Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/TRISTAN, personnage des poèmes cycliques de la Table ronde

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 2p. 520).

TRISTAN, personnage des poèmes cycliques de la Table ronde, célèbre surtout par son amour pour la belle Iseult. D’après la légende, née probablement dans le nord de la France, vers le XIIe siècle, il fut envoyé demander en mariage, pour le compte de son oncle Mark, roi de Cornouailles, la fille du roi d’Islande, la belle Iseult, l’obtint et la ramena en effet près de Mark, qui l’épousa ; mais l’amour d’Iseult et de Tristan triompha de leur loyauté, et la malice des trouvères s’est ingéniée à montrer par quels moyens la passion parvient à rendre aveugles la surveillance et la jalousie.

Dans d’autres épisodes, on voit le galant chevalier, fuyant la cour du roi Mark, séjourner dans celle d’Artus, puis même être amoureux d’une autre Iseult, qu’il épouse. Mais le souvenir de sa première passion ne cesse de le poursuivre ; il s’échappe et court revoir celle qu’il ne peut oublier. Il est assassiné au moment même où il allait la joindre, et Iseult inconsolable meurt sur le cadavre de son amant. Le bon roi Mark, naïvement touché de cette fidélité amoureuse, quoiqu’elle s’exerçât fort à ses dépens, les fit inhumer dans la même tombe.

Les légendes chevaleresques offrent peu de personnages placés plus haut dans l’imagination populaire. Tristan était célèbre dès le XIIe siècle, puisque le châtelain de Coucy-Rambaud, comte d’Orange ; Chardry, auteur de la Vie des septs dormants ; Marie de France, etc., tous écrivains de ce siècle, en parlent déjà. Nous analysons plus bas divers poëmes qui célèbrent ses aventures.