Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Lièvre et le Renard (bilingue)

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Lièvre et le Renard.

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LE LIÈVRE ET LE RENARD

Le lièvre dit au renard : « Fais-tu réellement beaucoup de profits, et peux-tu dire pourquoi on t’appelle le « profiteur[1] ? » — Si tu en doutes, répondit le renard, viens chez moi, je t’offre à dîner, » Le lièvre le suivit. Or à l’intérieur le renard n’avait rien à dîner que le lièvre. Le lièvre lui dit : « J’apprends pour mon malheur, mais enfin j’apprends d’où te vient ton nom : ce n’est pas de tes gains, mais de tes ruses. »

Il arrive souvent de grands malheurs aux curieux qui s’abandonnent à leur maladroite indiscrétion.

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Λαγωὸς καὶ ἀλώπηξ.

Ὁ λαγωὸς τῇ ἀλώπεκι· « Ὄντως πολλὰ κερδαίνεις ἢ ἔχεις ὅτι ὄνομά σοι κερδώ ἐστιν; » Ἡ δὲ ἀλώπηξ· « Εἰ ἀπιστεῖς, ἔφη, δεῦρο· ἐγὼ ἑστιῶ σε. » Ὁ δὲ ἠκολούθει καὶ ἦν ἔνδον οὐδὲν ἢ ὁ λαγωὸς δεῖπνος τῇ ἀλώπεκι. Ὁ δὲ λαγωὸς ἔφη· « Σὺν κακῷ μέν, ἀλλ᾿ ἔμαθόν σου τὸ ὄνομα πόθεν ἐστί, οὐκ ἀπὸ τοῦ κερδαίνειν, ἀλλ᾿ ἀπὸ τοῦ δολοῦν. »

Ὅτι τοῖς περιέργοις πολλάκις μέγιστον κακὸν συνέβη κακῶς τῇ περιεργείᾳ χρωμένοις.



  1. La fable repose sur le double sens de κερδώ : profiteur et rusé.