Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/FRANÇOIS-JOSEPH Ier (Charles), empereur d’Autriche, fils de l’archiduc François-Charles et de la princesse Sophie de Bavière

Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 2p. 774-775).

FRANÇOIS-JOSEPH Ier (Charles), empereur d’Autriche, fils de l’archiduc François-Charles et de la princesse Sophie de Bavière, né à Vienne le 18 août 1830. Par les soins de sa mère, femme très-distinguée, et de son gouverneur, le comte de Bombelles, il reçut une brillante et solide instruction. Au mois d’avril 1848, le jeune prince, âgé seulement de dix-huit ans, fut nommé gouverneur de Bohême ; mais il quitta bientôt ce poste pour prendre un commandement dans l’armée autrichienne en Italie, où il se fit remarquer par sa belle conduite dans l’affaire de Santa-Lucia, le 6 mai 1848. Bientôt après, les événements le rappelèrent d’Italie pour le placer sur le trône d’Autriche, par l’abdication de l’empereur Ferdinand et celle de l’archiduc François-Charles, son père (2 décembre 1848). François-Joseph fut, en conséquence, revêtu solennellement des insignes impériaux et proclamé empereur d’Autriche et roi de Hongrie et de Bohême. La proclamation du nouveau roi présentait un séduisant programme de justice et de liberté. « Nous voulons, y disait-il, que tous les citoyens soient égaux devant la loi ; qu’ils aient les mêmes droits au point de vue de la représentation et de la législation. Ainsi le pays recouvrera son antique splendeur. » Cependant, la Hongrie refusa de se soumettre à François-Joseph, et, le 14 avril 1849, elle se constitua en république sous la présidence du patriote Kossuth. Mais la jeune république fut de courte durée. Après la bataille de Novare, si funeste aux Italiens, l’Autriche, secondée par la Russie qui lui envoya un secours de 100,000 hommes, se retourna contre la Hongrie, qu’elle accabla de tout le poids des forces dirigées contre elle. François-Joseph fut sourd à la voix de l’humanité ; et lorsque le général Paskéwitch, en lui annonçant la pacification de la Hongrie, invoqua la clémence de l’empereur, celui-ci ordonna l’exécution des généraux hongrois, parmi lesquels se trouvait le comte Louis Bathyani. Lorsque la Lombardie et la Vénétie eurent été soumises à leur tour par Radetski, François-Joseph, par les édits de Schoenbrunn (26 septembre 1851), déclara nuls et non avenus la plupart des articles de la charte qu’il avait déjà promulguée et annonça que « les ministres ne seraient désormais responsables que vis-à-vis de l’autorité impériale, qu’ils auraient à jurer une fidélité sans condition et à prendre l’engagement d’exécuter toutes les ordonnances et volontés de l’empereur. » En outre, la liberté de la presse était abolie et la garde nationale licenciée. Enfin, le 1er janvier 1852, l’empereur supprima la charte qu’il avait lui-mêne octroyée à ses peuples le 4 mars 1849, et qui n’avait jamais existé que de nom. C’était le rétablissement du gouvernement absolu. À l’extérieur, par une politique habile, l’empereur François-Joseph reconquit, du moins en partie, la prépondérance que ses prédécesseurs exerçaient avant la révolution de 1848. Après avoir momentanément résolu la question du Slesvig-Holstein, il envoya un corps d’armée pour soutenir le grand-duc de Hesse contre son peuple révolté. Enfin, à la suite d’une entrevue qu’il eut à Berlin avec le roi de Prusse, les relations se resserrèrent entre les deux pays, et, le 19 février 1853, se conclut entre eux un traité de commerce dans lequel entrèrent d’autres États allemands. Le 24 avril 1854, François-Joseph épousa la princesse de Bavière Élisabeth-Amélie-Eugénie, fille de Maximilien-Joseph des Deux-Ponts-Birkenfeld, dont il a eu deux filles, l'une née en mars 1855, l’autre en juillet 1856. Lors de la guerre d’Orient, l’empereur d’Autriche, malgré l’appui que lui avait prêté la Russie contre la Hongrie, se déclara en faveur de la Turquie avec la France, l’Angleterre et l’Italie. Il sut cependant garder jusqu’à la fin le rôle de pacificateur. On connaît les résultats de cette guerre. Le congrès de Paris y mit fin par le traité du 30 mars 1856, signé pour l’Autriche par le comte de Buol et le baron de Hübner. L’année précédente, il avait signé avec le pape un concordat qui rapportait les lois si sagement libérales de Joseph II, et livrait au clergé la presse et l’instruction publique.

