Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Ornano (philippe-antoine, comte d’)

Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 4p. 1489).

ORNANO (Philippe-Antoine, comte d’), maréchal de France, né à Ajaccio en 1784, mort en 1863. Entré dans l’armée en 1800 comme sous-lieutenant, il fit d’abord la campagne d’Italie, suivit ensuite, en qualité d’aide de camp, Leclerc à Saint-Domingue, devint, à son retour en France, capitaine d’état-major et assista, comme commandant des chasseurs corses, à la bataille d’Austerlitz (1805), où il prit plusieurs pièces de canon. La bravoure qu’il déploya à Iéna (1806) et à Lubeck lui valut le grade de colonel de dragons. À la tête de son régiment, il continua à se distinguer en Prusse, en Pologne, en Espagne, en Portugal et devint général de brigade en récompense de sa brillante conduite à Fuentes de Oñoro (1811). Rappelé à la grande armée (1812), d’Ornano fit la campagne de Russie, se signala au passage du Niémen, à Mohilaw, reçut le grade de général de division peu de jours avant la bataille de la Moskova, où il rejeta les 10,000 Cosaques de Platow au delà de la Kologha, et contribua puissamment au gain de la bataille. Il donna encore des preuves de sa valeur à Malo-Jaroslavetz et, pendant toute la déplorable retraite de Russie, durant laquelle il combattit à l’arrière-garde. Laissé pour mort sur le champ de bataille de Krasnaoi, il ne dut de revoir la France qu’à la sollicitude de Napoléon qui lui donna une place dans la seule voiture qui lui restait. En 1813, d’Ornano, nommé commandant des dragons de l’impératrice, fit à leur tête la campagne de Saxe, fut mis à la tête de la cavalerie de la garde à la mort de Bessières, prit part aux batailles de Dresde, de Bautzen, de Lutzen, de Leipzig, d’Hanau, et concourut, au commencement de 1814, à la défense de Paris.

Pendant la première Restauration, le comte d’Ornano conserva le commandement des dragons de la garde. Au retour de Napoléon, il s’empressa de se mettre à sa disposition, ce qui lui valut, à la seconde Restauration, d’être emprisonné, puis exilé en Belgique. En 1818, il put revenir en France, mais il vécut dans la retraite jusqu’en 1828. À cette époque, il devint inspecteur de cavalerie et président du jury d’admission pour Saint-Cyr. Après la révolution de Juillet, à laquelle il s’empressa de donner son adhésion, le comte d’Ornano fut nommé commandant de la 4e division militaire. Il étouffa, en 1832, l’insurrection des départements de l’Ouest et reçut, cette même année, un siège à la Chambre des pairs. La révolution de 1848 le fit rentrer dans la vie privée. Toutefois, dans une élection supplémentaire, les électeurs d’Indre-et-Loire l’envoyèrent siéger à la Constituante (janvier 1849), puis lui renouvelèrent son mandat à l’Assemblée législative. Membre de la majorité réactionnaire, il se montra un chaud partisan de la politique ambitieuse du président de la République, qui, après l’attentat de décembre 1851, le nomma successivement membre de la commission consultative, sénateur (1852), grand chancelier de la Légion d’honneur, quelques mois plus tard, président de la commission chargée de mettre à exécution le testament de Napoléon Ier et enfin maréchal de France (1861) le jour de la translation des cendres de l’empereur de la chapelle Saint-Jérôme dans la crypte des Invalides. De son mariage avec la comtesse Marie Laczynska, veuve du comte de Colonna Walewski, il eut un fils, dont nous donnons ci-dessous la biographie.