)
Boehme et Anderer (p. 42-43).



UN MATIN



Oh, que le ciel est doux dans son azur qui brille !
Au loin le minaret dresse son bout pointu ;
Le soleil vivifiant sur nos têtes scintille,
Et toi, mon pauvre cœur, pourquoi soupires-tu ?

Que ne t’épanches-tu plein d’amour et de vie…
Déjà ton front est lourd, ta lyre sans accents ;
Sont-ce là les transports de l’âge qu’on envie,
Sont-ce là les attraits, l’ivresse de tes chants… ?


Ainsi qu’un chaud soleil chasse un impur nuage
Au bord de l’horizon, débarrassant l’azur,
Écarte loin de toi, loin de ton si bel âge
Le doute, le chagrin, le désespoir obscur.

Jouis de ton printemps, mon cœur, cueille ses roses,
Bois à flots son azur, respire sa fraîcheur,
Laisse s’ouvrir en toi les fleurs encore closes,
Ah, sois de ton âge et chante, ô mon jeune cœur !