans doute en introduisant un fou dans son roman un auteur est sûr de produire de l’effet ; il fait vibrer une corde toujours sensible ; mais le moyen est vulgaire, et le talent de Gogol n’est pas de ceux qui ont besoin de courir à ces trivialités ». Ceci est une opinion qui ne peut nous empêcher de constater que tous les types mis en scène par Gogol, sont pris dans le vif, qu’ils sont merveilleusement observés et rendus par un maître psychologue ; nous allions être tenté d’écrire : par un maître psychiatre ; car, ainsi que le fait justement observer M. Ossip-Lourié[21], « Gogol décrit bien le développement évolutif de la folie de Propitschine (le héros des Mémoires d’un Fou), depuis les simples illusions et hallucinations, jusqu’à la mégalomanie. En proie au délire, Propitschine est envahi par une multitude d’idées qui se heurtent et se confondent dans son cerveau, sans suite et sans liaison ; il les exprime avec incohérence : il commence à exprimer une idée, immédiatement une autre lui fait oublier la première, dont il laisse l’expression inachevée pour poursuivre l’expression de la seconde, qu’à son tour il abandonne pour une troisième. Son cerveau ne sait plus discerner, et cette confusion se retrouve dans toutes ses paroles. Sa logique est morbide ».

La comédie du Réviseur est d’une autre manière. C’est la satire du fonctionnarisme, poussée jusqu’à la caricature ; c’est cependant toujours la réalité ; ici, nous rions franchement, et nous applaudissons comme, dit-on, applaudit le czar Nicolas lui-même, quand il vit Gogol dauber ses fonctionnaires, les flageller de ses traits cinglants.

C’est toute la vie de province, avec ses mesquineries, ses vices et ses ridicules, que cet admirable peintre de mœurs a rendu ici avec une vigueur de pinceau qu’il a rarement atteinte.

On ne touche pas impunément à une classe sociale, surtout à la sacro-sainte bureaucratie : Gogol en fit la dure expérience.

« Je suis fatigué d’âme et de corps, écrivait-il au lendemain d’une représentation de sa pièce… Je pars ; là-bas je pourrai dissiper l’ennui que me causent quotidiennement mes compatriotes. L’écrivain contemporain, l’auteur comique, l’écrivain moral doivent se tenir le plus loin possible de leur patrie. Nul n’est prophète dans son pays. Ce n’est pas parce que toutes les classes de la société m’en veulent que je m’attriste ; mais il m’est pénible et douloureux de voir mes compatriotes injustement indisposés contre moi. Ils prennent pour collectif ce qui n’est que partiel, l’exception pour la règle. Un portrait fidèle et pris au vif est pour eux une pasquinade. Montrez sur la scène deux ou trois coquins ; des milliers d’honnêtes gens vont crier : nous ne leur ressemblons pas ! Mais qu’ils vivent en paix !… Je vais à l’étranger, non pas parce qu’il m’a été impossible de supporter une telle situation, mais pour rétablir ma santé, me distraire et préparer mes futurs travaux… »

Comme au temps de son adolescence, le voilà de nouveau tourmenté par cet instinct de migration qu’il tient de son ascendance ; il n’a qu’une idée : partir, partir au loin :

« Que de choses étranges, attractives, entraînantes et vraiment merveilleuses dans ce seul mot russe, dorôga (la route, le voyage). Que de puissance dans le mot et que de charme dans la chose ! La vitesse, en voyage, c’est comme une poursuite, une puissance occulte qui vous a pris et vous transporte sur ses ailes ; vous traversez les airs, vous fuyez, tout fuit avec vous ; les poteaux indicateurs fuient ; les forêts aux sombres rangées de sapins et de pins fuient… La route tout entière fuit, se perd dans le lointain. Ô troïka, troïka ! Il ne faut pas demander qui t’a inventée ; tu ne peux avoir été conçue, tu ne pouvais naître et paraître qu’au sein d’un peuple vif et agile, sur un territoire géant, qui occupe la moitié du globe et où, en route, nul, sous peine de vertiges, ne s’amuse à compter les poteaux… »

