Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Édouard III, tragédie en cinq actes et en vers, de Gresset

Administration du grand dictionnaire universel (7, part. 1p. 202).

Édouard III, tragédie en cinq actes et en vers, de Gresset, représentée sur le théâtre de la Comédie-Française le 22 janvier 1740. « Cette tragédie obtint neuf représentations de suite dans sa nouveauté, dit le chevalier de Mouhy (Abrégé de l’histoire du Théâtre-Français). C’était le coup d’essai de l’auteur, essai dans lequel on découvrit de grandes beautés. C’est la première tragédie où il a été hasardé de faire tuer un des personnages en présence des spectateurs. » Ce qui était une innovation alors est tombé dans le domaine des habitudes banales ; mais on n’en doit pas moins savoir gré à Gresset d’avoir transporté sur la scène française cette hardiesse empruntée au théâtre de Shakspeare.

Si le style constituait seul le mérite d’une tragédie, celle-ci occuperait un rang distingué parmi les œuvres de second ordre. Mais le plan en est mal conçu, l’action languissante ; on y remarque aussi des invraisemblances, et le rôle principal, celui d’Édouard, manque de dignité.

Dans un petit opéra-comique intitulé la Barrière du Parnasse, représenté la même année, on critiqua assez finement cette tragédie. Édouard III vient se plaindre à la Muse chansonnière de l’injustice de la Critique, qui trouve dans son intrigue un double intérêt. « La Critique a tort, répond la Muse, et l’intérêt ne peut être double où l’on n’en trouve point du tout. »