Mercure de France (p. 165).

XCII

Chercher la petite bête.


On pourrait croire qu’il s’agit d’un tableau célèbre de Murillo. Mais avec le Bourgeois, il ne peut jamais être question d’une œuvre d’art, à moins qu’on ne veuille parler d’un pont métallique, d’un tunnel ou de toute autre hideuse besogne du même genre que les bourgeois suréminents, c’est-à-dire les Ingénieurs des ponts et chaussées, ne se gênent pas le moins du monde pour nommer des travaux d’art.

Il s’agit de toute autre chose. La petite bête est une métaphore, une pauvre diablesse de métaphore bourgeoise comme il y en a encore dans la marine marchande, chez les grands facteurs des halles ou chez nos derniers commis-voyageurs. Le négociant qui cherche une erreur de comptes au préjudice d’un de ses clients est un homme qui cherche la petite bête, un homme perdu. C’est comme s’il chassait le tigre avec la table de multiplication et un parapluie.