Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Les cas/Paragraphe 129

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 385-393).
§ 129. Génitif et état construit.

a Si l’accusatif est le cas verbal (§ 125 a) et ad-verbial, le génitif est le cas ad-nominal. En effet, un nom attribut (§ 121 a N) d’un nom se met le plus souvent au génitif[1]. La relation génitivale[2] s’exprime par l’union phonétique étroite des deux noms, dont le premier est dit construit sur le second (§ 92 a). L’état construit est l’expression formelle du rapport génitival[3]. Les deux noms mis en relation génitivale forment un bloc compact, et en principe rien ne doit les séparer[4].

En conséquence, une idée complexe telle que les fils de David et les filles de David, qui dans nos langues s’exprime elliptiquement par les fils et les filles de David, ne peut s’exprimer par *בְּנֵי וּבְנוֹת דָּוִד ; en effet l’état construit בְּנֵי serait séparé de son point d’appui : il serait, pour ainsi dire, construit en porte à faux, il ne reposerait pas sur un point d’appui[5]. On dira donc בְּנֵי דָוִד וּבְנוֹתָיו les fils de David et ses filles. C’est la construction usuelle : Gn 41, 8 les magiciens de l’Égypte et ses sages ; Jug 8, 14 ; 1 R 8, 28 ; 2 R 2, 12. On peut dire aussi tout simplement בְּנֵי דָוִד וְהַבָּנוֹת, construction plus rare : Gn 40, 1 מַשְׁקֵה מֶ֫לֶךְ מִצְרַ֫יִם וְהָֽאֹפֶה l’échanson et le panetier du roi d’Égypte[6]. Enfin, dans certains cas (§ 130) on doit recourir à la circonlocution avec ל : הַבָּנִים וְהַבָּנוֹת (אֲשֶׁר) לְדָוִד les fils et les filles (qui sont) à David, p. ex. Gn 40, 5.

b Mais un nomen regens peut se rapporter à plusieurs génitifs coordonnés ; autrement dit, il n’est pas nécessaire de repéter le nomen regens devant chaque génitif. La répétition ou la non répétition dépend du sens, du style, et aussi de l’usage de chaque époque[7] : Gn 24, 3 בַּֽיהֹוָה אֱלֹהֵי הַשָּׁמַ֫יִם וֵֽאלֹהֵי הָאָ֫רֶץ (dans une adjuration solennelle), mais 14, 19 אֵל עֶלְיוֹן קֹנֵה שָׁמַ֫יִם וָאָ֫רֶץ ; 2 R 3, 13 לֵךְ אֶל־נְבִיאֵי אָבִ֫יךָ וְאֶל־נְבִיאֵי אִמֶּ֑ךָ (il s’agit des mêmes prophètes) ; 2 R 10, 13 ; 1 S 23, 7 עִיר דְּלָתַ֫יִם וּבְרִיחַ ville à portes et verrous. Avec יְמֵי : Is 1, 1 בִּימֵי עֻזִּיָּ֫הוּ יוֹתָם אָחָז יְחִזְקִיָּ֫הוּ ; dans Néhémie יְמֵי est répété quand il s’agit de temps différents et non répété dans le cas contraire (cf. Néh 12, 26, 47 ; 12, 22, 46).

c Un génitif peut régir un troisième nom et ainsi de suite : Gn 47, 9 יְמֵי שְׁנֵי חַיֵּי אֲבֹתַי les jours des années de la vie de mes pères ; 41, 10 (4 noms) ; Is 21, 17 (6 noms). Parfois on peut briser la chaîne des génitifs par un ל (§ 130 c).

d Espèces de génitifs. On exprime par la construction génitivale la plupart des relations qui peuvent exister entre deux noms. On remarquera en particulier les génitifs suivants :

A) Génitif subjectif : 1) génitif du sujet possédant une chose, une qualité etc. : הֵיכַל יְהֹוָה le temple de J. ; אִשְׁתּוֹ sa femme ; חָכְמַת שְׁלֹמֹה la sagesse de Salomon ; 1 R 10, 9 אַֽהֲבַת יְהֹוָה l’amour qu’a J. ; Lév 10, 3 קְרֹבַי ceux qui s’approchent de moi (= קְרֹבִים אֵלַי Éz 43, 19, ou ק׳ לִי 42, 13) ; Néh 5, 14 לֶ֫חֶם הַפֶּחָה la nourriture due au gouverneur ; 2 S 16, 8 רָֽעָתֶ֔ךָ le châtiment qui t’est dû ; Jug 11, 19 מְקוֹמִי le lieu où je dois aller.