La prospérité de ce règne devait subir un temps d’arrêt en 1859. Cette année-là, l’empereur d’Autriche, refusant de soumettre à l’arbitrage d’un congrès la question lombardo-vénitienne, donna au général Giulay l’ordre d’envahir le Piémont ; l’armée autrichienne, repoussée de toutes parts par les armées franco-italiennes, fut complètement battue à Solferino, le 24 juin, et François-Joseph fut obligé de signer avec Napoléon III le traité provisoire de Villafranca, bientôt suivi de celui de Zurich, qui abandonnait la Lombardie à l’Italie, mais laissait la Vénétie à l’Autriche ; paix mal assise et que devaient rompre les événements ultérieurs. Cette guerre malheureuse fut naturellement suivie d’un nouveau soulèvement de la Hongrie en 1860 ; ce soulèvement fut à grand’peine comprimé. Ce fut alors que l’empereur d’Autriche, poussé par l’impérieuse nécessité, — qui a dicté plus de constitutions que l’esprit de justice, — concéda à ses peuples des institutions véritablement constitutionnelles, dans lesquelles il conserve leur autonomie aux diverses nationalités de son empire. Sous ces nouvelles institutions, l’Autriche parut se relever. Vers la fin de 1863, elle s’allia avec la Prusse pour dépouiller le Danemark d’une partie de ses possessions ; mais cette facile victoire contre un ennemi trop faible ne profita guère à l’Autriche. Lorsque vint le partage des territoires conquis, les deux alliés ne s’entendirent plus, et, après les vains efforts de la diplomatie, une guerre terrible éclata entre la Prusse, alliée à l’Italie, d’une part, et l’Autriche de l’autre, ayant pour alliés les principaux États de l’Allemagne (1866). La bataille de Sadowa, perdue par l’Autriche, mit fin à cette guerre. La Prusse se trouva agrandie, et la puissance de l’Autriche, exclue de la Confédération germanique, diminuée d’autant. François-Joseph se vit alors en présence de la situation la plus critique. Non-seulement ses possessions étaient amoindries, mais encore son prestige se trouvait détruit, l’état de ses finances était pitoyable, et les diverses nationalités dont se compose son empire paraissaient en proie à une effervescence révolutionnaire et décentralisatrice, qui annonçait une dislocation prochaine. Pour conjurer la crise, François-Joseph eut la sagesse de comprendre qu’il devait complètement renoncer à la politique de compression suivie par lui jusqu’alors, entrer dans la voie des réformes libérales et réparatrices, satisfaire aux justes exigences des populations en établissant des institutions constitutionnelles, et il mit alors à la tête des affaires l’ancien ministre de Saxe, l’adversaire déclaré de M. de Bismark, le baron de Beust (30 octobre 1866), qui mit aussitôt ce programme à exécution. Le 8 juin 1867, François-Joseph alla se faire couronner à Pesth roi de Hongrie et se concilia ce pays en lui donnant un ministère autonome. Parmi les réformes qui signalèrent cette nouvelle phase du règne de ce prince, nous citerons l’admission des juifs aux droits civils et politiques, la proclamation de l’égalité des confessions religieuses devant la loi, l’abrogation partielle du concordat signé avec Rome, l’établissement du mariage civil (1867), l’abolition de la contrainte par corps (1868), la réorganisation de l’armée sur un pied formidable, etc. En 1867, l’empereur François-Joseph se rendit à Paris pour y visiter l’Exposition universelle. Deux ans plus tard, il fit comprimer l’insurrection fort grave qui éclata dans les bouches du Cattaro, en Dalmatie. Au mois de novembre 1869, il alla assister, en même temps que l’impératrice Eugénie, à l’inauguration du canal de Suez. Peu après son retour, il devait se rendre à Brindisi pour y rencontrer