Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MARIE, reine d’Angleterre, fille de Jacques II et de sa première femme, Anne Hyde

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 4p. 1195).

MARIE, reine d’Angleterre, fille de Jacques II et de sa première femme, Anne Hyde. née en 1662, morte en 1695. Elle épousa à quinze ans, en 1677, son cousin le prince d’Orange (depuis Guillaume III), malgré la répugnance que son père éprouvait pour ce mariage. La jeune et belle princesse suivit en Hollande son mari, qui, malgré son caractère froid et taciturne, lui inspira une vive passion, et dont elle sut, au bout d’un certain temps, se faire tendrement aimer. Guillaume avait craint que sa femme, appelée à régner un jour sur l’Angleterre, ne lui réservât dans le gouvernement une place secondaire. Mais à peine Marie avait-elle entrevu ces craintes, qu’elle s’était empressée de rassurer Guillaume. « Je vous jure, lui dit-elle, que vous serez toujours le maître ; je ne vous demande qu’une chose en retour, c’est que, de même que j’observerai le précepte qui commande à la femme d’obéir à son mari, de même vous suivrez celui qui ordonne au mari d’aimer sa femme. » À partir de ce moment, l’union la plus parfaite régna entre les deux époux, et le dévouement que Marie montra à Guillaume fut tel qu’elle n’hésita point a oublier ses devoirs de fille pour seconder la politique de son mari lorsque, en 1688, il renversa Jacques II du trône. Conformément à ses désirs, le Parlement décida que Guillaume et Marie seraient roi et reine d’Angleterre, que la couronne leur appartiendrait en commun pendant leur vie et serait réversible au dernier survivant ; mais que, pendant sa vie, Guillaume dirigerait seul le pouvoir (1689). En entrant dans le palais d’où son père venait d’être chassé, Marie témoigna une joie qui devint le sujet d’une foule de satires grossières et qui l’abaissa dans l’estime publique. Pendant que Guillaume réprimait la révolte d’Irlande (1690), elle fut chargée du soin du gouvernement, déploya une grande fermeté contre les menées des catholiques et rompit avec sa sœur Anne qui, entièrement dirigée par Marlborough, devenait plus qu’un embarras pour le nouveau gouvernement. En 1695, elle mourut de la petite vérole, et sa mort causa la plus vive douleur au roi Guillaume qui, pour perpétuer sa mémoire, fit construire à Greenwich l’hôtel des marins invalides, dont Marie avait conçu le projet.