2) génitif du sujet auteur de qc. : דְּבַר יְהֹוָה la parole de J. ; Gn 24, 33 דְּבָרַי les paroles que j’ai à dire (que je dois dire) ; 2 Ch 24, 6 מַשְׂאַת משֶׁה la taxe prescrite par Moïse.

e B) Génitif objectif : Pr 20, 2 אֵימַת מֶ֫לֶךְ la crainte (qu’on a) du roi ; Am 8, 10 אֵ֫בֶל יָחִיד deuil pour un fils unique ; Abd 10 חֲמַס אָחִ֫יךָ l’injustice contre ton frère ; Gn 24, 8 שְׁבוּעָתִי le serment fait en ma faveur ; Ps 56, 13 נְדָרֶ֫יךָ vœux envers toi ; Jér 50, 28 נִקְמַת הֵֽיכָלוֹ vengeance pour son temple (mais ibid. נִקְמַת יְהֹוָה génitif subjectif) ; Dt 4, 31 בְּרִית אֲבֹתֶ֫יךָ le pacte avec tes pères (pour אֵת ou עִם) ; Is 32, 2 סֵ֫תֶר זֶ֫רֶם abri contre la pluie (pour מִן).

f C) Les autres génitifs sont surtout :

  1. 1) le génitif de la qualité exprimée par un nom abstrait (lequel supplée souvent au manque d’adjectifs) : Ex 29, 29 בִּגְדֵי הַקֹּ֫דֶשׁ les vêtements de sainteté (= les v. saints) ; Lév 10, 17 מְקוֹם הַקֹּ֫דֶשׁ le lieu saint (= le sanctuaire)[8] ; Lév 19, 36 מֹֽאזְנֵי צֶ֫דֶק balance de justice (b. juste)[9] ; 1 R 20, 31 מַלְכֵי חֶ֫סֶד rois cléments ; Gn 17, 8 אֲחֻזַּת עוֹלָם possession à perpétuité ; Jug 11, 1 גִּבּוֹר חַ֫יִל guerrier vaillant.
  2. 2) génitif du tout : Gn 8, 9 כַּף־רַגְלָהּ la plante de son pied.
  3. 3) génitif du genre : Dt 23, 15 עֶרְוַת דָּבָר inconvenance de chose (= qc. d’inconvenant) ; 22, 14 עֲלִילֹת דְּבָרִים certaines actions coupables ; Gn 16, 12 פֶּ֫רֶא אָדָם un onagre d’homme ; Éz 36, 38 צֹאן אָדָם bétail humain.
  4. 4) génitif de l’espèce : Gn 23, 4 אֲחֻזַּת־קֶ֫בֶר propriété de tombeau.
  5. 5) génitif de matière[10] : Ex 20, 24 מִזְבַּח אֲדָמָה autel de terre ; Jos 7, 21 לְשׁוֹן זָהָב langue d’or.
  6. 6) génitif de la chose mesurée[11] : Lév 14, 12 לֹג הַשֶּׁ֫מֶן le log d’huile.
  7. 7) génitif du nom propre[12] : Gn 15, 18 נְהַר פְּרָת le fleuve d’Euphrate ; 13, 12 אֶ֫רֶץ כְּנַ֫עַן le pays de Canaan ; Jér 18, 13 בְּתוּלַת יִשְׂרָאֵל la vierge (d’)Israël ; Is 37, 22 בַּת יְרוּשָׁלַ֫יִם la fille (de) Jérusalem[13]. Comparer l’emploi du pronom indéfini פְּלֹנִי : 1 S 21, 3 (2 R 6, 8) מְקוֹם פְּלֹנִי אַלְמוֹנִי tel lieu (§ 147 f).
  8. 8) génitif partitif : 2 Ch 21, 17 קְטֹן בָּנָיו le plus jeune de ses fils (§ 141 e).