le roi d’Italie Victor-Emmanuel, et amener par là un rapprochement définitif entre les maisons d’Autriche et de Savoie ; mais une maladie du roi d’Italie rendit l’entrevue impossible. L’année suivante, à la suite de la proclamation du dogme de l’infaillibilité papale par le concile, il se décida, bien que catholique fervent, sous la pression de M. de Beust, a déclarer au gouvernement du pape que, les doctrines promulguées par l’assemblée conciliaire plaçant les relations de l’Église et de l’État sur une base toute nouvelle, le concordat passé entre le pape et l’Autriche en 1855 se trouvait frappé de caducité, et que le gouvernement impérial le considérait désormais comme abrogé (30 juillet 1870). À cette époque, la candidature du prince de Hohenzollern ayant tendu les relations diplomatiques de la France et de la Prusse au point d’amener une rupture, François-Joseph proposa, de concert avec l’Angleterre, que les puissances intervinssent pour régler le différend. Mais ces ouvertures furent repoussées par Napoléon III, et, après la déclaration de guerre (17 juillet 1870), l’empereur d’Autriche annonça qu’il conserverait la neutralité entre les belligérants. L’occasion pour lui était belle de se joindre à nous pour tenter de reprendre sa revanche de Sadowa ; mais l’état de son armée, qui n’était pas prête à entrer en campagne, et celui de ses finances, sa position de prince allemand furent autant de raisons qui lui conseillèrent de conserver une attitude purement expectante. Après la chute de Napoléon, il laissa en France son ambassadeur, M. de Metternich, sans reconnaître officiellement, toutefois, le gouvernement de la Défense nationale. Mais, dès que M. Thiers fut proclamé chef du pouvoir exécutif de la République française (17 février 1871), il s’empressa d’accréditer auprès de lui, comme ambassadeur, M. de Metternich. Quelques mois plus tard, M. de Bismark, désirant concilier l’Autriche à la politique prussienne, provoqua les deux entrevues qui eurent lieu à Salzbourg, puis à Gastein, entre l’empereur Guillaume et l’empereur François-Joseph (août-septembre 1871). À la suite de ces entrevues, qui excitèrent si vivement l’attention de l’Europe, François-Joseph fît connaître par M. de Beust aux puissances, et particulièrement au gouvernement français, qu’une entente s’était établie entre les deux grands États allemands en vue du maintien de la paix en Europe, entente naturellement concertée contre la France, au cas où elle voudrait tenter de prendre sa revanche. Depuis cette époque, l’antagonisme permanent qui existe dans les États autrichiens entre les centralistes et les fédéralistes, la prétention de la Bohême à posséder comme la Hongrie un ministère autonome, le refus des Tchèques d’envoyer des députés à la diète centrale, ont amené de graves complications intérieures dans ce pays. À la suite de la dislocation du ministère Hohenwart et de la constitution d’un nouveau ministère, composé d’hommes d’État appartenant aux deux partis en lutte, M. de Beust prit la détermination de quitter le poste qu’il occupait depuis 1866 et donna, au mois de novembre 1871, sa démission de chancelier de l’empire. L’empereur François-Joseph, en se privant des services de cet éminent homme d’État, a tenu à déclarer hautement qu’il continuerait la politique libérale et conciliatrice inaugurée en Autriche par M. de Beust.

François-Joseph (ORDRE DE), ordre autrichien de chevalerie. Il a été fondé, le 2 décembre 1849, par l’empereur François-Joseph Ier, qui lui a donné son nom et l’a destiné à récompenser tous les genres de services. Il se compose de trois classes : les grands-croix, les commandeurs et les chevaliers. Le ruban est rouge foncé.