Faits curieux de l’histoire de Montréal/19

LA COMPLAINTE DES 40 NOYÉS


La tragédie du 14 mai 1819


Avant la construction du pont Victoria, sur le Saint-Laurent (1854-1859), on ne communiquait d’une rive à l’autre qu’au moyen d’embarcations diverses.

Ainsi, il y a cent ans, les cultivateurs de la rive sud venaient au marché de Montréal dans une grosse barque qui faisait un service régulier entre Laprairie et Montréal.

L’atterrage, en ce dernier lieu, se trouvait au haut de l’île Saint-Paul, ou île des Sœurs, à un endroit compris aujourd’hui dans la municipalité de Verdun.

En temps ordinaire cette traversée n’offrait aucun danger, mais il faut toujours se méfier des éléments, comme le démontre la catastrophe qui se produisit le 14 mai 1819.

À cette époque, Montréal ne comptait que quelques journaux périodiques entre autres : la Gazette et le Canadian Courant et comme ces feuilles minuscules avaient la prétention de renseigner leurs lecteurs sur les faits divers du monde entier, c’est vous dire que l’espace consacré aux nouvelles locales était fort restreint. Aussi ne leur en coûta-t-il que quelques lignes pour faire le récit d’un sinistre dont les détails auraient rempli des colonnes dans les quotidiens d’aujourd’hui.

Faute de mieux, cependant, il faut bien citer les rapports parus dans la presse montréalaise du temps ; je les complète avec des renseignements que j’ai recueillis depuis quelques années.

Voici le récit paru dans la Gazette du 19 mai 1819 :


Accident déplorable


« Vendredi après-midi (14 mai) assez tard, un bateau qui était venu de Laprairie le matin avec une soixantaine de personnes, repartit de la Pointe Saint-Charles avec entre 40 et 50 tant hommes que femmes presque tous cultivateurs de la Tortue, paroisse de Laprairie. Lorsque le bateau fut arrivé vis-à-vis de l’île Saint-Paul le vent qui était extrêmement fort fit tourner le bateau et tous les individus qui étaient dedans tombèrent à l’eau. Loin de tout secours, tous se noyèrent à l’exception de trois, deux hommes et une femme qui réussirent à monter sur le pont du bateau et qui furent trouvés dessus vers 9 heures (du soir), vis-à-vis de la ville où le bateau avait dérivé. »


Un autre récit.


Vers la même date, le Canadian Courant publia un autre récit du naufrage dont le Bulletin des Recherches historiques, vol. xi, p. 345 donne la traduction suivante :

« Le 14 mai 1819, le bateau de Joseph Brosseau chargé de grains de semence et d’une quarantaine de passagers, partait de Montréal pour Laprairie. Dix des passagers furent débarqués vis-à-vis l’île Saint-Paul. À cinq heures du soir, arrivé dans le plus fort du courant, au milieu de la traverse, le vent du sud, soufflant alors avec impétuosité, le bateau fut submergé par les roulis, et tous les efforts faits pour jeter à l’eau le grain, dans le dessein de l’alléger, furent inutiles et ne purent l’empêcher de chavirer. Trente-six personnes furent englouties par les flots. Trois seulement eurent le bonheur d’échapper au péril : la femme de Paul Lanctôt, dont le mari se noya, Pierre Lemieux et François Faille. Ils furent trouvés à huit heures du soir cramponnés avec l’énergie du désespoir au bateau chaviré. »

Erreur quant au nombre.


Les journaux de l’époque, et cela s’explique facilement, ont fait erreur en fixant le nombre des victimes à trente-cinq et en disant que la plupart d’entre eux étaient de la paroisse de Laprairie. De cette localité, il n’y avait que le maître de la barque, Joseph Brosseau.