g On trouve encore le génitif pour exprimer diverses autres déterminations : Is 10, 6 עַם עֶבְרָתִי le peuple (objet) de ma colère ; Jér 7, 29 ; 1 R 20, 42 אִישׁ חֶרְמִי l’homme (objet) de mon anathème (= que j’ai voué à l’an.) ; Ps 107, 30 מְחוֹז חֶפְצָם le port (objet) de leur désir ; Pr 5, 19 אַיֶּ֫לֶת אֲהָבִים biche (objet) d’amour (= cerva carissima, Vulg.) ; — 1 S 20, 14 חֶ֫סֶד יְהֹוָה bonté inspirée par J. ou digne de J. ; Ps 51, 19 זִבְחֵי אֱלֹהִים sacrifices (agréables) à Dieu ; 29, 2 (96, 8 †) כְּבוֹד שְׁמוֹ gloire due à (ou digne de) son nom ; 1 R 2, 43 שְׁבֻעַת יְהֹוָה serment par J. ; — 2 S 5, 11 חָֽרָשֵׁי עֵץ ouvriers en bois ; 1 R 19, 6 עֻגַת רְצָפִים galette (cuite sur) pierres brûlantes ; Jos 5, 9 חֶרְפַּת מִצְרַ֫יִם opprobre (datant) de l’Égypte.

h Assez souvent l’idée du datif est exprimée par le génitif (la plupart des exemples sont avec le pronom possessif, lequel est censé au génitif § 94 a) : Ex 3, 21 וְנָֽתַתִּ֫י אֶת־חֵן הָעָם־הַזֶּה בְּעֵינֵי מִצְרַ֫יִם je donnerai à ce peuple (d’être un objet de) faveur aux yeux des Égyptiens[14] (avec pronom Gn 39, 21 חִנּוֹ) ; Ex 2, 9 אֶתֵּן אֶת־שְׂכָרֵךְ LXX : δώσω σοι τὸν μισθόν ; Jug 4, 9 לֹא תִֽהְיֶה תִּפְאַרְתְּךָ la gloire ne sera pas à toi ; Dt 28, 59 וְהִפְלָא אֶת־מַכֹּֽתְךָ il te fera de grandes plaies (il fera grandes tes plaies) ; Eccl 2, 4 הִגְדַּ֫לְתִּי מַֽעֲשָׂ֑י je me suis fait de grands ouvrages ; 1 R 14, 15 ils se firent des Ashéra ; Ps 20, 3 qu’il t’envoie du secours. Voir encore Lév 26, 4 ; Éz 27, 10 ; Job 5, 23 ; 18, 10.

i L’adjectif avec le génitif exprime surtout la limitation[15] : Gn 39, 6 יְפֵה תֹ֫אַר beau de forme ; 41, 4 הַפָּרוֹת רָעוֹת הַמַּרְאֶה les vaches mauvaises d’aspect (si רָעוֹת n’était pas construit, c’est lui et non מ׳ qui aurait l’article) ; Ex 34, 6 אֶ֫רֶךְ אַפַּ֫יִם lent de colère (μακρόθυμος, longanimis) = patient ; Ps 119, 1 תְמִימֵי דֶ֫רֶךְ droits de conduite ; Is 6, 5 טְמֵא־שְׂפָתַ֫יִם impur de lèvres (= aux lèvres impures).

Il exprime parfois la cause : Lév 22, 4 (Agg 2, 13) טְמֵא־נֶ֫פֶשׁ impur par (le fait d’)un cadavre ; Nb 19, 16 חֲלַל חֶ֫רֶב tué par le glaive (חָלָל, originairement percé, est devenu subst. : victime du glaive).

Pour le participe avec le génitif cf. § 121 m-p, p. ex. limitation § 121 o קְרוּעֵי בְגָדִים 2 S 13, 31 ; cause § 121 p.

j Locutions génitivales avec אִישׁ, בַּ֫עַל, בֶּן־. Ces noms, construits sur un autre nom (généralement concret), expriment le possesseur d’une qualité[16].

Avec אִישׁ (et semblablement מְתִי hommes de ; אֵ֫שֶׁת femme de) : 2 S 16, 7 אִישׁ דָּמִים homme de sang (répandu) = homme sanguinaire ; Ex 4, 10 אִישׁ דְּבָרִים homme de paroles = homme éloquent ; 1 R 2, 26 אִישׁ מָ֫וֶת homme passible de mort (2 S 19, 29) (comp. בֶּן־מָ֫וֶת avec le même sens) ; 1 S 25, 25 אִישׁ הַבְּלִיַּ֫עַל vaurien (aussi avec בֶּן) ; Gn 6, 4 אַנְשֵׁי הַשֵּׁם les hommes fameux.