C’est le voyage, le besoin du déplacement, qui entraîne Gogol à quitter sa patrie : les pays qu’il traverse ne l’intéressent que médiocrement. Il se rend tout d’abord en Suisse où il ne fait que passer. De Vevey, où il travaille pendant un mois aux Âmes mortes, il vient à Paris (novembre 1836). Après avoir gelé quelque temps dans des hôtels qui n’ont que des cheminées (il a toujours été très frileux), il s’installe dans un appartement pourvu d’un poêle et, par surcroît, largement exposé au midi. Dans une lettre datée du 15 février 1837, il donne de l’hiver parisien une définition qui ne manque pas de piquant : « L’hiver n’est pas ici ce qu’il est chez nous en Russie. En Russie il facilite les communications ; ici, il les gêne, car il n’est qu’un automne humide[22]. » Parlez-lui de l’Italie, le pays de ses rêves, sa terre de prédilection. Toutefois, ni Rome, ni son ciel, ne l’enchantent. Il ne les voit pas, il ne les sent pas. Tout au plus son âme, éprise de mysticité, se plaît-elle au spectacle des cérémonies catholiques dont la pompe le séduit.

Sur ces entrefaites, il apprend la fin tragique de Pouchkine, Pouchkine qui lui a été si secourable dans les heures de détresse morale.

« Tout le charme de ma vie est parti avec lui, s’écrie-t-il tristement. Je n’entreprenais rien sans le consulter. Je n’écrivais pas une ligne sans me le figurer devant moi… J’ai pris plusieurs fois la plume, et la plume est tombée de mes mains. »

L’hypocondrie le saisit ; aura-t-il le courage de poursuivre ses travaux ? Il se plaint à un de ses correspondants « d’une maladie hémorroïdale remontée dans l’estomac ». Le souci de sa santé le conduit aux eaux de Marienbad ; puis il revient vers Varsovie et Saint-Pétersbourg ; il fait un moment la navette entre cette dernière ville et Moscou, s’installe à Vienne, s’en lasse bientôt et retourne à Rome. Après un séjour de quelque durée dans la Ville Éternelle, toujours inquiet, toujours instable, il reprend le chemin de sa patrie. Il croit, déclare-t-il, avoir retrouvé le paradis. Et il n’a qu’une hâte, c’est de s’en échapper.

« C’est pendant quelques années une course éperdue à travers l’Europe, à la poursuite de la santé et du repos. Au mois de mai 1843, il est à Florence. Puis il remonte à Wiesbaden, à Ems, à Bade, à Düsseldorf. Il commence à être envahi par le mysticisme maladif qui empoisonnera sa vie jusqu’au tombeau[23]. »

Il ne s’intéresse désormais qu’aux livres spirituels, aux revues édifiantes ; il lit avec ferveur l’Imitation de Jésus-Christ, adresse à ses amis de véritables sermons. Son impressionnabilité nerveuse s’en accroît. Tant qu’il est en route, il se sent mieux ; dès qu’il s’arrête, il se sent plus mal. Il gîte partout et ne peut se réchauffer « même dans la chambre la plus chaude ».

On l’envoie aux bains de Gastein, de Hombourg, sans succès ; il maigrit à vue d’œil et les médecins, soucieux de se débarrasser de ce névropathe geignard, ne prêtent plus l’oreille à ses doléances. Il consulte alors les empiriques ; on lui a vanté l’hydrothérapie avec laquelle un paysan de Silésie réussit des cures extraordinaires : il accourt auprès de Priessnitz. Comme cette médication ne lui a pas mieux réussi que les précédentes, il consulte de nouveau la Faculté : à Dresde, on diagnostique une maladie de foie ; à Berlin, on tient pour une affection nerveuse de l’estomac. Le praticien berlinois prescrit à Gogol des lotions froides, des bains de mer et un séjour à Rome.

Les années suivantes, on le retrouve à Paris, à Ostende, à Naples, passant son temps en chemin de fer, en diligence ou en bateau à vapeur.

À Naples, il s’embarque pour la Palestine, décidé à accomplir ce pèlerinage de Jérusalem, devenu chez lui une obsession.

