Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/HOHENZOLLERN, famille allemande, qui tire son nom du vieux château de Zollern ou Hohenzollern, en Souabe, et à laquelle appartient la famille royale de Prusse

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 336).

HOHENZOLLERN, famille allemande, qui tire son nom du vieux château de Zollern ou Hohenzollern, en Souabe, et à laquelle appartient la famille royale de Prusse. Cette maison aurait eu pour chef, d’après la tradition, Tassillon, comte de Souabe, qui était contemporain de Charlemagne. Tassillon bâtit la forteresse de Zollern, où il s’établit. Les premiers qui prirent le nom de comtes de Zollern, furent Burckhard et Wézel ou Vinceslas de Zobre, qui périrent en 1061 dans les guerres civiles de la minorité de l’empereur Henri II. L’un eut pour fils Frédéric Ier de Zobre, qui est mentionne dans les chroniques comme le fondateur du couvent d’Alpirsberg (1095), tandis que Frédéric Ier n’a que le titre de prévôt de ce couvent. Frédéric Ier eut six fils, dont deux seulement lui survécurent, savoir : Frédéric II, qui mourut après 1142 et qui fut le fondateur de la famille des burgraves de Zollern-Nuremberg, et Burckhard, dont l’histoire fait mention entre 1120 et 1150, et de qui descendaient les comtes de Zollern-Hohenberg. Le comte Frédéric III, qui mourut en 1200, fut l’un des plus fidèles conseillers des empereurs Frédéric Ier et Henri VI, et prit en 1192 le titre de burgrave de Nuremberg, du chef de sa femme Sophie, héritière du dernier burgrave de cette ville. Ses deux fils, Frédéric IV et Conrad Ier, sont également désignés sous les titres de comtes de Zobre et de burgraves de Nuremberg. En 1226, la maison, dont les possessions respectives étaient restées entièrement confondues jusque-là, se divisa en deux lignes, qui existent encore aujourd’hui : la ligne de Franconie et celle de Souabe. La première eut le burgraviat de Nuremberg et les importantes propriétés que la famille avait acquises en Franconie, tandis que la seconde hérita du comté de Zollern et des domaines primitifs situés en Souabe.

Ligne de Franconie. Le fils de Conrad Ier, Conrad II, mort en 1260, fut le premier, parmi les burgraves de Nuremberg, de la famille de Zollern, qui se borna à ce simple titre de burgrave. Il fut l’un des hommes les plus influents de son temps. L’aîné de ses fils, Frédéric III, lui succéda dans le burgraviat, et épousa Élisabeth, l’une des héritières du dernier comte de Méranie, laquelle lui apporta des biens considérables, dans lesquels se trouvait comprise la ville de Baireuth. Il contribua beaucoup à l’élection de Rodolphe de Habsbourg à l’empire, et reçut de ce prince, en récompense, des fiefs considérables. À Frédéric III, qui mourut en 1297, succédèrent tour à tour ses deux fils, Jean Ier, mort en 1299, et Frédéric IV, mort en 1334. Ce dernier vécut sous trois empereurs d’Allemagne. Il eut quatre fils, dont les deux aînés, Jean II, mort en 1357, et Conrad IV, mort en 1334, régnèrent en commun jusqu’à la mort de Conrad, auquel succéda le quatrième frère, Albert, mort en 1361. À Jean II succéda, en 1357, son fils Frédéric V, mort en 1398, qui, par un partage, sépara ses possessions de celles de son oncle Albert. Frédéric V, surnommé le Conquérant, chercha surtout à arrondir ses États, qu’il agrandit considérablement, et fut élevé, en 1363, par l’empereur Charles IV, au rang de prince de l’Empire. Il abdiqua peu de temps avant sa mort et laissa ses États à ses deux fils : Jean III, mort en 1420, et Frédéric VI, mort en 1440. Ceux-ci régnèrent en commun jusqu’en 1403, où intervint un partage, qui donna à Jean III les pays qui formèrent la principauté de Baireuth, et à Frédéric VI ceux dont se composa la principauté d’Anspach. L’un et l’autre accrurent encore considérablement leurs États respectifs. Jean III étant mort sans enfants, les deux principautés se trouvèrent de nouveau réunies sous la souveraineté de Frédéric VI. En 1415, il reçut de l’empereur Sigismond l’électorat de Brandebourg, et prit, comme électeur, le nom de Frédéric Ier. Son onzième successeur, l’électeur Frédéric III, fut le premier roi de Prusse, sous le nom de Frédéric Ier.

