Géographie du département de la Savoie/4

IV. — Climat.

Par sa situation sur le 45e degré de latitude, à égale distance du Pôle et de l’Équateur, le département de la Savoie fait essentiellement partie de la zone tempérée ; mais le climat d’un territoire ne dépend pas seulement de la latitude, il varie considérablement selon la nature du sol, la direction des vents, la nature et l’étendue des nappes d’eau, la présence ou l’absence de forêts, et d’autres circonstances physiques, parmi lesquelles l’altitude est la plus importante.

Or, le département de la Savoie est un des départements de la France, un des pays de l’Europe où les altitudes sont le plus diverses : si l’Aiguille de la Vanoise atteint 3,861 mètres, le confluent du Rhône et du Guiers, point le plus bas du territoire, dépasse à peine 200 mètres ; si le hameau de l’Avérole est à 2,035 mètres, le village de Val-de-Tignes à 1,849 et Bonneval à 1,835, on trouve successivement, en descendant l’échelle des hauteurs au-dessus du niveau de la mer, Bessans à 1,742 mètres, Tignes à 1,659, Lans-le-Villard à 1,500, Pralognan à 1,424, Lanslebourg à 1,398, Termignon à 1,280, Villarodin à 1,100, Modane à l,078, Séez à 904, Bourg-Saint-Maurice à 815, Beaufort à 758, Aime à 690, Saint-Jean-de-Maurienne à 566, Moûtiers à 480, Albertville à 350, Chambéry à 269, Saint-Genix à 255. Entre 200 et 2,000 mètres. les hameaux, les villages, les bourgs s’étagent à toutes les altitudes, et jouissent ou souffrent par conséquent de climats très-divers.

L’est, le sud-est, le sud du département, étant les régions les plus élevées, en sont, par conséquent, les parties les plus froides, aussi des neiges et des glaces perpétuelles y couvrent les montagnes. Le nord-ouest du département, moins élevé, et, en outre, calcaire, c’est-à -dire formé par des roches moins froides que le gneiss, est beaucoup plus tempéré ; les environs de Chambéry, ou les bords du lac du Bourget, la vallée de l’Isère en aval de Saint-Pierre-d’Albigny, ont un climat des plus agréables et des plus doux. A Aix-les-Bains, le figuier et le grenadier prospèrent en pleine terre ; la température moyenne y est de 10 degrés, soit inférieure à celle de Paris de 6 dixièmes de degré.

Si toute la pluie tombée du ciel pendant une année restait sur le sol sans être évaporée par le soleil ou absorbée par la terre, Chambéry aurait, au bout des douze mois, une nappe d’eau de 168 centimètres de profondeur ; dans la haute montagne, cette profondeur dépasserait 2 mètres : il pleut donc beaucoup plus en Savoie que dans l’ensemble de la France, où la moyenne annuelle des pluies n’est que de 77 centimètres.