Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Révolution de 1688

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 3p. 1113).

Révolution de 1688. On appelle ainsi la révolution par laquelle les Anglais, fatigués du règne honteux de Jacques II, après une coalition des whigs et des tories, constituèrent la Chambre des lords et celle des communes en Convention nationale pour offrir la couronne à Guillaume d’Orange, qui l’accepta avec la fameuse déclaration des droits. « Cette Convention, dit Macaulay, eut deux grands devoirs à remplir. Le premier était de débarrasser la loi fondamentale de toute ambiguïté ; le second était de déraciner des esprits, soit des gouvernants, soit des gouvernés, la fausse et pernicieuse notion que la prérogative royale était quelque chose de plus sublime et de plus saint que les lois fondamentales. Le premier objet fut obtenu par les paroles solennelles qui ouvrent la Déclaration des droits ; le second par la résolution qui déclarait le trône vacant et invitait Guillaume et Marie à l’occuper. Ce changement paraît de peu d’importance. On ne retranchait pas un fleuron de la couronne ; la loi anglaise tout entière, dans le fond et dans la forme, était, au jugement des plus grands légistes, Holt et Treby, Maynard et Somers, exactement la même après la révolution qu’avant. Quelques points controversés avaient seulement été décidés conformément au sens indiqué par les meilleurs jurisconsultes ; il y avait une légère déviation de l’ordre ordinaire de la succession au trône. C’était tout, et c’était assez. Notre révolution était une revendication d’anciens droits. Elle fut conduite avec la plus scrupuleuse attention à conserver les vieilles formalités. Le plus grand éloge qu’on puisse décerner à la révolution de 1688 est celui-ci : c’est qu’elle a été notre dernière révolution. Plusieurs générations se sont écoulées sans qu’aucun Anglais raisonnable ait médité une résistance quelconque contre le gouvernement établi. Il existe dans tous les esprits honnêtes et réfléchis une conviction chaque jour renforcée par l’expérience, c’est que les moyens de réaliser toutes les améliorations que peut réclamer la constitution se trouvent dans la constitution elle-même. » En ce qui concerne l’histoire de cette révolution, nous renvoyons le lecteur à ce que nous avons dit aux articles Angleterre (histoire), Guillaume III, Jacques II et Histoire de la révolution d’Angleterre, par Guizot.