Fleurs de rêve/Au lecteur

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Boehme et Anderer (p. 5-6).



AU LECTEUR


Ce volume est bien petit, sa valeur est encore moindre. Mais tout être ici-bas a ses palpitations, toute âme a ses élans et chacun de nous s’exprime comme il peut.

Les fleurettes sauvages croissent à l’ombre des grands chênes séculaires ; le rossignol égrène, dans l’air calme du matin, l’harmonieux crescendo de son joyeux soprano, et le moineau vulgaire chante lui aussi, à sa manière ; et, pendant que le fleuve enfle la plaintive voix de ses grandes eaux mélancoliques, les naïves petites sources murmurent, avec une simplicité charmante, leur touchante romance monotone…

Qu’importe leur peu de valeur si nos écrits sont sincères ? Nous souffrons et jouissons tour à tour, mais nous soupirons toujours, et les soupirs qui soulèvent le sein de l’humanité se ressemblent souvent, seule la manière de les rythmer diffère…

Vous qui me lisez, n’essayez pas d’analyser ou de critiquer. Souriez plutôt. Le sourire indulgent est une des plus belles fleurs de l’âme, et ce sourire que j’implore, donnez-le moi !


Isis Copia.


Caire, 1er Mars 1911.