Ligne de Souabe. Fondée, comme nous l’avons vu, par Frédéric, comte de Zollern, qui mourut en 1251, elle atteignit son plus haut point de puissance sous son fils Frédéric II, surnommé l’Illustre. Affaiblie à différentes reprises par des partages, elle ne reprit quelque éclat qu’au commencement du XVIe siècle, sous le comte Eitel-Frédéric IV, conseiller intime de l’empereur Maximilien, et conseiller de chambre impériale, qui mourut en 1512, après avoir vu l’empereur rendre héréditaire dans sa famille le titre de chambellan de l’empire. Son fils, Frédéric V, fut l’ami et le compagnon d’enfance de Charles-Quint, et mourut empoisonné à Pavie. (1525). Charles Ier, fils du précédent, mort en 1570, hérita en 1529 des comtés de Sigmaringen et de Væhringen, et devint plus tard président du conseil aulique. À sa mort, il partagea ses biens entre ses deux fils et forma ainsi deux branches différentes des Hohenzollern de Souabe. De ses deux fils, l’aîné, Eitel-Frédéric VI, né en 1545, mort en 1605, bâtit le château d’Hechingen, où il fixa sa résidence, et prit le nom d’Hohenzollern-Hechingen, tandis que le cadet, Charles II, né en 1547, mort en 1606, prit celui de Hohenzollern-Sigmaringen. Le comte Jean-Georges d’Hohenzollern-Hechingen, fils d’Eitel-Frédéric VI, fut élevé, en 1623, par l’empereur Ferdinand II, au rang de prince de l’empire, et ce titre fut également accordé en 1638 au chef de la branche de Sigmaringen. En 1692, l’empereur Léopold Ier décida que ce titre serait aussi donné aux fils puînés des deux familles, en en exceptant toutefois la ligne collatérale d’Hohenzollern-Hagerloch. Les possessions des Hohenzollern devinrent donc deux principautés souveraines et indépendantes de l’empire ; seule, la juridiction criminelle releva de l’empereur. Des traités d’hérédité furent conclus en 1695 avec l’électeur de Brandebourg, et, en 1707, avec les margraves de Baireuth et d’Anspach, et furent annulés par la convention, dite statut de famille, du 24 janvier 1821, laquelle fut approuvée par le roi de Prusse, en sa qualité de chef de toute la famille de Hohenzollern. À la suite des bouleversements politiques de 1848, les deux princes régnants, Frédéric-Guillaume de Hohenzollern-Hechingen et Charles-Antoine de Hohenzollen-Sigmaringen, abdiquèrent l’un et l’autre, le 7 décembre 1849, et leurs États appartinrent au roi de Prusse, qui en prit possession le 12 mars 1850. Les deux princes rentrèrent dans la vie privée, avec les prérogatives de princes cadets de la maison royale de Prusse et le titre d’Altesse. La branche de Hohenzollern-Hechingen a pour chef actuel le prince Frédéric-Guillaume, né en 1801, général d’infanterie au service de la Prusse ; il réside à Hohlstein, en Silésie. Veuf en 1847 d’Eugénie, princesse de Leuchtenberg, il a épousé morganatiquement, en 1850, Amélie, comtesse de Rothenbourg, née en 1832, avec laquelle il a divorcé en 1863, après en avoir eu deux enfants, qui portent les titres de comte et comtesse de Rothenbourg.

Le prince Charles-Antoine, chef de la branche de Hohenzollern-Sigmaringen, est né en 1811. Général d’infanterie dans l’armée prussienne, il a en outre été placé, de décembre 1848 à mars 1852, avec le titre de ministre-président, à la tête du cabinet libéral prussien, et il devint ensuite gouverneur militaire des provinces du Rhin et de la Westphalie. En 1861, il a reçu le titre d’Altesse royale. De son mariage avec la princesse Joséphine de Bade, née en 1813, et qu’il a épousée en 1834, il a eu quatre fils et une fille. Le prince héréditaire, Léopold (v. plus bas), a épousé, en 1861, l’infante de Portugal. Charles-Eitel-Frédéric-Zéphyrin-Louis, frère puîné du précédent, né en 1839, est devenu en 1866 prince de Roumanie, sous le nom de Charles Ier. Il était précédemment sous-lieutenant dans le 2e régiment de dragons prussiens. Son règne a été signalé jusqu’ici par d’assez graves dissensions. Un autre fils du prince Charles-Antoine, le prince Antoine-Egon, né en 1841, était lieutenant dans le Ier régiment de la garde prussienne, et fit la campagne de 1866 ; à la bataille de Sadowa, il fut blessé à la jambe de quatre coups de feu, et mourut quelques jours après des suites de l’amputation qu’on avait dû pratiquer. Le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, a fait faire sur l’histoire primitive de sa famille des recherches qui ont abouti à la publication des ouvrages suivants : Antiquités et monuments artistiques de l’illustre maison de Hohenzollern ; Recherches sur les Hohenzollern ; les Ancêtres de la maison royale de Prusse, etc. Tous ces ouvrages ont été publiés à Berlin.