Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BAUDOUIN Ier, empereur de Constantinople

Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 387).

BAUDOUIN Ier, empereur de Constantinople, né à Valenciennes en 1171, mort vers 1206, était fils de Baudouin, comte de Hainaut, et de Marguerite, sœur de Philippe, comte de Flandre. Il épousa Marie de Champagne, nièce du roi de France. Par la mort de son père et par celle de son oncle, le jeune Baudouin réunit entre ses mains, en 1195, la souveraineté des deux comtés de Flandre et Hainaut. Réconcilié avec Philippe-Auguste, après une courte guerre, il convoqua, en 1200, une grande assemblée de ses vassaux, et promulgua un ensemble de lois qui, pendant plusieurs siècles, ont été la législation fondamentale des comtés. Cette année même, il prit la croix dans l’église Saint-Donatien de Bruges, avec sa femme, son neveu Thierry, son frère Henri, et partit pour Venise en 1202, après avoir laissé la régence de ses États à son frère Philippe, à son oncle Guillaume et au sage Bouchard d’Avesnes. S’étant embarqué avec Dandolo sur la flotte vénitienne, il se dirigea, sur les instances d’Alexis l’Ange, vers Constantinople, pour y renverser l’usurpateur Murzulphe. Baudouin s’empara de cette ville avec son armée de croisés (1204), mit en fuite Murzulphe, et comme le trône se trouvait vacant par la mort d’Alexis, les croisés élurent Baudouin empereur de Constantinople ; il fut couronné à Sainte-Sophie le 16 mai 1204. En même temps, les principaux chefs croisés procédaient au partage de ce qu’ils regardaient comme leur conquête. Le marquis de Montferrat eut le royaume de Thessalomque ; le comte de Blois, le duché de Bithynie ; le gentilhomme bourguignon la Roche, la seigneurie d’Athènes ; le Franc-Comtois Guillaume de Champlitte reçut le fief d’Achaïe, etc., enfin les Vénitiens se firent céder les îles de l’Archipel, ainsi que plusieurs faubourgs de Constantinople. Lorsque les Grecs virent ce partage s’effectuer, ils se jetèrent dans les bras des Bulgares, leurs anciens ennemis, et prirent parti pour Murzulphe. Celui-ci, poursuivi par le frère de Baudouin, se réfugia en Thrace ; mais il fut pris à Lagos et conduit au nouvel empereur, qui le fit précipiter du haut de la colonne de Théodose. Cependant, les Latins devenant de plus en plus insolents, traitaient en pays conquis leurs nouvelles possessions, et affichaient un souverain mépris pour les Grecs. Ces derniers finirent par se révolter, chassèrent le comte de Saint-Pol de la ville de Didymatique, les Vénitiens d’Andrinople, et appelèrent à leur secours Joannice, roi des Bulgares, qui s’empressa d’attaquer Baudouin, le vainquit et le fit prisonnier près d’Andrinople, le 14 avril 1205, après une sanglante mêlée, où tombèrent un grand nombre de chevaliers latins. Depuis lors, Baudouin ne reparut plus. Selon les uns, il mourut des suites de ses blessures ; selon d’autres, il fut enfermé par Joannice dans un cachot, où il périt au bout d’un an. S’il faut en croire Nicétas Chonites, Baudouin, qui était un des chevaliers les plus beaux et les plus accomplis de son temps, inspira à la reine des Bulgares une passion à laquelle il ne répondit que par le dédain. Celle-ci, pour se venger, le dénonça a Joannice comme ayant voulu la séduire. Joannice furieux fit couper à Baudouin les bras et les jambes ; et, ainsi mutilé, le malheureux empereur fut exposé au milieu d’un champ, où il fut dévoré par les oiseaux de proie. Enfin, d’après une autre version, il revint en Flandre ; mais sa fille Jeanne refusa de le reconnaître.