Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/GUISCARD (Robert), l’un des plus illustres parmi les aventuriers normands qui fondèrent le royaume de Naples

Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 4p. 1637).

GUISCARD (Robert), l’un des plus illustres parmi les aventuriers normands qui fondèrent le royaume de Naples, né vers 1015, mort en 1085. Il était fils de Tancrède de Hauteville. On l’avait surnommé Guiscard ou Wiscard, d’un mot normand ou tudesque qui signifie rusé ou cauteleux. C’est un trait caractéristique de ces temps prétendus chevaleresques et de la race à laquelle appartenait Robert, que ce surnom dent il se glorifiait. En 1046, il alla se joindre à ses frères et aux aventuriers normands qui s’étaient jetés sur l’Italie méridionale comme sur une proie, et qui étaient alors en guerre avec le pape Léon IX. Il se distingua à la bataille de Civitella, où le souverain pontife fut fait prisonnier (1053), se jeta ensuite, à la tête d’une poignée de ses compatriotes, au milieu des villes et des châteaux forts de la Calabre, et vécut dans ce pays de pillage et d’aventures, jusqu’au jour où il succéda à son frère Humfroi dans le comté de Pouille (1057). Il s’affermit par des alliances politiques, obtint du pape Nicolas II, vers 1059, la sanction de ses brigandages et le titre de duc de Pouille et de Calabre, puis, aidé par son jeune frère Roger, poursuivit ses conquêtes en Calabre et en Apulie, et dépouilla les Grecs de tout ce qu’ils possédaient encore dans ces contrées. Après avoir fait la conquête de la Sicile (1072), il s’empara de Salerne, de Bénévent, d’Amalfi, fut excommunié par Grégoire VII (1074), puis se réconcilia avec lui (1080) et en reçut de nouveau l’investiture des duchés de Pouille et de Calabre. Bientôt l’audacieux aventurier osa convoiter l’empire d’Orient ; il franchit l’Adriatique (1081), s’empara de Corfou, de Butronte et de Durazzo ; mais il revint en toute hâte en Italie pour secourir son allié Grégoire VII, assiégé dans Rome par l’empereur Henri IV. Son armée, composée en partie de Sarrasins, dévasta la ville qu’elle venait délivrer et y commit les plus atroces cruautés. Robert mourut à Céphalonie, au milieu d’une seconde expédition contre les Grecs.