Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Homme (DE L’), de ses facultés intellectuelles et de son éducation, par Helvétius

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 362).

Homme (DE L’), de ses facultés intellectuelles et de son éducation, par Helvétius. Cet ouvrage, publié après la mort de l’auteur (1771), forme les tomes III, IV et une partie du tome V de ses œuvres (Londres, 1781, 5 vol. in-8o). Ce n’est à beaucoup d’égards qu’un commentaire du livre de l'Esprit (voir de mot). Suivant Helvétius, l’esprit, la vertu et le génie sont l’œuvre de l’éducation. « Je me propose de prouver, dit-il, ce qui n’est peut-être qu’avancé dans le livre de l'Esprit. Si je démontrais que l’homme n’est proprement que le produit de son éducation, j’aurais sans doute révélé une grande vérité aux nations. Elles sauraient qu’elles ont entre leurs mains l’instrument de leur grandeur et de leur félicité, et que, pour être heureuses et puissantes, il ne s’agit que de perfectionner la science de l’éducation. » Il est constant que l’éducation est un des ressorts de la nature humaine, qu’elle a une influence considérable sur l’esprit, sur les mœurs, sur l’état social. sur tout l’homme, en un mot, Pourtant l’homme n’est pas uniquement le fruit de son éducation individuelle, il y a chez lui le tempérament, ce qu’on appelle la race, le climat. Tout cela pourrait être considéré comme résultant d’une éducation héréditaire qui a créé notre organisme tel que nous le possédons. L’éducation actuelle a le don de diriger notre activité dans un sens déterminé, mais elle n’influe que d’une façon partielle sur l’organisme, qui se transforme lentement et n’est point à la discrétion d’un philosophe, ni d’un système. Ainsi, même en se plaçant au point de vue de l’auteur, qui rejette absolument toute idée d’une âme immatérielle et douée de facultés plus ou moins parfaites, on reconmaît que son système est incomplet et que l’éducation seule ne suffit pas pour rendre compte de toutes les différences qui existent entre les hommes, soit au point de vue des mœurs, soit à celui de intelligence. Il est probable, du reste, qu’Helvétius n’aurait nullement repoussé cette idée que l’éducation peut avoir une influence héréditaire, qu’il y a une éducation des peuples comme une éducation des individus, si cette idée s’était présentée à son esprit.

La publication de ce livre fit beaucoup moins de bruit que celle du livre de l'Esprit. L’auteur était mort, et ses idées n’avaient plus au même degré l’attrait de la nouveauté et de la hardiesse.