Avec בַּ֫עַל possesseur de, maître, seigneur : Gn 37, 19 בַּ֫עַל הַֽחֲלֹמוֹת l’homme aux songes ; 14, 13 בַּֽעֲלֵי בְרִית alliés ; 1 S 28, 7 בַּֽעֲלַת־אוֹב (femme) qui a un esprit = nécromancienne.

Avec בֶּן־ : 1 S 20, 31 בֶּן־מָ֫וֶת qui mérite la mort (comp. אִישׁ מָ֫וֶת) ; 25, 17 בֶּן־בְּלִיַּ֫עַל vaurien (cp. אִישׁ הַבְּלִיַּ֫עַל) ; 1 R 1, 52 בֶן־חַ֫יִל vertueux ; pour indiquer l’âge : Gn 21, 5 בֶּן־מְאַת שָׁנָה âgé de 100 ans ; Ex 12, 5 בֶּן־שָׁנָה (agneau) d’un an, mais בֶּן־שְׁנָתוֹ Lév 12, 6 (agneau) de l’année[17].

On emploie aussi בֶּן־ pour désigner l’appartenance d’un individu à une classe d’êtres : Éz 2, 1 בֶּן־אָדָם un individu de l’espèce humaine, un humain, un homme (homo) en tant qu’appartenant à l’espèce ; Ps 29, 1 בְּנֵי אֵלִים individus faisant partie des אֵלִים êtres divins (cp. Gn 6, 2 בְּנֵי הָֽאֱלֹהִים et בְּנוֹת הָֽאָדָם). Mais les בְּנֵי הַנְּבִיאִים sont des disciples des prophètes, non des prophètes proprement dits.

k On trouve quelques locutions génitivales à sens superlatif avec un premier nom abstrait[18] : Gn 23, 6 מִבְחַר קְבָרֵ֫ינוּ le choix de nos tombeaux = le meilleur de nos t. ; Is 37, 24 קוֹמַת אֲרָזָיו l’élévation de ses cèdres = ses cèdres très élevés (= 2 R 19, 23).

l Extension de la construction génitivale et de l’état construit. L’état construit se trouve non seulement devant un nom (substantif ou adjectif), mais encore, parfois, devant un adverbe ou une préposition (qui peuvent être considérés comme d’anciens noms). On le trouve aussi devant une proposition (traitée comme un bloc nominal § p). Enfin l’état cst. se trouve quelquefois en dehors de la relation génitivale, comme forme légère de liaison (§ r).

Avec un adverbe (très rarement) : 1 R 2, 31 דְּמֵי חִנָּם sang (versé) sans raison (חִנָּם ancien subst. § 102 b N) ; Pr 26, 2 קִלְלַת חִנָּם malédiction gratuite ; Jér 31, 35 אוֹר יוֹמָם la lumière du jour (יוֹמָם § 102 b).

m Avec une préposition : on trouve construits sur une préposition suivie de son nom : 1) le participe (assez nombreux exemples, même en prose) ; 2) le substantif (assez peu d’exemples ; rarement en prose simple) ; 3) le nombre un dans le groupe אַחַד מִן (comp. la forme légère de אחד dans אַחַד עָשָׂר, § 100 b).

1) Participe : La fréquence du participe à l’état cst. devant préposition s’explique probablement par la fréquence du participe construit sur un nom[19] (§ 121 k sqq.). Exemples : Is 9, 1 b יֽשְׁבֵי בְּאֶ֫רֶץ צַלְמָ֫וֶת ceux qui habitent dans la terre de l’ombre de la mort (opp.a הַהֹֽלְכִים בַּח֫שֶׁךְ) ; Ps 2, 12 כָּל־חוֹסֵי בוֹ tous ceux qui ont confiance en lui. Encore avec בּ : Is 5, 11 ; Ps 84, 7. Avec ל : Is 30, 18 חוֹכֵי לוֹ ceux qui espèrent en lui ; 64, 3 ; 56, 10 אֹֽהֲבֵי לָנוּם aimant à dormir (avec un infinitif) ; Éz 38, 11 ; Job 24, 5. Avec אֶל־ : Is 14, 19 (cité § 121 n) ; Éz 21, 17. Avec עַל : Jug 5, 10. Avec מִן : Is 28, 9. Avec אֵת exposant de l’acc. : Jér 33, 22 מְשָֽׁרְתֵי אֹתִי qui me servent (cf. § 121 k N). — Voir aussi les exemples comme Jér 49, 16 (§ 93 n).

