Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JULIEN (Pierre), sculpteur français

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 1105).

JULIEN (Pierre), sculpteur français, né à Saint-Paulien, près du Puy, en 1731, mort à Paris en 1804. Venu à Paris de très-bonne heure, il entra dans l’atelier de Guillaume Coustou, où il passa plusieurs années sans révéler le talent qu’il devait montrer plus tard. Il avait en effet près de trente-cinq ans lorsqu’il remporta le prix de Rome. Son bas-relief de concours, Sabinus offrant son char aux vestales obligées de fuir les Gaulois vainqueurs de Rome, sans être un morceau hors ligne, fut la première œuvre intéressante de ce maître consciencieux. De 1768 à 1772, durant son séjour en Italie, il s’occupa principalement à étudier les chefs-d’œuvre des maîtres et exécuta des copies de l’Apollon du Belvédère, du Gladiateur combattant, etc. À son retour en France, Coustou l’associa aux travaux qu’il exécutait dans la cathédrale de Sens pour l’érection du mausolée du dauphin, fils de Louis XV. Le zèle intelligent que montra Julien en cette circonstance lui valut l’attention de la critique. Quelque temps après, il sollicita les suffrages de l’Académie pour y être agrégé et lui présenta Ganymède versant le nectar, morceau d’un bon style, qui néanmoins ne put le faire recevoir. Mais le Guerrier mourant, remarquable statue qu’il exécuta en 1778, le fit agréger, cette même année, à l’Académie, et dès 1779 il devint académicien en titre. Peu après, le gouvernement lui confia l’exécution de la Statue de La Fontaine et de celle de Poussin. Ces deux figures, d’un grand caractère et sérieusement étudiées, doivent compter parmi les meilleurs morceaux de son œuvre. Dans un genre très-différent, la Baigneuse, qui décora longtemps la laiterie de Rambouillet, n’est pas moins remarquable. La Chèvre Amalthée, Apollon chez Admète appartenaient aussi à la même résidence. Lebreton, dans sa Notice historique sur la vie et les ouvrages de P. Julien, signale encore plusieurs travaux, mais ce ne sont que des copies.

Bien que l’œuvre de Julien ne soit pas considérable, son nom vivra néanmoins. grâce aux qualités sérieuses qu’il a réunies dans les quatre ou cinq figures qui en sont les morceaux les plus saillants. Esprit lent, mais très-réfléchi, il ne laissait rien au hasard et craignait les moindres négligences. On trouve dans ses œuvres un sentiment vrai de la forme, un style simple, une grande puissance de modelé : qualités précieuses qui révèlent, à défaut de génie, un savoir profond, un jugement sûr, une intelligence véritable de la statuaire.