On raconte que ce dernier refusa d’abord de partir, parce qu’il prévoyait le danger auquel on s’exposerait, mais les cultivateurs avaient hâte de rentrer dans leurs foyers, ils traitèrent le vieux navigateur de peureux et l’importunèrent tellement qu’enfin Brosseau se décida de tenter l’aventure avec le résultat que l’on sait.

Deux listes de noyés ont été publiées : l’une par le Canadian Courant, le 22 mai et l’autre par la Gazette, le 26 mai 1819. Toutes deux contiennent 35 noms, mais ils ne sont pas exactement les mêmes.

Il y eut donc plus de 35 noyés. Cela paraît évident aussi par les actes des sépultures que j’ai pu recueillir dans les registres des paroisses sises le long du fleuve entre le Sault Saint-Louis et Contrecœur. Dans ces actes je rencontre des noms qui ne figurent dans aucune des listes imprimées ; enfin, dans les versions de la complainte que j’ai recueillies et dont je parle ci-après, il est question de 41 et même de 42 noyés.

En autant que je puis m’en assurer, le nombre des victimes n’est pas inférieur à 39 et il me manque les actes de sépulture qui ont pu se faire, hors du district de Montréal. De plus, il est probable que deux ou trois noyés n’ont jamais été retrouvés.

Quoi qu’il en soit, dans la liste que j’ai établie et qui est formée des noms inscrits dans les journaux, dans les actes de sépulture et sur une feuille ajoutée au registre de Saint-Constant le 14 juin 1819 par l’abbé J.-O. Chèvrefils, j’indique si le nom est mentionné dans un des journaux ou dans les deux ou s’il ne l’est pas du tout. Les détails quant aux âges et aux lieux d’inhumation proviennent uniquement des actes de sépulture, car les journaux n’en parlent pas.

La liste des victimes.


1. — Barbeau, Marie, 28 ans, épouse d’Augustin Bruneau, de Saint-Constant, Sépulture le 5 juin 1819, à Saint-Constant. Mention dans le Canadian Courant et dans la Gazette.

2. — Barbeau, Suzanne, 34 ans, fille de René Barbeau, de Saint-Constant. Sépulture le 1er juin, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

3. — Bourdeau, Catherine, 76 ans, épouse de François Viau dit Lespérance, de Saint-Constant. Elle est inhumée le 16 juin à Verchères sous le nom de Catherine Dupuis. Mention dans les deux journaux.

4. — Brosseau, Joseph, 51 ans, de Laprairie. Maître de la barque. Ancien lieutenant de milice. Sépulture le 30 mai, à Laprairie. Mention dans la Gazette. Le Canadian Courant le prénomme erronément Louis.

5. — Bruneau, Théotiste, épouse de Joseph Pominville, de Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

6. — Chatigny, Geneviève, 76 ans. Veuve Garnot dit Brindamour, de Saint-Constant. Sépulture le 10 juin, à Verchères. Mention dans les deux journaux.

7 — Decoste, J.-B., 36 ans, époux de Louise Bisson, de Saint-Constant. Sépulture le 5 juin, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

8. — Dupuis, Augustin, 19 ans, fils de Joseph Dupuis et d’Isabelle Vautour, de Saint-Constant. Sépulture le 2 juin, à Saint-Constant. Mention dans le Canadian Courant

9. — Dupuis, Ignace, de Saint-Philippe. Mention dans les deux journaux.

10. — Dupuis, Marie-Anne, 30 ans, épouse de Louis Hémard (ou Aymard), de Saint-Constant. Sépulture le 30 mai, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

11. — Dupuis, Marie-Florine, 17 ans, fille d’Ignace Dupuis (voir ci-dessus), de Saint-Philippe. Sépulture le 10 juin, à Verchères. Mention dans les deux journaux.

12. — Dupuis, Richard, de Saint-Constant. Mention dans la Gazette seulement. Il est très probable que c’est Augustin Dupuis qui est désigné ainsi.

