Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/TRISTAN (Flora-Célestine-Thérèse-Henriette), femme de lettres française

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 2p. 519).

TRISTAN (Flora-Célestine-Thérèse-Henriette), femme de lettres française, née en 1803, morte à Bordeaux en 1844. Elle était fille d’un colonel péruvien au service de l’Espagne, qui avait épousé une Française. Conduite à Paris en 1818, Flora Tristan y épousa l’année suivante un nommé Chazal, dont elle se sépara au bout de trois ans. Elle se rendit alors au Pérou dans l’intention de recueillir l’héritage paternel ; mais, en 1834, elle dut revenir en France sans avoir réussi dans son entreprise. C’est alors que la jeune femme songea à suivre la carrière des lettres, et qu’elle publia, sous le titre de Pérégrinations d’une paria (1835), un ouvrage dans lequel elle dépeignait les misères de la femme dans l’Amérique du Sud. Trois ans plus tard, Flora Tristan fut l’objet d’un grave attentat de la part de son mari, Chazal, qui fut condamné à vingt ans de travaux forcés, pour l’avoir blessée grièvement d’un coup de pistolet, dans un accès de jalousie. Après cette catastrophe, elle publia Méphis ou le Prolétaire (2 vol. in-8o), ouvrage inspiré par les idées saint-simoniennes, puis voyagea en Angleterre, où elle étudia la condition des classes laborieuses. À son retour, elle publia sur ce sujet un livre remarquable, intitulé Promenades dans Londres (1840, in-8o). Elle fit paraître, en même temps, des brochures en faveur de l’émancipation de la femme. Elle se mit en relation avec les chefs des écoles socialistes d’alors, s’attacha principalement à ce qu’il y avait d’immédiatement pratique dans leurs théories, et le résuma dans un volume in-12, Union ouvrière, ouvrage où elle propose aux corporations de travailleurs une association générale dans le but de se soutenir par leurs propres ressources, en créant des écoles pour leurs enfants et des asiles pour leurs invalides et leurs vieillards. Vouée à une sorte d’apostolat, elle déploya une activité fébrile pour le triomphe de son idée, parcourant toutes les villes de manufactures, stimulant elle-même le zèle des ouvriers. Son énergie, sa parole entraînante, sa beauté lui donnaient sur eux un ascendant irrésistible. En 1844, elle obtint des succès sérieux à Lyon, et passa ensuite à Bordeaux, où elle succomba après une courte maladie. Les ouvriers de cette ville lui élevèrent un monument par souscription. Elle avait été très-liée avec l’abbé Constant, l’auteur de la Bible de la liberté, à qui elle avait prodigué des soins dans sa prison. On lui attribue : Mariquitia l’Espagnole (2 vol. in-8o) ; Florita la Péruvienne (2 vol. in-8o). Elle avait publié dans l’Artiste quelques articles sur l’art,