Imprimerie de John Lovell (p. 31).

XIV.

LE FANFARON MIS À SA PLACE.


Un certain fanfaron, après un long voyage,
Tout aussi sot qu’avant, revint dans son pays,
C’était un vrai plaisir d’écouter son langage.
Il avait gagné cent paris.

Un cerf, pour ce coureur, n’était qu’une tortue :
À Rhode, un certain jour, il avait fait un saut
De quatre à cinq cents pieds de haut.
— « Si tu veux, beau sauteur, que ta fable soit crue,
« Lui dit un vieillard en riant,
« Il faut le prouver à l’instant.
« Tiens… monte sur ce toit et saute dans la rue.
« Nous te croirons alors plus léger qu’un oiseau.
« Eh bien ! pourquoi rester planté comme un poteau ?… »
Voilà mon fanfaron au pied de la muraille,
Il ne sait que répondre, il a l’air hébété,…
Chacun alors de rire ; on le siffle, on le raille,
Même par les enfants il est moqué, hué.

Souvent, que trop souvent, nous voyons dans le monde
Des personnages sots faire les fanfarons,
Ils ont tout vu, tout fait, tant ici qu’à la ronde ;
Ce sont des imposteurs, des faquins, des poltrons…
Je les hais pour ma part et que Dieu les confonde !…