Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/vendication s. f.

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 3p. 843).

VENDICATION s. f. (van-di-ka-si-onrad. vendiquer). S’est dit autrefois pour revendication.

Cour des vendications. Tribunal anglais qui, à l’occasion du couronnement du souverain, écoute et juge les réclamations des citoyens et des communautés à l’égard de la couronne.

— Encycl. Cour des indications. On donne ce nom, en Angleterre, à un tribunal particulier qui ne siège qu’une fois par règne, à l’occasion du couronnement. Ce tribunal avait autrefois beaucoup de besogne ; il statuait sur les prétentions des municipalités ou des individus réclamant d’anciens droits, d’anciennes charges.

Le but primitif de ce tribunal avait été juste ; on l’avait créé pour rendre, à la mort d’un prince, raison des injustices qui avaient pu être commises pendant son règne. Là, en face de son successeur, les gens de toute condition venaient porter leurs griefs et en réclamer la réparation ; puis le tribunal statuait.

Mais les meilleures institutions finissent par se corrompre tôt ou tard. Les vraies plaintes ne furent bientôt plus entendues, et l’on ne voulut écouter que celles des grands et des courtisans qui venaient avec force génuflexions, non pas réclamer, mais mendier les faveurs du nouveau souverain.

Ainsi nous voyons, au couronnement de Jacques II, le lord grand chambellan vendiquer le droit de porter la chemise du roi et de s’approprier tous les meubles et ustensiles ayant servi à Sa Majesté le jour de son couronnement, et il gagna son procès ; un autre courtisan réclama le cheval du roi avec ses harnais, ce qui lui fut accordé.

Le même jour, la municipalité de Londres osa demander quelque chose ; mais on remit ces bourgeois à leur place et on leur fit bien comprendre que le tribunal des vendications n’était point un tribunal révolutionnaire.

Aujourd’hui, la cour des vendications n’a plus de besogne ; au dernier couronnement, c’est à peine si l’on a prononcé son nom.