Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/HOHENSTAUFFEN, célèbre famille allemande, dont les membres ont occupé le trône impérial de 1138 à 1254, et qui s’est éteinte avec Conradin en 1268

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 336).

HOHENSTAUFFEN, célèbre famille allemande, dont les membres ont occupé le trône impérial de 1138 à 1254, et qui s’est éteinte avec Conradin en 1268. Cette maison a pour auteur Frédéric de Buren qui, au commencement du XIe siècle, épousa une noble Alsacienne, nommée Hildegarde, et quitta le village souabe de Buren pour aller habiter, à quelque distance de ce lieu, le château de Staufen, situé sur une hauteur (hohe), d’où le nom de Hohenstauffen, porté depuis par ses descendants. — Son fils Frédéric, mort en 1105, et regardé comme le véritable fondateur de la puissance de sa famille, se montra constamment fidèle à l’empereur Henri IV, combattit avec lui contre Rodolphe de Souabe, contre Welf de Bavière, et reçut, en récompense de ses services, la main d’Agnès, fille de l’empereur, avec l’investiture du duché de Souabe. Lorsque Henri IV alla en Italie faire la guerre au pape (1031), ce fut Frédéric qu’il choisit pour administrer l’empire pendant son absence. Ce choix, en plaçant les Hohenstauffen sur les marches du trône, et en augmentant considérablement leur puissance, excita au plus haut point la jalousie des Welfes ou Guelfes, et devint l’origine de la longue et sanglante rivalité qui eut lieu entre les deux maisons. Frédéric eut à combattre les prétentions de Berthold sur la Souabe, et en demeura définitivement possesseur en 1097. Il venait de faire avec l’empereur la guerre à Théodoric, comte de Saxe, lorsqu’il mourut. — Frédéric laissait deux fils : Frédéric II, dit le Borgne, né en 1090, mort en 1146, et Conrad, qui devint empereur en 1138 et mourut en 1152. Le nouvel empereur, en montant sur le trône (1106), confirma Frédéric II comme duc de Souabe, puis donna à Conrad le duché de Franconie (1112). À l’exemple de leur père, les deux frères montrèrent une grande fidélité à l’empereur, qu’ils soutinrent dans toutes ses guerres, et qui les nomma vicaires de l’empire lorsqu’il se rendit en Italie en 1116. Pendant son absence, Frédéric battit, sur le Rhin, Albert, archevêque de Mayence, dont il se fit un implacable ennemi. Après la mort de Henri V, le dernier empereur de la maison de Franconie, Frédéric II de Hohenstauffen, qui avait acquis une influence considérable en Allemagne, se porta candidat à l’empire ; mais l’archevêque de Mayence mit tout en œuvre pour l’écarter du trône, et ce fut Lothaire, duc de Saxe, qui fut élu. Celui-ci, ennemi déclaré des Hohenstauffen, résolut d’anéantir leur puissance. Appuyé par son gendre, Henri le Superbe, duc de Bavière, il envahit les États de Frédéric, dont le frère, Conrad, faisait alors un pèlerinage aux lieux saints. Le duc de Souabe opposa à l’empereur Lothaire une vive résistance, et, après le retour de Conrad, les chances de la guerre devinrent tellement favorables aux deux frères, que Conrad, traversant les Alpes, se fit couronner roi d’Italie à Monza (1128). Mais l’opposition que lui firent le pape et les guelfes en Italie, et le nombre croissant de ses ennemis en Allemagne, le contraignirent, ainsi que son frère Frédéric, à faire leur soumission à l’empereur. Lothaire pardonna aux deux frères, qui conservèrent l’intégrité de leurs biens et se rendirent avec lui en Italie. Après la mort de Lothaire (1137), Conrad fut élu empereur (1138) sous le nom de Conrad III. Peu de temps après l’avènement au trône impérial de la famille des Hohenstauffen, Conrad exigea que Henri le Superbe, duc de Saxe, et son frère, Welf, duc de Bavière, renonçassent à leurs possessions. Ils refusèrent, et la guerre éclata. Henri le Superbe mourut presque aussitôt (1139) ; mais Welf continua la lutte et fut vaincu dans deux grandes batailles, à Weinsberg(1140)et à Flochberg (1150). Le duc de Souabe, Frédéric II, était mort en 1148 ; son frère, l’empereur Conrad, mourut en 1152, et, après lui, son neveu, Frédéric Ier Barberousse, fils de Frédéric, fut élu empereur. La puissance des guelfes fut alors complètement brisée en Allemagne. Après la mort de Barberousse (1190), son fils, Henri VI, lui succéda comme empereur et roi d’Allemagne. Lorsqu’il mourut, en 1197, son fils Frédéric n’était âgé que de deux ans. L’oncle de ce dernier, Philippe, frère de Louis VI, duc de Souabe et de Toscane, né en 1181, devint empereur en 1198 ; mais le pape lui opposa Othon de Brunswick, contre lequel il entra en lutte. Il allait en triompher lorsqu’il fut assassiné, en 1208, par un émissaire du pape Innocent III. Othon IV, de Brunswick, prit alors la couronne impériale ; mais lorsqu’il voulut exercer ses droits en Italie, il trouva une vive résistance dans Innocent III, qui, irrité de ne pas trouver en lui un agent docile de ses prétentions, jeta les yeux sur le fils de Henri VI, le jeune Frédéric, roi de Sicile, déclara Othon déchu de ses droits et souleva contre lui une partie de l’Allemagne. Frédéric alla se mettre à la tête de ses partisans, se fit couronner empereur à Aix-la-Chapelle, sous le nom de Frédéric II, vainquit Othon et devint seul maître de l’empire. En 1220, il fit élire roi des romains son fils aîné Henri, né en 1209, dans le but de rendre l’empire héréditaire dans sa famille. Henri épousa, en 1225, Marguerite d’Autriche, qui avait des droits éventuels à l’héritage de ce pays ; mais, à l’instigation du pape, il se révolta contre son père, qui le déclara déchu de ses droits (1235) et l’envoya prisonnier à Mortorano, en Italie, où il mourut en 1242. En 1237, Frédéric II fit couronner roi des Romains, à Spire, son second fils, Conrad IV, qui devint empereur après la mort de son père, en 1250. Conrad, contraint, par les embarras de tout genre que lui suscita le pape, de quitter l’Allemagne, se rendit en Sicile auprès de son frère Manfred et mourut empoisonné en 1254. Il laissait un fils, Conrad ou Conradin, qui fut pendu à Naples, par ordre de Charles d’Anjou, en 1208, après avoir été fait prisonnier à la bataille de Tagliacozzo. Avec cet infortuné prince finit la dynastie des Hohenstauffen.

Raumer a publié une histoire estimée des empereurs de la maison de Hohenstauffen (Leipzig, 1823, 6 vol. in-8o).