Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/HOHENKŒNIGSBOURG, château de France (Haut-Rhin)

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 334).

HOHENKŒNIGSBOURG, château de France (Haut-Rhin), près du bourg de Saint-Hippolyte, canton de Ribeauvillé, arrondissement de Colmar. Les ruines du Hohenkœnigsbourg sont les plus importantes de toutes celles qui restent des anciens châteaux forts de l’Alsace. Elles couronnent une montagne de forme pyramidale, qui domine une vaste plaine et que l’on aperçoit de Schlestadt. MM. de Golbery et Scheighœuser, dans leur ouvrage sur les Antiquités de l’Alsace, résument ainsi en quelques lignes la physionomie générale de cette pittoresque et grande ruine : « D’un côté, des tours imposantes ; de l’autre, de vastes corps de logis, unis à ces tours par de longs murs à travers lesquels perce le roc vif ; au-dessus de ce mur et de ces tours, les vestiges d’un parapet crénelé ; enfin, une triple enceinte, flanquée d’autres tours encore, tel est l’aspect de ce château. »

Au XVe siècle, les seigneurs du Hohenkœnigsbourg s’étaient rendus redoutables à leurs voisins par leurs violences et leurs actes de brigandage. « Les plaintes, dit M. Viollet-le-Duc, devinrent si graves, que l’archiduc Sigismond d’Autriche, landgrave de l’Alsace supérieure, s’allia avec l’évêque de Strasbourg, landgrave de l’Alsace inférieure, avec les seigneurs de Ribeaupierre, l’évêque de la ville de Bâle, pour avoir raison des seigneurs du Hohenkœnigsbourg. Les alliés s’emparèrent, en effet, du château, en 1462, et le démolirent. Ce domaine, par suite d’une de ces transmissions si fréquentes dans l’histoire des fiefs, fut cédé à la maison d’Autriche. Dix-sept ans après la destruction du Hohenkœnigsbourg, l’empereur Frédéric IV le concéda en fief aux frères Oswald et Guillaume, comtes de Thierstein, ses conseillers. Ceux-ci s’empressèrent de reconstruire le Hohenkœnigsbourg et en firent une place très-forte pour l’époque, autant à cause de son assiette naturelle que par ses défenses propres à placer de l’artillerie. »

Le Hohenkœnigsbourg avait été plusieurs fois agrandi et restauré lorsqu’à l’époque de la guerre de Trente ans il fut pris par les Suédois, qui le ruinèrent en partie (1633). Depuis lors, il cessa d’être habité, mais n’en resta pas moins le centre d’une petite seigneurie supprimée à la Révolution française.