Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/TALLEYRAND (Henri DE), comte DE CHALAIS

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 4p. 1419).

TALLEYRAND (Henri DE), comte DE CHALAIS, né en 1599, décapité à Nantes en 1626. Élevé avec Louis XIII, il se distingua sous ses yeux aux sièges de Montpellier et de Montauban et devint le favori de ce prince. Il paraît que, dès cette époque, il songea à s’insinuer dans la confiance de Gaston d’Orléans, frère du roi, et les mémoires du temps vont même jusqu’à le représenter comme l’espion de Richelieu auprès de ce prince. Ce qui paraît certain, c’est que son amour pour la duchesse de Chevreuse l’engagea dans toutes les intrigues contre le cardinal. Il se joignit aux jeunes seigneurs qui voulaient empêcher le mariage, désiré par Richelieu, de Gaston avec Mlle de Montpensier. Après l’arrestation du maréchal d’Ornano (1626), il entra dans un complot contre la vie du cardinal et s’engagea à porter le premier coup ; mais le commandeur de Valençay, à qui il avait confié ce projet, le dissuada vivement de l’accomplir, et Henri de Talleyrand, qui était aussi léger qu’ambitieux, qui n’avait ni l’audace ni la constance nécessaire pour exécuter ses hardis desseins, alla tout révéler à Richelieu, lui promettant d’amener Gaston à épouser Mlle de Montpensier et de conduire ce prince à Nantes, où l’union devait être célébrée. Toutefois, sous l’influence de la duchesse de Chevreuse, il résolut bientôt d’empêcher ce mariage et prépara avec Gaston un plan de rébellion armée. Sur les entrefaites, un de ses anciens amis, devenu son rival auprès de Mme de Chevreuse, le comte de Louvigny, eut vent de ce complot et s’empressa de le dénoncer à Richelieu. Arrêté à Nantes, le comte de Chalais ne put désarmer ses juges, même en se soumettant à tous les aveux qu’on exigeait de lui, et fut condamné à mort. Ses amis avaient fait cacher l’exécuteur, dans l’espoir que le moindre délai pourrait le sauver ; mais on trouva un malfaiteur qui consentit à remplacer le bourreau. Cet homme, n’ayant pas l’habitude de se servir du glaive, s’arma d’une doloire, dont il frappa trente-quatre fois l’infortuné Chalais avant de séparer la tête du tronc (1626).