13. — Faille, Louis, 43 ans, époux de Josephte Giroux, de Saint-Constant. Sépulture le 1er juin, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

14 — Fauber, Josephte 40 ans, épouse d’Antoine Longtin. Sépulture le 1er juin, à Saint-Constant. Non mentionnée dans les journaux.

15. — Gamelin, Antoine, 53 ans, époux de Madeleine Foucrault, de Saint-Constant. Sépulture le 8 juin, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

16. — Garnot dit Brindamour, J.-B., fils de Geneviève Chatigny, veuve Garnot (voir ci-dessus). Mention dans les deux journaux.

17. — Gervais, Louis, 21 ans, fils de Louis Gervais, de Saint-Constant. Sépulture le 4 juin, à Boucherville. Mention dans les deux journaux.

18. — Girouard, Basile, de Saint-Philippe. Mention dans la Gazette seulement.

19. — Grégoire, Nicolas, de Châteauguay. Mention dans les deux journaux.

20. — Jouassin, Marie, épouse de J.-B. Provost, de Saint-Constant. Sépulture le 5 juin, à Longueuil. Mention dans les deux journaux.

21. — Lamoureux, Joseph, 27 ans, époux de Marie-Anne Tremblé, de Saint-Philippe. Sépulture le 7 juin, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

22. — Lamoureux, Joseph, de Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

23. — Lanctôt, Paul. 34 ans, époux d’Agnès Lefebvre, de Saint-Constant. Sépulture le 4 juin, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

Sa femme qui était du voyage réussit à se sauver.

24. — Lasselin dit Bellefleur, Romain, Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

25. — Lemieux, M…, épouse de J.-B. Tougas, de Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

26. — Lemieux, Angélique, épouse de Louis Brosseau, de Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

27. — Longtin, Antoine, de Saint-Constant. Mention dans le Canadian Courant seulement. Ce journal a dû faire erreur. C’est la femme d’Antoine Longtin, Josephte Fauber, qui périt et l’on a confondu l’un avec l’autre.

28. — Mangault dit Clermont, Marie, 51 ans, veuve de Jos. Lessaline, de Saint-Constant. Sépulture le 1er juin, à Laprairie. Mention dans les deux journaux.

29. — Mangault dit Clermont, Marie-Rose, 36 ans, épouse de François Parent, de Saint-Constant. Sépulture le 4 juin, à Laprairie. Mention dans les deux journaux.

30. — Papineau, François, 29 ans, époux de Louise Hébert, de Châteauguay. Sépulture le 3 juin, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

31. — Payan dit Saint-Onge, Ignace, de Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

32. — Perrotte, Marie-Louise, 44 ans, épouse de François Longtin, de Saint-Philippe. Sépulture le 2 juin, à Saint-Philippe. Mention dans les deux journaux.

33. — Pinsonnault, Paul, de Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

34. — Plantier dit Lagrenade, J.-B., de Saint-Philippe. Mention dans la Gazette. Le Canadian Courant le nomme J.-B. Plaque.

35. — Provost, Julie, 18 ans, fille de J.-B. Provost et de Marie Jouassin (voir ce dernier nom ci-dessus). Sépulture le 5 juin, à Longueuil. Non mentionnée dans les journaux.

37. — Quertier, François, 28 ans, maître d’école, époux de Marguerite Bertrand, de Saint-Constant. Sépulture le 1er juin, à Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

38. — Surprenant, Michel, de Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

39. — Tourangeau, Antoine, de Saint-Constant. Mention dans les deux journaux.

Sur ces 39 personnes, 30 étaient de Saint-Constant, 6 de Saint-Philippe, 2 de Châteauguay et 1 de Laprairie.

Ceux qui échappèrent au naufrage se nommaient, comme on l’a dit plus haut : Agnès Lefebvre, épouse de Paul Lanctôt qui se noya, Pierre Lemieux et François Faille.


La coutume du temps.