n 2) Substantif : Is 9, 2 שִׂמְחַת בַּקָּצִיר joie au temps de la moisson. Avec ל : Ps 58, 5 ; Lam 2, 18 ; 1 Ch 6, 55 ; 23, 28. Avec מִן : Jér 23, 23 ; Os 7, 5. Avec אֶת־ : Is 8, 6.

o 3) Avec אַחַד : Gn 3, 22 כְּאַחַד מִמֶּ֫נּוּ comme un de nous ; 1 S 9, 3 אַחַד מֵֽהַנְּעָרִים (p.-ê. à l’analogie de אַחַד הַנְּעָרִים) ; Jug 17, 11 etc.

Remarque. C’est p.-ê. à l’analogie de cet emploi qu’on a parfois אַחַד dans des cas où il ne peut pas être considéré comme nomen regens : 1) en liaison : Is 27, 12 לְאַחַ֥ד אֶחָד (accent conjonctif et répétition) ; 2) sans liaison : Gn 48, 22 שְׁכֶם אַחַ֖ד (accent disjonctif) ; 2 S 17, 22 ; Zach 11, 7.

p Nom construit sur une proposition. Une proposition, verbale ou nominale, forme un bloc qui peut, dans certains cas, être regardé comme un substantif (§ 157) ; elle pourra donc être considérée comme un génitif par rapport à un nom précédent, qui sera comme son nomen regens. En fait, on trouve comme nomen regens en cette fonction : 1) principalement des noms devenus prépositions ; 2) secondairement quelques noms employés d’une façon quasi prépositionnelle ; 3) enfin (assez rarement) de purs substantifs gardant leur pleine valeur nominale.

La proposition génitivale peut être A) une prop. ordinaire (non relative) ; B) une prop. relative.

A) Proposition ordinaire (non relative) :

  1. 1) Avec préposition, p. ex. טֶ֫רֶם, יַ֫עַן, בַּֽעֲבוּר, עֵ֫קֶב, אַֽהֲרֵי (voir le dictionnaire)[20] : p. ex. אַֽחֲרֵי נִמְכַּר Lév 25, 48 après qu’il s’est vendu (mais ordinairement אַֽחֲרֵי אֲשֶׁר § q).
  2. De même avec quelques particules employées autrement comme adverbes : מֵאָז depuis que (6 fois), p. ex. Jos 14, 10 מֵאָז דִּבֶּר depuis qu’il a parlé (opp. Ex 4, 10 avec inf.) ; 2 S 12, 22 בְּעוֹד ; Gn 43, 3 בִּלְתִּי.
  3. 2) Avec nom employé d’une façon quasi prépositionnelle. Surtout בְּיוֹם au jour que (où יוֹם a un sens affaibli) = lorsque : Ex 6, 28 בְּיוֹם דִּבֶּר au jour qu’il parla ; — כָּל־יְמֵי tous les jours que (affaibli au sens de tout le temps que, tant que) : 1 S 25, 15 כָּל־יְמֵי הִתְהַלַּ֫כְנוּ אִתָּם tout le temps que nous avons vécu avec eux ; Lév 14, 46 ; cf. Job 29, 2.
  4. 3) Avec de purs substantifs (rare) : Os 1, 2 תְּחִלַּת דִּבֶּר־יְהֹוָה בְּהוֹשֵׁעַ Principium loquendi Domino in Osee (Vulg.) ; littéralement commencement de (ceci que) J. parla… ; Is 29, 1 קִרְיַת חָנָה דָוִד cité où campa D. ; Jér 50, 46 מִקּוֹל נִתְפְּשָׂה בָבֶל à la nouvelle (de ceci) que B. est prise.

q B) Proposition relative :

a) Proposition relative asyndétique (rare ; cf. § 158 d) :

  1. 1) Avec préposition : Jér 2, 8 אַֽחֲרֵי לֹא־יוֹעִ֫לוּ הָלָ֑כוּ ils ont suivi (ceux qui) ne sont bons à rien.
  2. 2) Avec nom employé d’une façon quasi prépositionnelle : Ex 4, 13 בְּיַד תִּשְׁלַח par (qui) tu enverras.
  3. 3) Avec nom : Job 18, 21 זֶה מְקוֹם לֹא־יָדַע אֵל c’est le lieu de qui (ne) reconnaît pas Dieu ; 29, 16.

