Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Napoléone (LA)

Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 2p. 833).

Napoléone (LA), Elle courait manuscrite vers 1803, et elle obtint un grand succès dans les salons royalistes comme dans les salons républicains. On n’y démêlait pas bien, au reste, si l’auteur, encore fort jeune, était l’un ou l’autre ; ce qui en faisait le mérite, c’était qu’on y trouvait quelques vers bien frappés à l’adresse du despote :

       Qu’une foule pusillanime
Brûle aux pieds des tyrans son encens odieux ;
       Exempt de la faveur du crime,
Je marche sans contrainte et ne crains que les dieux.
On ne me verra pas mendier l’esclavage
       Et payer d’un coupable hommage
       Une infâme célébrité.
Quand le peuple gémit sous sa chaîne nouvelle,
Je m’indigne d’un maître, et mon âme fidèle
       Respire encor la liberté.

La Napoléone se terminait par ces vers :

   Avant que tes égaux deviennent tes esclaves,
Il faut, Napoléon, que l’élite des braves
        Monte à l’échafaud de Sidney.

L’ode fut imprimée sans l’aveu de l’auteur, qui se nomma bravement lorsqu’il vit le libraire inquiété. Cela lui valut une courte détention à Sainte-Pélagie et des persécutions ou tout au moins des tracasseries de la police, tant que dura l’Empire.