Un si grand malheur ne pouvait manquer de faire le sujet d’une complainte, car, autrefois, il était de mode de conserver par des chants, le souvenir des événements tragiques, mais ce n’est qu’après de longues recherches que le hasard m’a fait trouver la Complainte des 40 noyés ou Complainte des naufragés de Laprairie.

Durant trois ou quatre ans, j’ai interrogé ou fait interroger, dans le comté de Laprairie, une dizaine de vieillards qui avaient chanté ou entendu chanter ce morceau dans leur jeunesse. Trois ont pu m’en donner un couplet, toujours le même, ce sont : Madame Éliza Cardinal, épouse de Siméon Létourneau, âgée de 70 ans ; Mme Marie Lemieux-Picaron, épouse de Ludger Berthiaume, âgée de 77 ans et Mme Lefebvre, âgée de 83 ans. Une autre, Mme Hermine Audet, veuve Larichelière, née à Laprairie en 1844 et aveugle depuis 1911, m’en a fourni quatre couplets. Mais la palme appartient à M. François-Xavier Senécal, âgé de 70 ans, né à Laprairie et qui demeure maintenant à Pont-Viau, île Jésus. Ce septuagénaire a retenu dix-neuf couplets de la fameuse complainte ! Il les a appris de son grand-père, François Senécal, de Laprairie, vers 1858.

Enfin, M. Joseph-Albert Richard, mécanicien de Montréal, aussi âgé de 70 ans, et né à Sainte-Martine, comté de Châteauguay, m’a fourni un apport intéressant. Son père, Louis Richard, né à Cap-Saint-Ignace en 1807, demeurait à Saint-Hyacinthe, lorsque la catastrophe se produisit en 1819 et c’est là qu’il entendit la complainte que son fils a recueillie. M. J.-A. Richard n’a pas pu se rappeler autant de couplets que M. Senécal, mais sa version en contient quatre qu’aucun autre chanteur n’avait retenus.

Dans la version qui suit les couplets 1 à 10, 12 et 14 à 21 sont de M. Senécal, ceux qui portent les numéros : 11, 13, 14 et 22, sont de M. Richard.


1

Écoutez, Chrétiens,
La triste complainte.
Que tous cœurs humains
Soient saisis de crainte.
Car c’est un arrêt porté,
Que par la Divinité !

2

Par un vendredi,
Selon qu’on raisonne,
Il s’est englouti
Quarant’-deux personnes
Dans le fleuve Saint-Laurent
Qui sera leur monument.

3

Près de l’île au Héron,
Place remarquable,
Pour ceux qui voiront
Ce lieu déplorable,

C’est un sujet d’oraison
Pour ceux qui y passeront[1].

4

Par un très grand vent
Au pied de ces chutes
Le sort inconstant
Et les eaux disputent,
Renversent ainsi le bateau
Livrent tout ce monde à l’eau.

5

Ce pauvre Brosseau
Tout rempli d’hardiesse
A bravé les eaux
Avec grand(e) détresse,
A péri, dans un moment,
Quarante et un de ses gens.[2]

6

Trois se sont sauvés,
Deux homm(es), une femme,
Qu’ont été trouvés
Près de rendre l’âme
Sur la sole du bateau
Au gré des vents et des flots.[3]


7

Ces pauvres patients,
Quoique avec douleur,
Sur cet instrument
Ont dérivé six heures,
Entre la mort et la vie
Qui les menacent de péril.

8

Mais par un effet
De la Providence,
Des hommes bien faits
Leur donn(ent) assistance,
À terre les ont rendus
Quoiqu’ils se croyaient perdu.

9

Retournons vers ceux
Qui sont les victimes
De ce gouffre affreux
Quoique légitime !  !
Ceux-là font verser des pleurs
En racontant leurs malheurs.

10

J’entends ces enfants
Dont les pèr(es) et mères
Sont dans le courant
De cette rivière,
Pouss(ent) des cris et des sanglots
Réfléchissant sur leurs maux.