Ses souffrances, il les considère comme « le juste châtiment de ses péchés », mais il a confiance dans « la miséricorde de Dieu qui est infinie ». Il fait ses dévotions dans la ville sainte, communie « sur le tombeau du Sauveur », assiste à la messe « sur la pierre même du sépulcre » ; pour lui seul, le prêtre a célébré l’office !…

À peine de retour dans sa patrie, il recommence à geindre. « Pourquoi suis-je revenu dans mon pays, gémit-il ; plus qu’à tout autre, il convient de me tenir à part. » Loin de s’améliorer, sa santé se gâte de plus en plus. Ses pratiques d’ascétisme ne sont point pour le rétablir. Il se livre à des excès de dévotion, jeûne certains jours comme les moines, se prive même de sommeil « pour la plus grande gloire de Dieu ». On a prétendu qu’il était tombé sous l’influence d’un moine obscur et ignorant, le père Matveï, qui lui répétait sans cesse : « Il faut jeûner, il faut prier. » Le père Matveï était un détraqué véritable : c’est lui qui, ayant découvert une tête qui avait, disait-il, conservé les oreilles et la peau, la canonisa de sa propre autorité et l’expédia au Consistoire de Tver, en affirmant qu’elle dégageait un parfum céleste ! Or, à l’ouverture de la caisse, il fut constaté que ce n’était qu’un crâne vulgaire, sans oreilles ni peau, et dégageant une affreuse odeur de putréfaction. Quand on demanda au moine d’où lui venait cette pièce anatomique, on ne put tirer de lui d’autre réponse que la suivante : Dieu seul et moi, nous le savons[24].

Le 11 février 1852, il prit à Gogol une fantaisie étrange : il demanda à son domestique une liasse de manuscrits, dont il lui indiqua la place et, à la stupéfaction du serviteur qui tentait vainement de s’opposer à cet autodafé, il jeta les papiers dans le poële et attendit que tout fût réduit en cendres. « Il fit ensuite le signe de la croix, embrassa son petit domestique, s’étendit sur son divan et pleura. » Le lendemain, il dit au comte A.-P. Tolstoï :

« Voyez comme le mauvais esprit est puissant ! Je voulais depuis longtemps brûler des papiers que j’avais mis de côté à cet effet et j’ai brûlé les chapitres des Âmes Mortes, que je voulais laisser en souvenir à mes amis après ma mort. »

Le sacrifice avait été consommé à trois heures du matin, dans un moment, comme le remarque un de ses plus avisés biographes[25], où « Gogol énervé par le manque de sommeil, en proie peut-être à quelque cauchemar, miné par la fièvre, n’était pas absolument maître de sa volonté ». Il ne lui restait plus que quelques semaines à vivre.

À quel mal succomba-t-il ? Il est assez malaisé de le préciser. On a parlé de phtisie, de gastro-entérite, de malaria, d’une complication typhoïde survenue au cours de son affection chronique. La nature de ses souffrances est trop imparfaitement connue, pour que nous puissions nous prononcer avec quelque chance de certitude. Quoi qu’il en soit, sa tâche était terminée. Son puissant cerveau était depuis longtemps obnubilé, son intelligence et sa raison avaient déserté leur foyer.

Gogol fut-il positivement atteint d’aliénation mentale ? Ceux qui le virent dans les derniers temps de sa vie semblent n’en avoir pas douté. À Tourguéniev, il apparut comme « un génie extraordinaire, dont la tête s’était un peu dérangée… En le voyant, on ne pouvait ne pas s’écrier : Quel personnage singulier et malade ! ». Après avoir parlé avec beaucoup d’animation de la vocation littéraire, des créations artistiques, Gogol, à l’ahurissement de son interlocuteur, fit l’éloge de la censure, disant qu’elle était « le meilleur moyen de créer, chez les écrivains, la modestie, la conscience et beaucoup d’autres vertus… À partir de ce moment, poursuit Tourguéniev, son agitation augmente de plus en plus. Il parle de ses profondes convictions religieuses… L’équilibre de son esprit s’était rompu… Une dame âgée entra, lui apportant une hostie sainte consacrée… ».

Il avait commencé par de la lypémanie ; il était parvenu progressivement à un degré de mysticisme qui a pu n’être, au début, que de la piété exaltée, mais qui, à la longue, avait un caractère nettement morbide. À un moment, ne s’était-il pas cru prophète ? « Je ne sais d’où est venu mon don de prophétie », écrivait-il en 1839 à un de ses amis ; et deux ans plus tard, à un autre : « Ma parole a maintenant une puissance supérieure ; ma parole n’est plus la parole d’un homme, mais celle d’un prophète… Mon âme est pleine de lumière… Je jure de faire quelque chose de grand, que jamais aucun homme ordinaire n’a fait… »

Cet accès mégalomaniaque n’est pas le seul que l’on relève dans les rêves fréquents de ses Confessions que nous avons pu consulter, dans la traduction, avec le regret de n’avoir pu nous référer à la version originale dans laquelle nous aurions certainement découvert bien d’autres manifestations de sa vésanie.