b) Proposition relative syndétique (avec אֲשֶׁר ; cf. § 158 e) :

  1. 1) Avec préposition (très fréquent), p. ex. אַֽחֲרֵי אֲשֶׁר (cf. § 104 b).
  2. 2) Avec nom employé d’une façon quasi prépositionnelle : Lév 13, 46 כָּל־יְמֵי אֲשֶׁר tant que (Nb 9, 18 ; rare) ; — 2 S 13, 22 etc. עַל־דְּבַר אֲשֶׁר (par la chose que) = parce que[21]. On a assez souvent מְקוֹם אֲשֶׁר lieu où (avec affaiblissement du sens en là où)[22] : Gn 39, 20 בֵּית הַסֹּ֫הַר מְקוֹם אֲשֶׁר אֲסִירֵי הַמֶּ֫לֶךְ אֲסוּרִים la prison, là où les prisonniers du roi étaient emprisonnés ; 40, 3 ; Éz 6, 13 ; Esth 4, 3 ; 8, 17 (opp. הַמָּקוֹם אשׁר Ex 3, 5 etc.). On a de même, avec la préposition בּ : בִּמְקוֹם אשׁר avec sens affaibli là où (partout où) 2 S 15, 21 ; Néh 4, 14 ; et même sans affaiblissement du sens : 1 R 21, 19 dans le (même) lieu où ; Lév 4, 24, 33 ; 6, 18 ; 7, 2 ; 14, 13 ; Nb 9, 17 ; Jér 22, 12 ; Éz 21, 35 ; (opp. p. ex. Gn 35, 13 בַּמָּ׳ אשׁר). — Avec זֶה comme relatif (§ 145 c) : Ps 104, 8 אֶל־מְקוֹם זֶה יָסַ֫דְתָּ לָהֶם.

r État construit comme pure forme de liaison. Dans quelques cas on a la forme de l’état construit, bien que le nom ne puisse pas être considéré comme nomen regens.

Le seul cas fréquent est celui-ci : un nom ayant en apposition un groupe génitival (et donc avec l’état cst.) se met lui-même à l’état cst. : Is 37, 22 בְּתוּלַת בַּת־צִיּוֹן la vierge fille de Sion (cf. § f) ; Jér 14, 17 בְּתוּלַת בַּת־עַמִּי la vierge fille de mon peuple ; 1 S 28, 7 אֵ֫שֶׁת בַּֽעֲלַת־אוֹב une femme qui a un esprit (nécromancienne) ; Dt 21, 11 אֵ֫שֶׁת יְפַת־תֹּ֫אַר une femme belle de forme (ici avec adjectif, § i) ; avec répétition du même mot : Gn 14, 10 בֶּֽאֱרֹת בֶּֽאֱרֹת חֵמָר puits, puits de bitume (§ 135 e ; abs. בְּאֵרֹת) ; Nb 3, 47. Voir aussi § 147 d N.

s Deux noms unis par le ו, formant un groupe compact, le premier a parfois la forme légère de l’état cst.[23] : Éz 26, 10 פָּרַ֨שׁ וְגַלְגַּ֜ל וָרֶ֫כֶב (1er accent conjonctif, 2d disj.) ; Is 33, 6 ; Zach 13, 1 (accent disj.).

Pour אַחַד cf. § o.

t Emploi stylistique du génitif. On remarquera l’emploi stylistique du génitif en proposition relative ; il est surtout fréquent avec le pronom possessif, lequel est censé au génitif (§ 94 a) : 1 R 12, 8 (13) עֲצַת הַזְּקֵנִים אֲשֶׁר יְעָצֻ֑הוּ les conseils que lui donnèrent les anciens ; 2 R 17, 22 חַטֹּאות יָֽרָבְעָם אֲשֶׁר עָשָׂה ; 17, 8, 19 ; 21, 16, 17 ; Ex 32, 32 סִפְרְךָ אֲשֶׁר כָּתַ֫בְתָּ le livre que tu as écrit ; Jug 11, 39 ; 1 R 3, 21 ; 2 R 13, 14 ; Éz 22, 4[24].