11

L’époux s’écriait :
Ô ! ma chère épouse,
Quel malheur affreux
Nous y sommes tous !  !
C’est aujourd’hui notre fin
L’orphelin est sans soutien.

12

Pendant quelques jours
Au bord du rivage,
Les larm(es) coul(ent) toujours.
Dues à ce naufrage.
La nuit, avec sa frayeur,
Ne peut arrêter les pleurs.

13

Varenne(s) et Verchères
Ont eu la douleur
De voir sur leurs grèves,
Même à Contrecœur,
Plusieurs de ces pauvres corps,
Depuis longtemps étaient morts.

14

Je n’oublierai pas
Aussi Boucherville,
Ainsi que Longueuil
Près de notre ville.
Que Dieu bénisse, à jamais,
Ces paroisses pour leurs bienfaits


15

Cet événement
Est digne de larmes
Pour tous les parents
De ces pauvres âmes
Et pour ceux qui chanteront
Ces vers en réflexion !

16

Cessons de pleurer.
Offrons nos prières.
D’un cœur disposé
Vers le Dieu de gloire ;
Qu’il abrège les tourments
Que souffrent ces pénitents.

17

Ce grand accident
Doit être un exemple.
Il doit en tout temps
Finir la carrière
De ceux qui vont sur les eaux !
Où plusieurs font leurs tombeaux !

18

Chrétiens, qui voyez
Ce tableau de peines :
Les pauvres noyés
Que les eaux entraînent,
Ils demandent les secours
De vos prièr(es) en ce jour.


19

Mettez-vous, un peu.
Amis, à leur place !
Nous apprendrons d’eux
À garder la grâce
Afin d’être toujours prêt :
Si Dieu prononce l’arrêt.

20

Qui que nous soyons,
Sur terre ou sur l’onde,
Sans cesse prions,
Pour un si grand monde,
Qui voyage sur ces eaux
Où plusieurs font leurs tombeaux.

21

Vous, chers voyageurs,
Que la destinée
(Expose aux malheurs),
Quantité d’années,
Gardez donc, absolument,
L’usage des Sacrements.

22

Qu’en a composé
La triste complainte,
C’est François Dupont
Et Louis Lafontaine
Pour se souvenir longtemps
De ce terrible accident !

De qui sont ces couplets ? De François Dupont et de Louis Lafontaine ? J’en doute.

Depuis trente ans que je m’occupe de folklore, j’ai souvent constaté que des chanteurs de régions différentes s’attribuaient la paternité d’un même morceau parce qu’ils y avaient introduit quelques mots ou quelques traits locaux. Cela flattait leur vanité. La déclaration finale peut donc être reçue avec suspicion.

D’autant plus que si on examine les vers de près on aperçoit à certains indices qu’ils ont dû être composés par un lettré, dont le texte original a été déformé en passant de bouche en bouche, ce qui arrive toujours.

Alors, suivant l’opinion de l’historien de Laprairie, le docteur T. Brisson, avec qui j’en ai causé, la première version de cette pièce a pu avoir pour auteur l’abbé Boucher-Belleville qui fut curé de Laprairie entre 1792 et 1839, car cet ecclésiastique avait la plume facile et il a signé plusieurs cantiques en vogue au commencement du siècle dernier.

Par ailleurs, M. J.-A. Richard m’a confié une assertion qui mérite d’être considérée. Son père prétendait que la complainte était l’œuvre des sieurs Dupont et Lafontaine, mais que leur texte avait été révisé par un curé de Laprairie !



  1. Variante fournie par Madame Larichelière, née Hermine Audet :

    Près de l’île au Héron
    Place redoutable
    Ceux qui y passeront
    Souvenir remarquable,
    Là un navire a chaviré,
    Presque tous se sont noyés.

  2. Quarante et un, plus Brosseau, font quarante-deux, comme il est dit au deuxième couplet.
  3. Tous les vieillards que j’ai interrogés et qui ont conservé quelques bribes de la complainte se rappellent ce couplet !