Une fatalité mystérieuse semble avoir passé sur Nicolas Gogol, comme à peu près sur tous les écrivains de sa génération. « Balle ou coup d’épée, désordre nerveux ou consomption, quand ce n’est pas un accident tragique, c’est une langueur inexpliquée qui les abat… Cette hâtive et prodigue Russie traite ses enfants comme ses plantes : elle les fait magnifiques, les presse de fleurir, elle ne les achève pas et les engourdit en pleine sève[26]. »

À trente-trois ans, les facultés productives étaient anéanties chez Gogol ; dix ans plus tard, son dernier souffle s’exhalait.

Reprenant le texte de M. de Vogüé, nous nous accordons avec le prestigieux écrivain, proclamant que « le malheur achève les grandes figures et les rend plus chères à notre compassion émue ».

La fin précoce de Nicolas Gogol nous a peut-être privés d’un chef-d’œuvre ; qui pourrait affirmer qu’elle n’a pas préservé d’une chute irrémédiable cette âme tourmentée de vouloir escalader des sommets inaccessibles à la plupart des hommes.


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  1. Préface de L. Viardot, aux Nouvelles choisies de N. Gogol, Paris, 1853.
  2. Le Roman russe. Paris, 1916.
  3. Nicolas Gogol, écrivain et moraliste (thèse de doctorat ès lettres de l’Université de Lyon, par Mlle Raïna Tyrneva. Aix, 1901).
  4. Thèse citée, 34.
  5. En 1829, au cours d’un de ses voyages à l’étranger, Gogol écrivait : « Le bras d’en haut m’a conduit hors de mon pays pour que je me prépare dans le recueillement à la haute mission qui m’est destinée et pour que, par degrés, je m’élève à des sommets d’où je pourrai répandre le bien et travailler au profit du monde… si je ne puis être heureux moi-même, je veux consacrer toute ma vie au bonheur de mes semblables… » Toute sa vie, il s’est cru appelé à une haute mission de moraliste et de prophète. (Cf. Écrivains étrangers, par T. de Wyzeva ; 2e série. Paris, 1897.)
  6. Thèse Tyrneva.
  7. Ossip-Lourié, La psychologie des romanciers russes du XIXe siècle. Paris, 1905.
  8. C. Courrière, Histoire de la Littérature contemporaine en Russie. Paris, 1875.
  9. Sa mère avait quinze ans quand elle le mit au monde. De douze enfants qu’elle eut, il ne lui en resta que cinq.
  10. Œuvres de Gogol. Édition Koulich, t. V, 104 (Thèse Tyrneva).
  11. Ern. Dupuy, Les grands maîtres de la littérature russe : Nicolas Gogol. Paris, 1897.
  12. C’est le nom que l’on donnait, dans la Petite-Russie, au chef des Gnomes, au roi de ce peuple de génies souterrains, qui président à la terre et aux métaux, comme les Sylphes à l’air, les ondines à l’eau, les salamandres au feu. On croit que le regard du Viy est mortel pour tout homme dont les yeux rencontrent les siens. L. Viardot, op. cit.
  13. Thèse Tyrneva, 70.
  14. Nicolas Gogol, par Louis Léger, membre de l’Institut, professeur au Collège de France ; Paris, 1914, 75.
  15. Kotliarevsky, cité par L. Léger.
  16. Les Âmes mortes, VIII, 246.
  17. Id., II, 51.
  18. Ibid., VIII, 246.
  19. Veillées de l’Ukraine, 37.
  20. E. M. de Vogüé, op. cit., 106.
  21. La Psychologie des Romanciers russes du XIXe siècle. Paris, 1905.
  22. L. Léger, Nicolas Gogol, 32.
  23. L. Léger, loc. cit.
  24. Ossip-Lourié, loc. cit.
  25. Léger, op. cit., 44.
  26. De Vogüé, loc. cit.