Dans la rue (Bruant)/Géomay

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Aristide Bruant (Volume IIp. 31-35).


GÉOMAY


GÉOMAY

\relative c'' {
  \clef treble
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  \tempo \markup { \fontsize #-4 \smaller Moderato.}
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c c bes bes | a4\fermata \tuplet 3/2 { g8 g a } | bes bes c c | d4 d8 c
bes4 ( c d) g,8 c | bes4 ( a g) r
    \bar "|."
}

\addlyrics {
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ 
Comme il é -- tait fils de pu -- tain,
I’ sa -- vait pas beau -- coup d’la -- tin,
Ni d’aut’ "cho - se"
I’ sa -- vait juste as -- sez comp -- ter 
Pour sa -- voir c’que peut rap -- por -- ter 
La p’tit’ "Ro - se," La p’tit’ "Ro - se."
}

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Comme il était fils de putain,
I’ savait pas beaucoup d’latin,
            Ni d’aut’ chose ;
I’ savait juste assez compter
Pour savoir c’que peut rapporter
            La p’tit’ Rose.



C’était un môme assez costeau
Mais il ’tait avec eun’ cathau
            Qu’était blèche ;
I’la r’levait à la mi’ d’pain,
Il était, au lieu d’êt’ rupin,
            Dans la dèche.


En r’filant la comète, eun’ nuit,
Dans l’ombre il aperçut d’vant lui
            Eun’ guérite :
Tant pis, qu’i’ s’dit, j’vas m’engager :
J’pourrai dormir, boire et manger
            Sans marmite.


Malgré qu’il avait pas d’état,
Ça fit tout d’suite un bon soldat,
            Et pis mince
Qu’i’ mangeait à gueul’ que veux-tu :
Il ’tait nourri, logé, vêtu
            Comme un prince.

Ça f’sait son blot, malheureus’ment,
On la r’lèv’ pas au régiment :
            Nib de braise !
Mais, à Paris, i’ fréquentait
Eun’ vieill’ marchand’ de vins qu’était
            À son aise.

Eun’ nuit qu’il ’tait en permission,
V’là qu’i’ tu’ la vieill’ d’un coup d’scion…
            C’est-i’ bête !
L’aut’ matin Deibler, d’un seul coup,
Place d’la Roquette y a cou-
            -pé la tête.

S’i’ s’rait parti pour el’ Tonkin.
I’ s’s’rait fait crever l’casaquin
            Comm’ Rivière…
Un jour on aurait p’t’êt’ gravé,
Sur un marbre ou sur un pavé,
            L’nom d’sa mère.