  1. Un substantif attribut peut être aussi à l’accusatif (assez rarement, § 127), en apposition (§ 131). Enfin une préposition avec son nom est parfois attribut (§ 132 a).
  2. En grammaire arabe la relation génitivale s’appelle annexion (ʾiḍāfat إِضَافَة) : le premier nom est dit annexé, le second est celui auquel il est fait annexion.
  3. Mais la vocalisation légère de l’état construit déborde le cas de la relation génitivale ; on la trouve parfois dans d’autres cas de liaison étroite (§ r-s). On peut se demander si l’on sentait la relation proprement génitivale dans le cas où le nom était construit sur autre chose qu’un nom, p. ex. sur une préposition.
  4. Bien entendu, l’article du second nom ne crée pas une séparation, ni le åh paragogique (§ 93 d), p. ex. בֵּ֫יתָה יוֹסֵף Gn 43, 17. Mais un suffixe possessif formerait une séparation. Cependant on trouve anormalement Lév 26, 42 אֶת־בְּרִיתִי יַֽעֲקוֹב mon pacte avec Jacob (deux autres ex. ibid. ; Jér 33, 20 אֶת־בְּרִיתִי הַיּוֹם mon pacte avec le jour †). Le second nom, p. ex. יַֽעֲקוֹב, est virtuellement au génitif : le sens est en effet בְּרִית יַֽעֲקוֹב אֲשֶׁר לִי (cf. Dt 4, 31). On ne voit guère pourquoi on n’a pas dit אֶת־בְּרִיתִי אֵת (ou עִם) יַֽעֲקוֹב.
  5. Il y a, probablement, quelques exceptions : Is 11, 2 ; Éz 31, 16 ; Pr 16, 11 ; Dn 1, 4. Dans tous ces exemples les deux noms construits, étant analogues, ont été pris per modum unius.
  6. De même on peut négliger le suffixe après un second verbe (§ 146 i).
  7. À l’époque postérieure on évite volontiers la répétition, p. ex. 1 Ch 18, 10 כְּלֵי זָהָב וָכֶ֫סֶף וּנְח֫שֶׁת (opp. le parall. 2 S 8, 10 כלי כסף וּכלי זהב וּכלי נחשׁת) ; 2 Ch 24, 14 (opp. 2 R 12, 14) ; cf. Kropat, Syntax der Chronik, p. 55.
  8. Mais toujours מָקוֹם קָדוֹשׁ un lieu saint, Ex 29, 31 etc. Autrement קָדוֹשׁ ne s’emploie pas avec un nom de chose.
  9. L’adjectif צַדִּיק ne se dit pas des choses.
  10. Le nom de matière peut être aussi à l’accusatif (§ 127 c : 1 Ch 28, 18) et en apposition (§ 131 d : Ex 39, 17).
  11. Le nom de la chose mesurée peut être aussi à l’accusatif et en apposition (§ 127 d).
  12. Le nom propre peut être aussi en apposition (§ 131 h).
  13. Comp. le type בְּתוּלַת בַּת־צִיּוֹן § 129 r, qui suppose בת à l’état construit.
  14. Cf. Biblica, 2 (1921), p. 228. — On remarquera que, dans ces phrases, l’hébreu conçoit le nom comme déterminé, tandis que pour nous il est logiquement indéterminé.
  15. Très rarement on a l’accusatif § 127 b (Job 15, 10).
  16. Ces locutions suppléent souvent au manque d’adjectifs (cf. § f). Pour le détail voir le dictionnaire.
  17. Proprt fils de l’année où il est, et donc âgé de moins d’un an (cf. Ehrlich, Randglossen, in h. l.).
  18. C’est donc comme l’inverse du cas du § f.
  19. Ainsi à l’analogie de יֽשְׁבֵי צִיּוֹן on a pu dire יֽשְׁבֵי בְצִיּוֹן.
  20. Cf. Brockelmann, 2, p. 549.
  21. Ce même mot דבר se trouve une fois construit sur une proposition relative introduite par le pronom מה indéterminé, en fonction de relatif : Nb 23, 3 דְבַר מַה־יַּרְאֵ֫נִי res quidquid ostendet mihi = la chose, quelle qu’elle soit, qu’il me montrera.
  22. Avec אֶל : Eccl 1, 7 אֶל־מְקוֹם שֶׁ. Mais Gn 19, 27 אל־המּ׳ א׳ ; et de même avec עַד Gn 13, 3 ; מִן 13, 14.
  23. D’après Brockelmann, 1, 108, le phénomène est dû à l’accent d’unité.
  24. Comp. Jean 17, 24 τὴν δόξαν τὴν ἐμήν, ἣν δέδωκάς μοι « la gloire que tu m’as donnée ».